Il était minuit
moins le quart, puis minuit moins une minute, à la veille du scrutin législatif
de 2024. L’extraordinaire sursaut citoyen et républicain de l’entre-deux-tours
a empêché le Rassemblement national d’accéder au pouvoir ; son score a
néanmoins propulsé une armada de lepénistes à l’Assemblée.
Depuis, ils
dictent leur agenda et imposent leur novlangue nauséabonde à un gouvernement
illégitime, dont nombre de membres ont fait leurs les antiennes racistes les
plus délirantes et malsaines. La France serait ainsi engloutie par une
prétendue « submersion migratoire ». Qu’importe si les faits
contredisent ce chiffon brun agité par l’extrême droite et une bonne partie de
la droite qui a définitivement enterré le legs gaulliste.
Le discours,
qui charrie la haine de l’autre, vampirise les esprits ; il stigmatise les
étrangers, mais également les binationaux. Il constitue un terrible levier de
division de la population et des travailleurs. Dans ce climat de surenchère,
l’exécutif en profite pour remettre en cause des libertés publiques et des
droits fondamentaux – en premier lieu, le droit du sol. S’ensuivent les
passages à l’acte. Qui peut croire que la banalisation, ou plus exactement la normalisation
des thèses de l’extrême droite n’est pas étroitement liée à l’explosion des
paroles et des actes racistes, xénophobes, antisémites ?
Les plus de 500
organisations – syndicats, associations, partis politiques – à
l’origine des manifestations de ce 22 mars, au lendemain de la Journée
internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, ont mille fois
raison de sonner l’alerte, d’appeler à la mobilisation et au réveil des
consciences. La rue ne peut être la propriété des groupuscules identitaires qui
défilent crânement, comme l’ont fait leurs mentors des ligues factieuses.
On ne peut que
souhaiter que les défilés soient une réussite à l’image de la dynamique
rassembleuse de l’entre-deux-tours des législatives, et espérer que la communication
erratique de la France insoumise – qui a osé user de codes similaires à la
propagande antisémite des années 1930 – ne vienne pas brouiller les mots
d’ordre de ces marches salutaires. La gravité du moment ne peut souffrir aucune faute. Il est toujours minuit moins une.
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