TEMPS Il y a longtemps, Chateaubriand
avait classé en trois âges l’aristocratie de son époque. Il commençait par les « supériorités ».
Après quoi, il passait par les « privilèges ». Avant d’en
venir à l’âge terminal des « vanités ». Et Chateaubriand
concluait ainsi : « Sortie du premier âge, elle dégénère dans le
second et s’éteint dans le dernier. » S’il fallait résumer la tâche de
François IV à Matignon ces temps-ci, trois mots viendraient à l’esprit du bloc-noteur,
précisément les mêmes que Chateaubriand : supériorités, privilèges,
vanités.
Alors que le
Premier sinistre se trouve asphyxié par ses adversaires politiques à
l’Assemblée nationale, autant sur le dossier des retraites que sur le futur budget, voire sur la stratégie énergétique de la France,
François IV cherche de l’oxygène pour poursuivre son chemin, avec un seul but
en tête : non pas gouverner et/ou réformer le pays, mais bien durer. Juste
durer, avec un esprit de supériorité, de privilèges, et de vanité. Mois,
semaines, jours, le temps rétrécit. Et la République s’enfonce dans toutes les
crises.
Même le
Monde l’écrit, sous la plume de Françoise Fressoz : « De
quelque côté que l’on se tourne, la France est renvoyée à une forme d’impuissance qui n’est pas de nature à contrer le pessimisme fondamental tenant lieu depuis des années de ciment collectif à ses habitants. » Dur constat. Et elle ajoute : « Tous les
efforts déployés ces dernières semaines sur la scène internationale par le
président de la République pour tenter de démontrer que la voix de la France porte
encore sont balayés par la succession de coups de force qui s’y produisent, sur
fond de remise en cause du lien transatlantique. »
AMBIANCE Le naufrage
programmé du conclave consacré aux
retraites vient d’ailleurs de sceller un
nouveau moment dans la gestion d’équilibriste de François IV, puisque les
socialistes souhaitent désormais re-voter une motion de censure. Il y aura donc
un avant, et un après. Jusque-là, tout a glissé, ou à peu près, sur le Premier
sinistre. Les motions de censure, avec l’aide des socialistes certes, se
perdaient dans des phrases à rallonge. Et les couacs entre ministres
nourrissaient une espèce d’ode à la liberté de parole, une forme de gestion à
l’« horizontale ». La péripétie sur les retraites vient à point nommé
nous rappeler que l’habileté du Palois a ses limites.
Un ancien
Premier ministre le disait récemment : « Ce n’est pas un Matignon
hyperrangé, ni carré. » Déjà constaté au début du printemps, les
ministres, même les plus en vue, sont dans une situation d’« autogestion
totale », pour reprendre l’expression de l’un d’entre eux. Combien de
temps durera cette situation, sachant que Mac Macron II pourra de nouveau
dissoudre dans quelques semaines ? François IV, lui, ruse pour rallonger
son bail.
Les six mois de Gabriel
Attal sont dépassés, cap sur les sept de
Pierre Mendès France, figure citée jusqu’à plus soif par le Premier
sinistre. « L’ambiance à Matignon est exécrable », rapporte un
témoin, plus habitué à moquer les dîners jusqu’à pas d’heure du patron, au
premier étage de son palais, qu’à ses audaces matinales. Ce dernier laisse
entendre qu’une démission n’est pas impossible, histoire d’acter de manière
spectaculaire l’impossibilité de sa mission.
RÉPONSE La capacité du
centriste à étirer le feuilleton du conclave est-elle infinie ? De « fin
mai », annoncé en janvier, l’épilogue a en effet été repoussé au début
du mois de juin, puis à mi-juin, puis au terme d’une négociation de la dernière
chance lundi dernier, jusqu’à cette journée de mardi à Matignon, qui ne
pourrait être qu’une simple étape… vers d’autres rendez-vous. « Il a
une confiance en lui-même qui lui fait penser qu’il sera capable, avec son aura
et la pression médiatique, d’obtenir un accord sur le plus petit dénominateur
commun », analyse un conseiller ministériel cité par Libération,
qui mise sur d’ultimes concessions arrachées au
Medef et à la CPME, dès cet été ou à
l’automne durant les discussions budgétaires.
L’été,
l’automne… le temps se contracte, mais peut encore s’étirer, sait-on jamais.
D’où la question : François IV est-il si roué, ou tout simplement à la
rue ? Une bonne censure avec un gouvernement renversé, et tout le monde
aura la réponse !
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