vendredi 21 mars 2025

« Manifestation du 22 mars : jeter enfin le chiffon brun »



Il était minuit moins le quart, puis minuit moins une minute, à la veille du scrutin législatif de 2024. L’extraordinaire sursaut citoyen et républicain de l’entre-deux-tours a empêché le Rassemblement national d’accéder au pouvoir ; son score a néanmoins propulsé une armada de lepénistes à l’Assemblée.

Depuis, ils dictent leur agenda et imposent leur novlangue nauséabonde à un gouvernement illégitime, dont nombre de membres ont fait leurs les antiennes racistes les plus délirantes et malsaines. La France serait ainsi engloutie par une prétendue « submersion migratoire ». Qu’importe si les faits contredisent ce chiffon brun agité par l’extrême droite et une bonne partie de la droite qui a définitivement enterré le legs gaulliste.

Le discours, qui charrie la haine de l’autre, vampirise les esprits ; il stigmatise les étrangers, mais également les binationaux. Il constitue un terrible levier de division de la population et des travailleurs. Dans ce climat de surenchère, l’exécutif en profite pour remettre en cause des libertés publiques et des droits fondamentaux – en premier lieu, le droit du sol. S’ensuivent les passages à l’acte. Qui peut croire que la banalisation, ou plus exactement la normalisation des thèses de l’extrême droite n’est pas étroitement liée à l’explosion des paroles et des actes racistes, xénophobes, antisémites ?

Les plus de 500 organisations – syndicats, associations, partis politiques – à l’origine des manifestations de ce 22 mars, au lendemain de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, ont mille fois raison de sonner l’alerte, d’appeler à la mobilisation et au réveil des consciences. La rue ne peut être la propriété des groupuscules identitaires qui défilent crânement, comme l’ont fait leurs mentors des ligues factieuses.

On ne peut que souhaiter que les défilés soient une réussite à l’image de la dynamique rassembleuse de l’entre-deux-tours des législatives, et espérer que la communication erratique de la France insoumise – qui a osé user de codes similaires à la propagande antisémite des années 1930 – ne vienne pas brouiller les mots d’ordre de ces marches salutaires. La gravité du moment ne peut souffrir aucune faute. Il est toujours minuit moins une.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

COMPAGNONS !

Je garderai de vous, compagnons de misère, au blanc de mes jardins la noirceur de vos pas, des rides de douleur sur une eau qui fut claire...