« Ensauvagée. » Voilà, selon un certain nombre de
chaînes d’informations continues et de journaux quotidiens ou hebdomadaires,
quel serait le trait saillant de la jeunesse. À l’appui de ce soi-disant « constat »,
éditorialistes et chroniqueurs de ces médias épaulés par nombre de
personnalités politiques convoquent de terribles faits divers qui mêlent
jeunes, agressions, rixes, couteaux. Pour aussi dramatiques que soient ces
faits divers, ils ne sont cependant en rien révélateurs d’un « ensauvagement » généralisé
de la jeunesse.
A contrario, les jeunes, plus encore peut-être que d’autres pans de la
société, sont confrontés à un durcissement des conditions de vie quasi
inédit. À elle seule, l’association Linkee a distribué l’année dernière
3 millions de repas à près de 70 000 étudiants. De plus en plus de
jeunes sont contraints de louer des boxes de
parking pour se loger ou dorment dans leur voiture.
Le qualificatif ensauvagé s’applique bien mieux à la politique qui a
conduit à cette situation qu’à la jeunesse. D’autant que le budget concocté par Bayrou va
encore aggraver cette situation avec 32 milliards d’économies programmées.
Dans le viseur, les dépenses publiques et le « coût du
travail » avec l’objectif de détruire un peu plus l’État social,
les services publics et la Sécurité sociale. Donc d’ajouter de la difficulté à
la difficulté.
Pourtant, au nom de la « responsabilité », les mêmes
qui parlent de « jeunesse ensauvagée » dénoncent
ceux qui votent la censure, les accusant d’entraîner la France dans le chaos.
Et, là encore, c’est une incroyable inversion. Depuis que le Nouveau Front
populaire est arrivé en tête des élections législatives, ses différentes
composantes ont plaidé pour que le scrutin soit respecté et donc que la gauche
ait, au moins, la possibilité de mettre en débat au Parlement et dans l’opinion
publique certaines de ses propositions. Le président de la République en a
décidé autrement – deux fois – au nom d’une hypothétique stabilité qui se
révèle aujourd’hui pour ce qu’elle est en réalité : un coup de force.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire