Il faut le dire
et le redire : la réforme de l’audiovisuel public, dont les députés
doivent débattre à partir d’aujourd’hui, représente un péril démocratique de
tout premier ordre. Mené tambour battant par Rachida Dati, qui en fait une affaire personnelle, ce projet vise à
empiler France Télévisions, Radio France et l’Institut national de
l’audiovisuel dans une même holding – France Médias –, dirigée par un seul et
unique président.
Tout cela est
évidemment enrubanné d’une ribambelle d’éléments de langage. Mais, sous couvert
de « rationalisation » et de « pilotage
stratégique », c’est bien la tentation d’une reprise en main politique
du service public de l’information qui plane au-dessus de ce texte, portant un
coup sévère à la diversité des contenus et à l’indépendance des rédactions.
La logique défendue
par la ministre de la Culture est très claire. Au financement issu du budget de
l’État (et non plus de la redevance) s’ajoutent la nomination des deux
principaux directeurs (holding et information) par le pouvoir en place – via
l’Arcom – et une fusion des rédactions qui, outre les « économies
d’échelle » fantasmées, facilitera la diffusion des exigences éditoriales
venues d’en haut.
Cette
gouvernance tout en verticalité rappelle furieusement la gaullienne ORTF. Elle met sous pression les personnels, favorise une
information uniformisée, accroît la suspicion sur les journalistes du service
public, alors même qu’un Français sur deux ne fait déjà plus confiance aux
médias pour s’informer.
Cette
fragilisation de notre bien commun est inadmissible. Face à une concentration
inédite du secteur dans la main de quelques
milliardaires, dont certains
assument l’utilisation de leurs chaînes, radio et journaux à des fins de propagande d’extrême
droite, l’audiovisuel public doit être un
rempart par son exemplarité, son professionnalisme, son pluralisme. L’affaiblir
dans ses moyens et ses missions est un coup de poignard porté à notre vie
démocratique. Et fait le jeu de ceux qui rêvent de privatisation et d’éteindre
toute voix critique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire