Emmanuel Macron est à Brégançon. Il prépare à ce qu’il paraît son
allocution du 31 décembre et ce n’est pas facile. Il aura beau faire,
comme on peut s’y attendre, avec les crises internationales, rien ne pourra le
détourner de cette question : comment faire passer un désastre
démocratique pour une avancée politique, comment donner à croire qu’un
gouvernement minoritaire représente la volonté du pays.
Le désastre, c’est la suite de la dissolution et du déni du résultat des
élections qui ont suivi avec le refus de reconnaître la place du Nouveau Front
populaire. L’exécutif minoritaire, c’est celui de François Bayrou, après Michel
Barnier, bricolé avec la droite, sous le contrôle du Rassemblement national.
Qui aurait pu imaginer que Marine Le Pen, sur un simple coup de fil au
premier ministre, ait écarté Xavier Bertrand – quoi qu’on pense de lui – du
laborieux casting gouvernemental.
Et vogue la galère, mais déjà le capitaine, qui n’est pas à la manœuvre,
part un peu tard, bien trop tard, à Mayotte, comme pour se faire pardonner. On
imagine sans peine, là-bas, le niveau de sa crédibilité. Et pendant ce temps,
comme deux frères, presque des jumeaux, Bruno Retailleau et Gérald Darmanin
sont à la une du Journal du dimanche de Vincent Bolloré.
Gérald Darmanin, désormais garde des Sceaux non sans susciter l’inquiétude de
la magistrature, est à la une du Parisien dimanche de Bernard
Arnault avec un entretien sur quatre pages et ce titre claironnant :
« Darmanin veut frapper fort ». Fort, pas juste. Et le JDD,
de son côté, détaille le « plan d’attaque » du
duo « qui remet la droite en selle ».
Pour les journaux de deux des milliardaires les plus influents du pays,
voilà les hommes sur qui compter. C’est au prix d’un coup de force idéologique.
Immigration et insécurité : voilà les deux priorités de la France.
Retraites, salaires et pouvoir d’achat, moyens pour la santé et l’éducation
nationale, politiques de la ville, égalité femmes-hommes, environnement et
transition écologique sont comme gommés du paysage au profit du duo triomphant
mais qui ne peut faire illusion. En semblant lui tenir la dragée haute, le
binôme l’offre à l’extrême droite.
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