Que leur faut-il de plus ? Sur un plateau de télévision, le 16 mai dernier, le député
israélien Zvi Sukkot déclare : « Tout le monde s’est habitué à ce
que l’on puisse tuer des centaines de Gazaouis en une nuit. Le monde entier
s’en fiche ». Il ne s’agit ici, ni d’un constat attristé ni d’un appel
à la raison. Il s’agit d’une carte blanche pour, insiste ce député, « continuer
la guerre et triompher ».
Il fait ainsi
le service après-vente de la stratégie du sinistre Netanyahou qui déroule le
plan annoncé le 5 mai dernier visant le « contrôle total »
de tout le territoire de la bande de Gaza et le déplacement, voire la déportation,
des deux millions quatre cent mille habitantes et habitants.
« Nous sommes engagés dans des combats intenses et de grande ampleur à
Gaza et nous progressons »
confirme Netanyahou quelques jours plus tard, promettant « d’agir de
manière à ce que personne ne puisse arrêter son armée ».
Une
détermination meurtrière confirmée par son ministre des Finances, Smotrich
annonçant qu’Israël « détruisait tout ce qu’il reste de la bande de
Gaza »
De fait, qui
regarde quelques instants une carte de l’enclave palestinienne, s’aperçoit que
la couleur sombre attestant du degré d’annexion envahit la quasi-totalité de
l’espace. Que faut-il alors pour arrêter le bras des bouchers ?
Que faut-il de plus aux dirigeants
occidentaux, moulinant leurs éléments de langage sur la démocratie, le droit
international et la litanie des mots vidés de sens et de chair, chargés de
couvrir de leur fumeux discours ce que la justice internationale qualifie de
« risque de génocide ».
Face à un tel
« risque » Il est odieux que le président de la République française
s’en remette aux historiens. Son rôle est d’agir pour l’empêcher.
Laisser-faire, c’est être complice d’une sanglante guerre d’éradication.
Que faut-il de plus que ce
cauchemar permanent, ses cycles infernaux de déluge de bombes occidentales sur
des populations démunies, affamées, sans eau potable, sans soins et hygiènes
possibles, privées de systèmes d’égouts, exilées plusieurs fois, vivant au
milieu de leurs maisons réduites en collines de béton brisé, de terres, de
détritus et de déchets ? Que faut-il de plus que ce blocus qui pousse
inexorablement vers la mort des milliers d’enfants affaiblis par la tenaillante
faim ?
Que faut-il de plus pour faire
arrêter les criminels qui dorment dans des lits douillets au cœur de leurs
villas à Tel-Aviv ou dans les territoires volés aux Palestiniens en
Cisjordanie ?
Que faut-il de plus ? Aucun
dirigeant occidental ne respecte la décision de la cour pénale internationale
qui a lancé un mandat d’arrêt à l’encontre de Netanyahou déjà poursuivi dans
son propre pays pour corruption. Ont-ils à l’esprit que leur propre conscience
se meurt sur l’autel de ces crimes et massacres ?
Aucun autre
bruit ne pourra les couvrir !
Que faut-il de plus à ces
dirigeants européens bombant le torse devant leurs feuilles de papier à en-tête
de « nos valeurs » ? C’est le moment de les respecter. C’est le
moment de dire que « nos valeurs » sont bien la démocratie et le
respect du droit international et des droits humains. Il en va de leur crédibilité.
En conséquence
du respect de l’article 2 du traité d’association entre l’Union européenne
et Israël qui suppose le « respect des droits humains et des
principes démocratiques », décision doit être prise de suspendre sine die
toute coopération avec l’État d’Israël.
C’est possible, facilement, puisque cet accord a officiellement expiré en
janvier dernier.
On peut donc
immédiatement cesser de l’appliquer et de décider de ne le renouveler qu’à
l’issue d’un processus de paix, de reconnaissance de l’intégrité territoriale
de la Palestine, et du respect de l’engagement d’un État pour le peuple
palestinien. C’était d’ailleurs la motivation première de cet accord
d’association, à la suite du processus dit d’Oslo.
Dix-sept pays
viennent enfin de réclamer un « réexamen » de cet accord. Un pas
important vient donc d’être fait sous la pression du mouvement pour la justice
et la paix dans lequel la jeunesse est à la pointe ainsi que des organisations
de solidarité et des agences de l’ONU.
Seulement, on ne peut attendre d’interminables procédures qui font gagner
du temps aux bourreaux israéliens qui se soucient peu des otages de leur pays détenu par les forces du
Hamas.
D’autre part,
cet accord de libre-échange qui permet à Israël de disposer du statut le plus
favorable pour un pays non-membre de l’Union européenne a été complété par
d’autres accords de coopération dans les secteurs des télécommunications, de la
recherche et des technologies. Associée au programme Galileo (géolocalisation)
à Erasmus (échanges d’étudiants), Israël a exporté pour une valeur d’environ
17 milliards d’euros de marchandises, de machines, de produits chimiques
et pharmaceutiques, de systèmes d’exploitation informatiques vers l’Europe.
Il faut immédiatement dénoncer aussi ces traités.
Avec le
programme « Horizons – Europe », qui permet le financement de la
recherche-innovation, Israël semble avoir développé de nouveaux drones en
violation de la réglementation européenne qui interdit de tel financement pour
des technologies de guerre. Qu’attendent donc les dirigeants européens si
prompts à prodiguer au monde entier des leçons sur « leurs
valeurs » ?
En fait, ils
respectent peu de valeur. En ont-ils, vraiment ? Ils défendent d’abord des
intérêts. Ceux des multinationales. La présidente de la Commission européenne
avait déjà négocié des contrats de gaz fin 2023. Or, le gisement de gaz en
question se situe au large des côtes de Gaza et n’appartient jusqu’à nouvel
ordre ni à l’État Israélien, ni aux majors du pétrole israéliennes ou
américaines. L’aristocratique présidente de la Commission n’a toujours pas eu
un mot pour condamner les agissements du pouvoir d’extrême droite de Tel-Aviv.
Elle n’a même pas critiqué la décision d’interdiction de distribution de
nourriture et de l’aide humanitaire.
Voilà où sombrent les dites « valeurs ». Aux peuples donc de continuer à pousser, à
porter haut la cause palestinienne et du droit international.
L’Irlande et
l’Espagne ont annoncé suspendre toute exportation de matériel militaire et de
munitions vers Israël. Qu’attend le gouvernement français pour faire de
même ? Il peut et doit suspendre tous les accords bilatéraux entre
notre pays et un gouvernement qui sera poursuivi pour crimes de guerre, crimes
contre l’humanité et présomption de génocide.
Gaza est devenu
un multi-laboratoire. Il s’y teste non seulement l’acceptation des pouvoirs
euro-atlantique d’une extrême droite poussée à ses paroxysmes, mais son
alliance pour la déshumanisation, les tentatives de destruction des agences de
l’ONU, le naufrage du droit international, la privatisation de forces de
sécurité militaire et de l’aide internationale, la violation de la souveraineté
territoriale et des frontières ainsi que l’accaparement des espaces. Bref, le
laboratoire d’un monde d’atrocité, de brutalité contre la civilisation. Contre
ce monde, il faut se lever de mille manières possibles !
L’action
populaire, depuis les centres de recherche, les universités, dans les ports
devra désormais poser en grand ces nécessités en lien avec l’ensemble du
mouvement en cours pour mettre fin à tous les accords bilatéraux sécuritaires,
militaires et commerciaux. Il est urgent de faire cesser ces complicités qui
servent l’éradication d’un peuple.
Que faut-il de plus aux
gouvernants occidentaux tout autant dénués d’empathie, d’humanisme que
d’éthique, perdant leur honneur et le peu de crédit qui leur restait dans le
tombeau de Gaza ?
Jusqu’à quel
point peuvent-ils, sans honte, accepter ces flots de sang qui coulent sur les
terres de Gaza, ces assassinats et ces crimes, l’organisation de la famine et
la destruction des systèmes de santé ? Chaque jour, ils se vantent de
décider des sanctions contre la Russie, mais ils font silence sur leur impunité
vis-à-vis d’un pouvoir tout aussi belliciste et criminel. Au nom de quoi et
avec quelles armes Israël mène des guerres tous azimuts en Palestine, au Liban,
au Yémen et en Syrie désormais ?
L’Occident
capitaliste doit cesser de confier au pouvoir de Tel-Aviv ce rôle d’homme de
main de leurs velléités de domination. Le grand capital occidental qui cherche
à élargir son espace de conquêtes sur les énergies fossiles, l’eau, la
pharmacie et l’industrie militaire pousse à la construction du « grand
Moyen-Orient » au sein duquel le « Grand Israël » jouerait un
rôle prépondérant. Preuve est ainsi faite que le capital international n’a
aucun scrupule à faire exécuter le travail par un pouvoir d’extrême droite qui,
pour parvenir à ses fins, exploitera toujours plus les travailleurs israéliens
de toute catégorie. Les travailleuses et travailleurs des pays occidentaux
n’ont strictement aucun intérêt à ces projets qui font d’eux les fantassins
d’une guerre économique sans merci. Ils ont besoin eux aussi de la paix et de
la justice. Ensemble avec les travailleurs israéliens et palestiniens, ils ont
besoin de conquérir le pouvoir sur leur travail, les productions et les
institutions. Leur souveraineté ne peut être complète si l’un des peuples,
le peuple palestinien, ne peut pas choisir la manière dont il veut vivre aux
côtés des Israéliens. S’il ne lui est pas ouvert la possibilité de
construire son État à partir des frontières définies en 1967 et de mettre en
place ses institutions. Cela va de pair avec les moyens pour garantir la
sécurité à Israël et à la Palestine.
Il faut écouter
et entendre le cri d’alerte de l’ancien ministre de la Défense Israélien Moshé
Yaalon : « Le massacre des Palestiniens par Israël relève d’une
idéologie messianique, nationaliste et fasciste ». Voilà qui est aussi
sévère que clair. Qui traitera cet ancien général d’antisémite ?
Nous sommes à
un tournant redoutable. L’action populaire doit se diriger vers le président de
République et les institutions européennes afin qu’ils agissent réellement. Se
joue à Gaza et dans toute La Palestine occupée une manière de voir et de construire
le monde : Soit celui de la barbarie et de la négation du droit
international. Soit celui de l’humanité, d’un monde commun d’égalité à bâtir
ensemble dans le respect des souverainetés, des histoires, de la géographie,
des valeurs universelles. Gaza nous concerne donc toutes et tous par-delà nos
opinions. Faire vivre Gaza et La Palestine au côté d’Israël engage notre
humanité et son devenir !