Une saignée
sociale historique est en cours…
CHAOS. La
flânerie de l’écrivant a souvent ses limites. Dans nos songeries ambulatoires
et par mégarde altruistes, il nous arrive parfois un rêve étrange et
pénétrant : que celles et ceux qui tiennent la boutique en notre nom,
tombant un beau jour sur un Plutarque pour les nuls, soient enfin saisis
d’un retour sur image digne de l’antique et se mettent à reconsidérer leur
politique. Cette semaine, la CGT vient de livrer un
nouveau coup de semonce qui,
d’ordinaire, aurait dû secouer le gouvernement et faire réagir le premier
sinistre, François IV.
Le syndicat a
en effet dévoilé publiquement sa carte actualisée de la casse sociale qui
déferle sur la France depuis fin 2023. Des chiffres chocs, qui annoncent un
chaos historique. Après un patient décompte effectué quotidiennement, la CGT
recense désormais près de 400 PSE (les mal nommés plans de sauvegarde de
l’emploi) enclenchés depuis septembre 2023 dans tout le pays. Pas moins de
88 501 emplois directs seraient menacés ou déjà supprimés, dont
37 156 pour la seule industrie. La confédération, avec gravité,
prévient : « Si on cumule le total des emplois supprimés ou
menacés et le potentiel d’emplois indirects et induits dans l’industrie
(69 402 hypothèse basse, 156 154 hypothèse haute), on arrive donc à
l’évaluation globale d’un impact négatif compris entre 157 903 et
244 655 emplois depuis septembre 2023… »
INDÉCENT.
L’incendie social se confirme, prend de l’ampleur, et sinistre des territoires
entiers. Dans cette histoire, le plus étonnant est encore l’absence de réaction
d’une certaine France médiatico-pseudo-politique (pas l’Humanité
évidemment), malgré les indications répétées de la CGT. Sophie Binet, la
secrétaire générale, ne mâche pas ses mots : « Il y a presque un
an jour pour jour, nous publiions une liste de 130 plans de licenciement
pour alerter sur un mouvement de désindustrialisation qui s’enclenchait. Cette
liste a été accueillie par un silence assourdissant. Le président de la
République était alors à Versailles pour sabler le champagne avec des patrons
de multinationale… »
Un an plus
tard, même ambiance au Palais. Mac Macron II vient de
présider, toujours à Versailles, le sommet Choose France, destiné à célébrer l’attractivité du pays. À la faveur
de ce raout indécent, 37 milliards d’euros d’investissements étrangers ont
été promis, dont 20 milliards d’investissements nouveaux, permettant la
création de 13 000 emplois. Commentaire de Sophie Binet : « Au
lieu de crier cocorico à Choose France, le gouvernement ferait mieux de sortir
sa calculatrice. Cela représente 2,85 millions d’euros par emploi
créé. À ce prix-là, mieux vaudrait embaucher des fonctionnaires ! »
NAUFRAGE.
Pendant ce temps-là, depuis la nomination du premier sinistre aux méthodes
douteuses, nous n’entendons parler que de la dette, du budget, des impôts, des
sacrifices à consentir, de la sécurité, des Frères musulmans, etc. Cette
fois, grâce à la CGT, la réalité sociale vient de rattraper le pays,
éclaboussant toute la Macronie réunie : les défaillances d’entreprises explosent dans
un grand fracas, qui, cette fois, terrorise la nation et atomise les salariés
concernés. Beaucoup de très petites entreprises, bien sûr. Mais aussi des
grosses, des très grosses, générant des « plans sociaux » colossaux.
Est-il utile de
rappeler que jamais notre économie contemporaine n’aura connu une telle
situation ? Une saignée historique, qui pourrait concerner jusqu’à
300 000 emplois directs, auxquels il conviendra d’ajouter les effets
domino sur les fournisseurs, les villes, etc. La CGT, au passage, relève
également la part importante du nombre de plans de suppression de postes dans
le secteur public et le domaine du sanitaire et du social : près de
6 500 postes détruits. Le choix du chômage, en somme, symbole des
choix austéritaires. « Cette crise signe le naufrage de la politique de
l’offre, qui nous coûte un « pognon de dingue » », assène la
secrétaire générale de la CGT. Deux cents milliards d’euros sont
alloués tous les ans en aides aux entreprises. » Comment le dire
mieux ?
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