lundi 30 juin 2025

« Comment la réforme de l’audiovisuel public fragilise la démocratie », l’éditorial de Laurent Mouloud.



Il faut le dire et le redire : la réforme de l’audiovisuel public, dont les députés doivent débattre à partir d’aujourd’hui, représente un péril démocratique de tout premier ordre. Mené tambour battant par Rachida Dati, qui en fait une affaire personnelle, ce projet vise à empiler France Télévisions, Radio France et l’Institut national de l’audiovisuel dans une même holding – France Médias –, dirigée par un seul et unique président.

Tout cela est évidemment enrubanné d’une ribambelle d’éléments de langage. Mais, sous couvert de « rationalisation » et de « pilotage stratégique », c’est bien la tentation d’une reprise en main politique du service public de l’information qui plane au-dessus de ce texte, portant un coup sévère à la diversité des contenus et à l’indépendance des rédactions.

La logique défendue par la ministre de la Culture est très claire. Au financement issu du budget de l’État (et non plus de la redevance) s’ajoutent la nomination des deux principaux directeurs (holding et information) par le pouvoir en place – via l’Arcom – et une fusion des rédactions qui, outre les « économies d’échelle » fantasmées, facilitera la diffusion des exigences éditoriales venues d’en haut.

Cette gouvernance tout en verticalité rappelle furieusement la gaullienne ORTF. Elle met sous pression les personnels, favorise une information uniformisée, accroît la suspicion sur les journalistes du service public, alors même qu’un Français sur deux ne fait déjà plus confiance aux médias pour s’informer.

Cette fragilisation de notre bien commun est inadmissible. Face à une concentration inédite du secteur dans la main de quelques milliardaires, dont certains assument l’utilisation de leurs chaînes, radio et journaux à des fins de propagande d’extrême droite, l’audiovisuel public doit être un rempart par son exemplarité, son professionnalisme, son pluralisme. L’affaiblir dans ses moyens et ses missions est un coup de poignard porté à notre vie démocratique. Et fait le jeu de ceux qui rêvent de privatisation et d’éteindre toute voix critique.

 

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