mercredi 20 novembre 2024

« Le nerf de la guerre », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



L’heure tourne, inexorablement, et la planète grille ses dernières cartouches. Les études alarmantes s’enchaînent ; les catastrophes climatiques meurtrières se multiplient, mais les appels à la raison restent sans effet. Tous les signaux virent pourtant à l’écarlate : 2024 est considérée comme l’année la plus chaude ; la température moyenne mondiale a battu les records précédents et dépassera, pour la première fois, 1,5 °C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle, selon un rapport de l’Organisation météorologique mondiale. Le tournant est « historique », insiste cette agence onusienne. Rien n’y fait.

L’heure tourne, mais à Bakou, la COP29 piétine. Tergiversations, rétropédalages, atermoiements, impossible convergence sur le texte final au terme d’une semaine de discussions. « Arrêtons le théâtre et passons aux choses sérieuses ! » s’est exaspéré Simon Stiell, le secrétaire exécutif de l’ONU climat. L’une des pierres d’achoppement porte sur le New Collective Quantified Goal, à savoir les objectifs de financement, et singulièrement l’aide consacrée par les grandes puissances à la transition climatique des pays en développement. Sous l’égide des Nations unies, des économistes ont évalué à 1 000 milliards de dollars par an le montant de l’enveloppe indispensable pour garantir les mutations à opérer. Mais aucun accord ne se dessine.

L’heure tourne, mais pas de fumée blanche du côté de Rio de Janeiro où se tient le G20, et dont les pays membres sont pourtant responsables de 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pas un mot sur la sortie des énergies fossiles alors que la COP28 en faisait mention pour la première fois. Quant au financement – le nerf de la guerre contre le réchauffement climatique –, les dirigeants des États les plus riches se sont bornés à des déclarations de principe, mais sans aucune avancée tangible en termes de chiffrages et de contributeurs, dont la Chine. Le président brésilien, qui a poussé à la création d’une Alliance globale contre la faim, a plaidé auprès de ses homologues pour une taxation des ultrariches. Sa proposition a peu de chance d’aboutir. Encore une occasion manquée. L’heure tourne, inexorablement.

 

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