samedi 31 mai 2025

« Gaza : plus personne ne doit détourner le regard du génocide en cours », l’éditorial de Fabien Gay dans l’Humanité Magazine.



Il est sous nos yeux. Un génocide est en cours et il est documenté par des ONG, des médecins, des journalistes palestiniens, les seuls à être dans ce cimetièreà ciel ouvert et à nous informer au péril de leurs vies. Jour après jour, lhorreur franchit un cap supplémentaire, pire que le précédent, un paroxysme sans cesse dépassé.

Depuis le 2 mars dernier, Israël a stoppé l’arrivée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Deux millions de personnes sont sans nourriture, sans eau, privés de médicaments, de soins. Quelques camions humanitaires viennent enfin d’être autorisés à pénétrer dans l’enclave, mais rien n’effacera ces longs mois de blocus, d’un massacre privant du minimum vital. Des femmes, des enfants, des hommes déambulent, ventres gonflés et visages émaciés, avec leurs gamelles vides, en criant famine. Les Gazaouis meurent de faim, sous notre regard.

Le monde ne peut laisser mourir davantage Gaza et la Palestine.

Le 14 mai, nous avons fait le choix de publier en une de l’Humanité, une photo d’un petit garçon, Osama Kamal Al Rakab. Son visage famélique est une réalité crue et insoutenable. Cette réalité que l’extrême droite refuse de voir en criant à la fake news, instrumentalisant de façon nauséabonde sa souffrance, son désespoir et notre impuissance, comme pour invisibiliser le sort des Gazaouis et faire taire toute voix de solidarité internationale.

Oui, Israël utilise la famine comme une arme de guerre et d’extermination de tout un peuple, comme projet politique de Benyamin Netanyahou. 14 500 enfants ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre 2023 : c’est plus que le nombre d’enfants tués en quatre ans de guerres dans le monde entier. Des milliers d’enfants sont orphelins, blessés, amputés, mutilés, avec les traumatismes psychologiques liés au fait de grandir dans cet enfer.

Depuis trois semaines, Israël accélère sa conquête, plus déterminé que jamais à achever son œuvre destructrice, Netanyahou a déclaré vouloir prendre le contrôle de tout le territoire de la bande de Gaza. Les menaces d’expulsion se font de plus en plus précises.

Preuve que l’atrocité atteint des sommets, les alliés occidentaux ont enfin réagi et changent de discours et de posture. Un communiqué commun d’Emmanuel Macron, Keir Starmer et Mark Carney, exige la fin de l’offensive israélienne sur Gaza. Tous trois cheminent vers la reconnaissance d’un État palestinien. L’Union européenne envisage enfin la suspension de son accord d’association avec Israël. Ces déclarations diplomatiques doivent se traduire, sans délai, en actes et la France doit d’emblée rappeler à Paris son ambassadeur en Israël. Il est temps de faire respecter le droit international et de mettre en application le mandat d’arrêt contre Netanyahou pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Enfin, il est urgent de décréter un embargo total sur les ventes et exportation d’armes, à l’heure où le Salon international de l’aéronautique et de l’espace, au Bourget, s’apprête à accueillir des exposants israéliens, géants de l’industrie de l’armement, véritable vitrine de leur commerce de guerre. Cette dualité est abjecte.

 

« Incendie(s) », le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin.



Une saignée sociale historique est en cours…

CHAOS. La flânerie de l’écrivant a souvent ses limites. Dans nos songeries ambulatoires et par mégarde altruistes, il nous arrive parfois un rêve étrange et pénétrant : que celles et ceux qui tiennent la boutique en notre nom, tombant un beau jour sur un Plutarque pour les nuls, soient enfin saisis d’un retour sur image digne de l’antique et se mettent à reconsidérer leur politique. Cette semaine, la CGT vient de livrer un nouveau coup de semonce qui, d’ordinaire, aurait dû secouer le gouvernement et faire réagir le premier sinistre, François IV.

Le syndicat a en effet dévoilé publiquement sa carte actualisée de la casse sociale qui déferle sur la France depuis fin 2023. Des chiffres chocs, qui annoncent un chaos historique. Après un patient décompte effectué quotidiennement, la CGT recense désormais près de 400 PSE (les mal nommés plans de sauvegarde de l’emploi) enclenchés depuis septembre 2023 dans tout le pays. Pas moins de 88 501 emplois directs seraient menacés ou déjà supprimés, dont 37 156 pour la seule industrie. La confédération, avec gravité, prévient : « Si on cumule le total des emplois supprimés ou menacés et le potentiel d’emplois indirects et induits dans l’industrie (69 402 hypothèse basse, 156 154 hypothèse haute), on arrive donc à l’évaluation globale d’un impact négatif compris entre 157 903 et 244 655 emplois depuis septembre 2023… »

INDÉCENT. L’incendie social se confirme, prend de l’ampleur, et sinistre des territoires entiers. Dans cette histoire, le plus étonnant est encore l’absence de réaction d’une certaine France médiatico-pseudo-politique (pas l’Humanité évidemment), malgré les indications répétées de la CGT. Sophie Binet, la secrétaire générale, ne mâche pas ses mots : « Il y a presque un an jour pour jour, nous publiions une liste de 130 plans de licenciement pour alerter sur un mouvement de désindustrialisation qui s’enclenchait. Cette liste a été accueillie par un silence assourdissant. Le président de la République était alors à Versailles pour sabler le champagne avec des patrons de multinationale… »

Un an plus tard, même ambiance au Palais. Mac Macron II vient de présider, toujours à Versailles, le sommet Choose France, destiné à célébrer l’attractivité du pays. À la faveur de ce raout indécent, 37 milliards d’euros d’investissements étrangers ont été promis, dont 20 milliards d’investissements nouveaux, permettant la création de 13 000 emplois. Commentaire de Sophie Binet : « Au lieu de crier cocorico à Choose France, le gouvernement ferait mieux de sortir sa calculatrice. Cela représente 2,85 millions d’euros par emploi créé. À ce prix-là, mieux vaudrait embaucher des fonctionnaires ! »

NAUFRAGE. Pendant ce temps-là, depuis la nomination du premier sinistre aux méthodes douteuses, nous n’entendons parler que de la dette, du budget, des impôts, des sacrifices à consentir, de la sécurité, des Frères musulmans, etc. Cette fois, grâce à la CGT, la réalité sociale vient de rattraper le pays, éclaboussant toute la Macronie réunie : les défaillances d’entreprises explosent dans un grand fracas, qui, cette fois, terrorise la nation et atomise les salariés concernés. Beaucoup de très petites entreprises, bien sûr. Mais aussi des grosses, des très grosses, générant des « plans sociaux » colossaux.

Est-il utile de rappeler que jamais notre économie contemporaine n’aura connu une telle situation ? Une saignée historique, qui pourrait concerner jusqu’à 300 000 emplois directs, auxquels il conviendra d’ajouter les effets domino sur les fournisseurs, les villes, etc. La CGT, au passage, relève également la part importante du nombre de plans de suppression de postes dans le secteur public et le domaine du sanitaire et du social : près de 6 500 postes détruits. Le choix du chômage, en somme, symbole des choix austéritaires. « Cette crise signe le naufrage de la politique de l’offre, qui nous coûte un « pognon de dingue » », assène la secrétaire générale de la CGT. Deux cents milliards d’euros sont alloués tous les ans en aides aux entreprises. » Comment le dire mieux ?

 

vendredi 30 mai 2025

« Entourloupe antisociale », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.



À l’heure des célébrations des 80 ans de la création de la Sécurité sociale et alors que la CGT s’apprête à souffler ses 130 bougies, la Macronie et son gouvernement de droite entendent parachever le détricotage des conquis de 1945, en s’attaquant à son mur porteur : le financement de la protection sociale. Obsédés par le poids d’une dette publique qu’ils ont eux-mêmes contribué à faire exploser, et sensibles comme jamais au chant des sirènes patronales, Emmanuel Macron d’abord, François Bayrou dans la foulée ont remis sur la table l’idée d’une TVA sociale. Ils se voulaient « disruptifs », ils se retrouvent à ânonner les vieilles rengaines de leurs prédécesseurs.

L’équation est aussi simple qu’inique : augmenter la TVA – payée par toutes et tous sans distinction – et baisser les cotisations patronales pour renflouer les caisses de l’État et satisfaire aux desiderata des chefs d’entreprise. L’entourloupe antisociale permettrait, selon les experts, de dégager entre 10 et 13 milliards d’euros par an.

Sans surprise, le Medef se dit « tout à fait favorable » à l’application d’une telle mesure. Mais c’est dans le détail des positions des employeurs qu’il faut chercher le point nodal de leur stratégie : affaiblir le système par répartition pour ouvrir grand les portes à la capitalisation. Le patron des patrons a un plan. Flécher une part des cotisations aujourd’hui affectées aux branches famille et assurance-maladie vers un compte de capitalisation individuel et combler les pertes pour la Sécu en augmentant la TVA.

Derrière cette énième attaque contre le système par répartition et le salaire socialisé, se trame en sous-main la poursuite d’une politique d’aides publiques aux entreprises sans condition et sans contrepartie. Qu’importe que la commission d’enquête sénatoriale menée à ce sujet n’ait pas encore rendu ses conclusions ; qu’importent les alertes de la CGT, qui rappelle que « les exonérations de cotisations sociales dites patronales ont fait la preuve de leur inefficacité tant en termes d’emploi que de compétitivité ou d’attractivité ». Le patronat et les ultralibéraux aux manettes le savent : pile, ils gagnent ; face, on perd.

 

mercredi 28 mai 2025

« Coup de force », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



On dit souvent qu’à l’occasion d’un référendum, le peuple ne répond pas à la question posée mais à celui qui la pose. Le référendum sur le TCE le 29 mai 2005 en est l’exact contre-exemple. La ratification de cette constitution européenne ne devait être qu’une formalité. À gauche comme à droite, les partis dominants étaient favorables au texte concocté par Valéry Giscard d’Estaing. Les éditorialistes des grands médias faisaient eux aussi la promotion du oui. Mais quelque chose d’imprévu a fait dérailler le plébiscite annoncé : le mouvement du non de gauche. Un mouvement construit sur une démarche : faire connaître le texte intégral de cette fameuse constitution.

En s’appuyant sur les réseaux militants, en particuliers ceux du PCF, mais pas seulement, des milliers de débats, de rencontres, de meetings se sont organisés sur tout le territoire. L’Humanité y a pris part en publiant un numéro spécial analysant chaque article du TCE. Et petit à petit, l‘opinion a basculé. Le TCE visait à « graver dans le marbre » les principes néolibéraux de l’Union européenne. Certes il existait un non de droite, réactionnaire et nationaliste. Mais c’est la dynamique du non de gauche qui a changé la donne. Elle a ouvert la perspective d’une autre Europe, démocratique et sociale.

Ce mouvement n’a pas réussi, hélas, à trouver un débouché politique dans le calendrier dominé par la présidentielle de 2007. Mais l’envie, l’espoir d’autre chose étaient bien là. Les tenants du oui se sont employés à les détruire. Avec une méthode : faire comprendre au peuple, une bonne fois pour toutes, que son avis, son vote ne comptaient pas. Ce fut l’objectif idéologique fondamental de l’adoption du traité de Lisbonne.

Le même scénario s’est d’ailleurs répété dans d’autres pays : aux Pays-Bas, en Irlande. En niant le vote populaire et en réduisant le non à sa composante réactionnaire, Sarkozy et consorts ont certes réussi à casser l’espoir, mais ils ont surtout creusé un peu plus le fossé entre les citoyens et la politique. Encourageant ainsi la dérive fascisante qui menace aujourd’hui l’ensemble des pays de l’Union européenne.

 

« Les « grands sacrifices » de Donald Trump », le billet de Maurice Ulrich.



C’est sa maison, là où il peut se détendre et jouer au golf, dont il est passionné. Tout le monde a droit à des vacances, au moins à des week-ends. Donald Trump reçoit aussi des invités à Mar-a-Lago, en Floride. Le président, nous dit le Wall Street Journal, prend place à une table positionnée au centre de la salle à manger, entourée par un cordon de velours pourpre suspendu à des supports dorés. Lorsqu’il entre dans la pièce, les gens applaudissent.

Pour 1 million de dollars on peut aussi être membre du club privé de Mar-a-Lago avec restaurants, salles de bal et de conférences… Le coût de l’adhésion a doublé avec son élection. On peut aussi dîner avec le président dans un de ses autres clubs privés, en Virginie, pour 1,5 million de dollars. Mais attention, explique Karoline Leavitt, attachée de presse de la Maison-Blanche : « Le président a quitté la présidence de son groupe immobilier pour se présenter aux élections et servir notre pays. Il a fait de grands sacrifices pour cela. » C’est bien de le rappeler.

 

mardi 27 mai 2025

« Vie privée », le billet de Maurice Ulrich.



On peut s’étonner de voir la vidéo de l’arrivée à Hanoï du couple Macron reprise par la quasi-totalité des médias. Car il faut le dire, leur vie privée ne nous regarde pas. Les spéculations vont bon train, Brigitte Macron a-t-elle vraiment donné une gifle à son époux ou l’a-t-elle simplement repoussé d’un geste vif, a-t-elle refusé son bras en descendant l’escalier ?

L’affaire, privée et qui à ce titre n’en est pas une car cela ne nous regarde pas, est tellement devenue publique, ce qu’il faut regretter, que l’Élysée, qui avait d’abord démenti, a fini par parler d’une chamaillerie en toute complicité. Mais comment interpréter cet intérêt un brin malsain ?

Est-ce qu’il n’y aurait pas là l’idée perverse que s’il en a pris une, il l’avait bien méritée et que ce ne pouvait être vraiment anodin dans leur couple. Brigitte Macron aurait-elle eu sinon ce geste étonnant au moment même où s’ouvrait la porte de l’avion pour une visite officielle ? Mais on ne posera pas ces questions. Cela ne nous regarde pas.

 

« Après l’appel d’Öcalan à déposer les armes, la Turquie doit libérer le chef historique du PKK », l’éditorial de Cathy Dos Santos.



La balle est dans le camp de Recep Tayyip Erdogan. Mais le président turc ne daigne faire un geste, fut-il symbolique. L’appel, le 27 février, du chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, à déposer les armes, puis la tenue d’un congrès confirmant la dissolution de la guérilla méritent pourtant une réponse à la hauteur de ce tournant historique. Il s’agit d’« un grand changement de paradigme », selon les mots d’Öcalan, qui appelle à reconstruire avec patience « le lien fraternel » qui s’est brisé entre les Turcs et les Kurdes.

Les six cessez-le-feu décrétés par le PKK depuis 1999 ont été sciemment ignorés. La répression aveugle contre les Kurdes a fait plus de 40 000 morts, de deux à trois millions de déplacés ; des villages entiers ont été rasés dans une vaine tentative d’anéantir l’identité politique et culturelle de ce peuple. Malgré les balles et l’ostracisme qu’ils subissent depuis le traité de Lausanne qui les a privés d’État, les Kurdes construisent dans le sang et les sacrifices leur droit à une juste reconnaissance. Leur combat contre Daech au Rojava est exemplaire. Tout comme la société laïque, démocratique, féministe et multiethnique qu’ils s’emploient à bâtir en dépit du feu turc et des attaques des groupes islamistes. Un contre-modèle au Moyen-Orient.

Aucune concorde ne sera possible sans acte fort. La libération de dizaines de milliers de prisonniers politiques injustement incarcérés dans les geôles de Recep Tayyip Erdogan serait le prélude à un dialogue dont on sait qu’il sera fragile, difficile. Abdullah Öcalan, le premier, doit quitter l’île-forteresse d’Imrali, où il est emmuré depuis 1999. Victime des grandes purges de 2016, l’ex-coprésident du Parti démocratique des peuples Selahattin Demirtas doit lui aussi être élargi.

La France et l’Union européenne seraient bien avisées de jouer les facilitateurs pour qu’enfin un processus de conciliation voie le jour, prélude à une démocratisation en Turquie et gage d’une stabilité pour toute la région. Cela commence par le retrait du PKK de la liste des organisations terroristes. Paris, qui a vu six militants kurdes assassinés sur son sol, doit mettre un terme aux extraditions vers Ankara afin de ne plus faire le jeu de l’absolutisme d’Erdogan.

 

lundi 26 mai 2025

« Pour la civilisation, Gaza doit vivre. », la chronique de Patrick Le Hyaric.



Que leur faut-il de plus ? Sur un plateau de télévision, le 16 mai dernier, le député israélien Zvi Sukkot déclare : « Tout le monde s’est habitué à ce que l’on puisse tuer des centaines de Gazaouis en une nuit. Le monde entier s’en fiche ». Il ne s’agit ici, ni d’un constat attristé ni d’un appel à la raison. Il s’agit d’une carte blanche pour, insiste ce député, « continuer la guerre et triompher ».

Il fait ainsi le service après-vente de la stratégie du sinistre Netanyahou qui déroule le plan annoncé le 5 mai dernier visant le « contrôle total » de tout le territoire de la bande de Gaza et le déplacement, voire la déportation, des deux millions quatre cent mille habitantes et habitants.

« Nous sommes engagés dans des combats intenses et de grande ampleur à Gaza et nous progressons » confirme Netanyahou quelques jours plus tard, promettant « d’agir de manière à ce que personne ne puisse arrêter son armée ».

Une détermination meurtrière confirmée par son ministre des Finances, Smotrich annonçant qu’Israël « détruisait tout ce qu’il reste de la bande de Gaza »

De fait, qui regarde quelques instants une carte de l’enclave palestinienne, s’aperçoit que la couleur sombre attestant du degré d’annexion envahit la quasi-totalité de l’espace. Que faut-il alors pour arrêter le bras des bouchers ?

Que faut-il de plus aux dirigeants occidentaux, moulinant leurs éléments de langage sur la démocratie, le droit international et la litanie des mots vidés de sens et de chair, chargés de couvrir de leur fumeux discours ce que la justice internationale qualifie de « risque de génocide ».

Face à un tel « risque » Il est odieux que le président de la République française s’en remette aux historiens. Son rôle est d’agir pour l’empêcher. Laisser-faire, c’est être complice d’une sanglante guerre d’éradication.

Que faut-il de plus que ce cauchemar permanent, ses cycles infernaux de déluge de bombes occidentales sur des populations démunies, affamées, sans eau potable, sans soins et hygiènes possibles, privées de systèmes d’égouts, exilées plusieurs fois, vivant au milieu de leurs maisons réduites en collines de béton brisé, de terres, de détritus et de déchets ? Que faut-il de plus que ce blocus qui pousse inexorablement vers la mort des milliers d’enfants affaiblis par la tenaillante faim ?

Que faut-il de plus pour faire arrêter les criminels qui dorment dans des lits douillets au cœur de leurs villas à Tel-Aviv ou dans les territoires volés aux Palestiniens en Cisjordanie ?

Que faut-il de plus ? Aucun dirigeant occidental ne respecte la décision de la cour pénale internationale qui a lancé un mandat d’arrêt à l’encontre de Netanyahou déjà poursuivi dans son propre pays pour corruption. Ont-ils à l’esprit que leur propre conscience se meurt sur l’autel de ces crimes et massacres ?

Aucun autre bruit ne pourra les couvrir !

Que faut-il de plus à ces dirigeants européens bombant le torse devant leurs feuilles de papier à en-tête de « nos valeurs » ? C’est le moment de les respecter. C’est le moment de dire que « nos valeurs » sont bien la démocratie et le respect du droit international et des droits humains. Il en va de leur crédibilité.

En conséquence du respect de l’article 2 du traité d’association entre l’Union européenne et Israël qui suppose le « respect des droits humains et des principes démocratiques », décision doit être prise de suspendre sine die toute coopération avec l’État d’Israël.

C’est possible, facilement, puisque cet accord a officiellement expiré en janvier dernier.

On peut donc immédiatement cesser de l’appliquer et de décider de ne le renouveler qu’à l’issue d’un processus de paix, de reconnaissance de l’intégrité territoriale de la Palestine, et du respect de l’engagement d’un État pour le peuple palestinien. C’était d’ailleurs la motivation première de cet accord d’association, à la suite du processus dit d’Oslo.

Dix-sept pays viennent enfin de réclamer un « réexamen » de cet accord. Un pas important vient donc d’être fait sous la pression du mouvement pour la justice et la paix dans lequel la jeunesse est à la pointe ainsi que des organisations de solidarité et des agences de l’ONU.

Seulement, on ne peut attendre d’interminables procédures qui font gagner du temps aux bourreaux israéliens qui se soucient peu des otages de leur pays détenu par les forces du Hamas.

D’autre part, cet accord de libre-échange qui permet à Israël de disposer du statut le plus favorable pour un pays non-membre de l’Union européenne a été complété par d’autres accords de coopération dans les secteurs des télécommunications, de la recherche et des technologies. Associée au programme Galileo (géolocalisation) à Erasmus (échanges d’étudiants), Israël a exporté pour une valeur d’environ 17 milliards d’euros de marchandises, de machines, de produits chimiques et pharmaceutiques, de systèmes d’exploitation informatiques vers l’Europe.

Il faut immédiatement dénoncer aussi ces traités.

Avec le programme « Horizons – Europe », qui permet le financement de la recherche-innovation, Israël semble avoir développé de nouveaux drones en violation de la réglementation européenne qui interdit de tel financement pour des technologies de guerre. Qu’attendent donc les dirigeants européens si prompts à prodiguer au monde entier des leçons sur « leurs valeurs » ?

En fait, ils respectent peu de valeur. En ont-ils, vraiment ? Ils défendent d’abord des intérêts. Ceux des multinationales. La présidente de la Commission européenne avait déjà négocié des contrats de gaz fin 2023. Or, le gisement de gaz en question se situe au large des côtes de Gaza et n’appartient jusqu’à nouvel ordre ni à l’État Israélien, ni aux majors du pétrole israéliennes ou américaines. L’aristocratique présidente de la Commission n’a toujours pas eu un mot pour condamner les agissements du pouvoir d’extrême droite de Tel-Aviv. Elle n’a même pas critiqué la décision d’interdiction de distribution de nourriture et de l’aide humanitaire.

Voilà où sombrent les dites « valeurs ». Aux peuples donc de continuer à pousser, à porter haut la cause palestinienne et du droit international.

L’Irlande et l’Espagne ont annoncé suspendre toute exportation de matériel militaire et de munitions vers Israël. Qu’attend le gouvernement français pour faire de même ? Il peut et doit suspendre tous les accords bilatéraux entre notre pays et un gouvernement qui sera poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et présomption de génocide.

Gaza est devenu un multi-laboratoire. Il s’y teste non seulement l’acceptation des pouvoirs euro-atlantique d’une extrême droite poussée à ses paroxysmes, mais son alliance pour la déshumanisation, les tentatives de destruction des agences de l’ONU, le naufrage du droit international, la privatisation de forces de sécurité militaire et de l’aide internationale, la violation de la souveraineté territoriale et des frontières ainsi que l’accaparement des espaces. Bref, le laboratoire d’un monde d’atrocité, de brutalité contre la civilisation. Contre ce monde, il faut se lever de mille manières possibles !

L’action populaire, depuis les centres de recherche, les universités, dans les ports devra désormais poser en grand ces nécessités en lien avec l’ensemble du mouvement en cours pour mettre fin à tous les accords bilatéraux sécuritaires, militaires et commerciaux. Il est urgent de faire cesser ces complicités qui servent l’éradication d’un peuple.

Que faut-il de plus aux gouvernants occidentaux tout autant dénués d’empathie, d’humanisme que d’éthique, perdant leur honneur et le peu de crédit qui leur restait dans le tombeau de Gaza ?

Jusqu’à quel point peuvent-ils, sans honte, accepter ces flots de sang qui coulent sur les terres de Gaza, ces assassinats et ces crimes, l’organisation de la famine et la destruction des systèmes de santé ? Chaque jour, ils se vantent de décider des sanctions contre la Russie, mais ils font silence sur leur impunité vis-à-vis d’un pouvoir tout aussi belliciste et criminel. Au nom de quoi et avec quelles armes Israël mène des guerres tous azimuts en Palestine, au Liban, au Yémen et en Syrie désormais ?

L’Occident capitaliste doit cesser de confier au pouvoir de Tel-Aviv ce rôle d’homme de main de leurs velléités de domination. Le grand capital occidental qui cherche à élargir son espace de conquêtes sur les énergies fossiles, l’eau, la pharmacie et l’industrie militaire pousse à la construction du « grand Moyen-Orient » au sein duquel le « Grand Israël » jouerait un rôle prépondérant. Preuve est ainsi faite que le capital international n’a aucun scrupule à faire exécuter le travail par un pouvoir d’extrême droite qui, pour parvenir à ses fins, exploitera toujours plus les travailleurs israéliens de toute catégorie. Les travailleuses et travailleurs des pays occidentaux n’ont strictement aucun intérêt à ces projets qui font d’eux les fantassins d’une guerre économique sans merci. Ils ont besoin eux aussi de la paix et de la justice. Ensemble avec les travailleurs israéliens et palestiniens, ils ont besoin de conquérir le pouvoir sur leur travail, les productions et les institutions. Leur souveraineté ne peut être complète si l’un des peuples, le peuple palestinien, ne peut pas choisir la manière dont il veut vivre aux côtés des Israéliens. S’il ne lui est pas ouvert la possibilité de construire son État à partir des frontières définies en 1967 et de mettre en place ses institutions. Cela va de pair avec les moyens pour garantir la sécurité à Israël et à la Palestine.

Il faut écouter et entendre le cri d’alerte de l’ancien ministre de la Défense Israélien Moshé Yaalon : « Le massacre des Palestiniens par Israël relève d’une idéologie messianique, nationaliste et fasciste ». Voilà qui est aussi sévère que clair. Qui traitera cet ancien général d’antisémite ?

Nous sommes à un tournant redoutable. L’action populaire doit se diriger vers le président de République et les institutions européennes afin qu’ils agissent réellement. Se joue à Gaza et dans toute La Palestine occupée une manière de voir et de construire le monde : Soit celui de la barbarie et de la négation du droit international. Soit celui de l’humanité, d’un monde commun d’égalité à bâtir ensemble dans le respect des souverainetés, des histoires, de la géographie, des valeurs universelles. Gaza nous concerne donc toutes et tous par-delà nos opinions. Faire vivre Gaza et La Palestine au côté d’Israël engage notre humanité et son devenir !

 

« Et gaza sera détruite », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



Le temps des atermoiements n’est plus. Ce n’est pas à l’histoire de qualifier ce qui se passe à Gaza, mais à nous, maintenant. Oui, c’est bien d’une entreprise génocidaire qu’il s’agit et les États, les dirigeants politiques, celles ou ceux qui persistent à le nier feignent non seulement d’être sourds et aveugles à la réalité mais ne veulent pas entendre les déclarations des dirigeants israéliens eux-mêmes. C’est le ministre du Patrimoine qui suggère de bombarder les ultimes réserves de nourritures qui restent dans l’enclave avec ce commentaire : « Ils doivent mourir de faim. » C’est le vice-président de la Knesset qui proclame que Gaza sera « effacée de la surface de la Terre ». L’objectif est clair. Il s’agit d’y éradiquer toute présence palestinienne, comme par la suite en Cisjordanie où les attaques des colons se multiplient avec la complicité de l’armée.

Se taire, c’est laisser faire ou être complices. Les bombardements qui ont à ce jour détruit plus de 65 % des bâtiments, 95 % des écoles, qui ont fait plus de 53 000 morts et 120 000 blessés qui ne peuvent pratiquement plus être soignés, n’ont été possibles, depuis le début, qu’avec les livraisons d’armes américaines et pour partie de matériels venant de pays de l’Union européenne.

Enfin, il y a quelques jours, le Canada, le Royaume-Uni et la France ont parlé de mesures concrètes. Lesquelles ? Enfin, il serait question de suspendre – car il ne l’est toujours pas – l’accord d’association entre Israël et l’Union européenne, lequel est conditionné au respect des droits de l’homme et des principes démocratiques. Enfin, la France et l’Arabie saoudite qui vont présider, le 17 juin, une conférence de l’ONU, demandent des actes pour construire une solution à deux États.

 

C’est tard et il est déjà très tard dans l’histoire du crime, dont les conséquences, si même il s’arrête, ne sont déjà plus prévisibles. Un crime pour lequel les dirigeants israéliens doivent être jugés par les instances internationales. Ce qui se passe à Gaza n’est pas une guerre, c’est le massacre d’un peuple, un déshonneur pour la communauté internationale, les forces politiques ou les belles âmes qui se taisent encore, un défi à la conscience universelle.

 

« Choqué », le billet de Maurice Ulrich.



Et encore les commissions d’enquête parlementaire ! C’est au tour du Parisien dimanche de s’interroger : sont-elles devenues des « tribunaux politiques » ? On se doute un peu de la réponse et le journal l’affirme. « Leur multiplication et leur surmédiatisation commencent à inquiéter. » On se demande qui ? La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, aurait même dit qu’il y en a peut-être « un peu trop ».

C’était au moment de l’audition de François Bayrou sur l’affaire Bétharram. Elle appelait à « prendre garde à ne pas dévoyer ce formidable outil de travail parlementaire ». Formidable moins on s’en sert. La journaliste du Parisien, cela dit, ne manque pas d’humour, ou bien c’est involontaire, relatant comment Bernard Arnault, devant la commission sur les aides publiques aux entreprises a dénoncé un « conflit d’intérêts » en s’adressant au sénateur communiste Fabien Gay : « Je suis choqué de voir que le rapporteur de cette commission soit le patron de l’Humanité, un journal très orienté. » On imagine que le PDG de LVMH, propriétaire des Échos et du Parisien, en était tout désorienté.

 

dimanche 25 mai 2025

« Agir pour Gaza avant qu’il ne soit trop tard », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité Magazine.



Le danger est désormais clair et immédiat : la perspective d’une déportation de masse des Palestiniens de Gaza est une réalité de plus en plus tangible. Depuis la rupture d’un cessez-le-feu qui avait fait un peu rapidement espérer la fin de la guerre, les opérations israéliennes ont repris de plus belle. Le « Chariot de Gédéon », du nom de l’opération de conquête israélienne, déferle sur Gaza, déjà meurtrie.

Les bombes pleuvent, les morts se multiplient, l’aide humanitaire n’est plus seulement insuffisante mais a été totalement bloquée par Israël pendant dix semaines. « 2 millions de personnes ont faim », alerte l’OMS. « 71 000 enfants ont besoin d’une prise en charge urgente contre la malnutrition aiguë », précise l’Unicef.

C’est désormais d’un « plan libyen » que parle la presse américaine : 1 million de personnes pourraient être déplacées vers la Libye, dont la situation chaotique en fait un interlocuteur docile pour accepter des subsides internationaux. Les Gazaouis sont menacés de déportation et l’ensemble du territoire palestinien d’être confisqué à ses habitants.

Ne rien faire, c’est être complice. Moralement, bien sûr, mais également au regard du droit international.

Si les regards sont braqués sur Gaza, ce qui se passe en Cisjordanie montre bien que la propagande israélienne n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux. Qu’est-ce qui y justifie la destruction de maisons, l’assassinat d’habitants, le saccage des récoltes, l’accaparement des terres ? Ici, point de Hamas derrière lequel se cacher, la colonisation s’y exerce sans autre explication que la volonté d’Israël d’étendre son territoire. L’exemple cisjordanien montre aussi l’hypocrisie des chancelleries occidentales qui n’agissent pas davantage pour stopper les horreurs dans les territoires occupés que le martyre des Gazaouis.

S’il est une diplomatie active, c’est bien celle de Donald Trump pour acheter la passivité des pays du Moyen-Orient. Il est le relais de puissants intérêts capitalistiques dans l’armement et dans de futurs projets, notamment immobiliers, dans la région. C’est là un important verrou contre une solution politique au conflit.

Cependant, la situation est si grave et les desseins coloniaux de Netanyahou si brutaux qu‘il n’est plus possible pour personne de détourner complètement le regard. Le président Emmanuel Macron est obligé de dire que la situation est « la plus critique que nous ayons connue ». Le chef de l’État dit aussi commencer à entrevoir le début d’une possibilité de sanctions contre Israël. Se défendant de tout « deux poids, deux mesures », il a pourtant rappelé que les sanctions européennes contre Poutine étaient intervenues en quelques jours seulement.

Au bout de dix-huit mois de massacre de la population palestinienne, l’Union européenne n’a pris strictement aucune mesure contre le gouvernement Netanyahou alors qu’elle met pourtant actuellement en œuvre des sanctions contre une trentaine de pays.

 

samedi 24 mai 2025

« Mort(s) », le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin.

 


PATIENTS : À bas bruit, la question de la « fin de vie » s’est donc de nouveau invitée au Parlement, sachant que l’ancien projet de loi, l’an dernier, avait été percuté par la dissolution. En début de semaine, à l’Assemblée nationale, les députés ont commencé à aborder le cœur du débat avec l’examen de l’article 4 du texte actuel, qui fixe les conditions d’accès à l’aide à mourir. Autrement dit, le thème le plus clivant de la proposition de loi sur le suicide assisté et l’euthanasie.

Autant ne pas le cacher, et au-delà des « pour » et des « contre », la problématique épineuse de l’éligibilité des patients à une mort provoquée divise les partisans même de ce nouveau droit. Doit-il uniquement concerner des patients proches de la mort ? Et les malades qui ont encore plusieurs mois à vivre, voire plusieurs années, devraient-ils avoir accès à un produit létal ? Résumons.

Il y a d’un côté les défenseurs d’un droit « restrictif », qui plaident pour appliquer des critères plus « stricts » à l’aide à mourir. Il y a d’un autre côté les partisans d’un droit à mourir, plus axés sur la demande du patient et sa perception de la douleur, qui bataillent pour élargir davantage le texte. Enfin, il y a les opposants radicaux, qui jugent qu’aucun critère ne saurait véritablement restreindre l’aide à mourir.

La loi et la « fin de vie »…

CONVICTIONS : Face aux circonstances des fins de vie, tout individu est un cas particulier. Ceux qui ont connu la disparition d’un proche sur un lit d’hôpital savent que, sur ce sujet, « pacifier le débat », l’objectif affiché par Mac Macron II l’an dernier, n’a rien d’une évidence. L’aide à mourir peut-elle être un geste de « fraternité », terme revendiqué par l’hôte du Palais ?

Vertigineuse question, autour de laquelle se croisent comme rarement convictions personnelles et enjeux politiques collectifs qui touchent à l’intimité de chaque famille, secouent les convictions politiques ou religieuses de chacun, remue des considérations éthiques ou philosophiques, sans jamais atténuer les peurs ni effacer la mémoire d’expériences douloureuses.

Au-delà de ses différences et de ses convictions, en pleine conscience, reconnaissons que la rédaction du texte qui sortira de l’Assemblée nationale aura un impact très concret. Dès lors, chaque mot a une importance cruciale, susceptible d’entraîner un droit à la mort assistée pour des centaines ou des milliers de personnes. Parmi les échanges : la définition de la « phase avancée ou terminale » de l’affection des patients. Cette condition en complète d’autres : être âgé d’au moins 18 ans, être de nationalité française, être atteint d’une « affection grave et incurable » et « présenter une souffrance physique ou psychologique liée à cette affection ».

Selon la nature des débats, l’aide à mourir pourrait très bien devenir une « réponse en cours de maladie, bien avant la fin de vie », s’est ému, par exemple, le député communiste Stéphane Peu. Celui-ci redoute en effet que, « dans les moments de grande désespérance », la possibilité d’être soigné soit « contrebalancée » par la loi sur l’aide à mourir. Quoi qu’il advienne, il reviendra aux médecins de trancher, malgré le serment d’Hippocrate qui leur interdit de « donner la mort »

DIGNE : L’évocation par Mac Macron II d’un possible référendum sur le sujet en cas d’enlisement de la loi a évidemment échauffé les esprits. En l’état, n’excluons pas le vote (prévu le 27 mai) d’un texte beaucoup plus permissif que ce qui était présenté au départ. Reposons l’une des questions centrales : aurions-nous besoin d’une nouvelle loi si les soins palliatifs étaient à la hauteur d’un pays comme la France, alors que nos hôpitaux restent dramatiquement sous-dotés ?

La Cour des comptes estime ainsi que les besoins en soins palliatifs ne sont assurés qu’à hauteur de 50 % dans notre pays, ce qui, de fait, a rendu inopérante la loi Claeys-Leonetti pour une fin de vie digne et apaisée. Jusqu’à nos jours, la France avait toujours échappé à la demande d’assistance au suicide « par défaut », sans jamais faire porter sur les plus fragiles cette injonction sociale insupportable : ma vie vaut-elle la peine d’être vécue, puisque je suis un « poids » pour ma famille et la société ?

Sans parler des autres interrogations multiples. Donner la mort peut-il devenir un droit civique ? Accorder le droit de donner la mort constitue-t-il une rupture anthropologique ? L’État doit-il être mêlé, d’une manière ou d’une autre, à la mort d’une personne ?

DERNIER VOYAGE !

Lui, le vrai combattant contre toutes les guerres, Lui le vieux militant, vient de se faire la paire.   Pour son dernier voyage, Ils étaie...