« La banane à un million d'euros », le billet de Maurice Ulrich.

Un million d’euros, la banane. À quoi il faut ajouter le coût de l’entretien : le protocole d’achat stipule qu’elle doit être changée toutes les semaines. Il s’agit de l’œuvre que l’artiste italien Maurizio Cattelan avait scotchée en 2019 sur le mur d’une galerie, achetée alors 100 000 euros et de nouveau mise en vente aux enchères, ce mercredi, par Sotheby’s.

Cattelan est déjà l’auteur de la sculpture hyperréaliste du pape écrasé par une météorite, d’un petit Hitler en prière, d’un chiot en or ou encore, à Milan, devant le siège de la Bourse, le Palazzo Mezzanotte, construit en 1932 et emblématique de l’architecture fasciste, d’une main aux doigts coupés, sauf le majeur dressé.

Un doigt d’honneur de onze mètres de haut. Sous un certain angle, l’œuvre évoque aussi le salut romain de l’époque mussolinienne. Les milieux financiers de Milan voudraient la voir disparaître. À ce jour, elle est toujours là. L’œuvre, disait Marcel Duchamp, est dans l’œil du regardeur. La banane est plus sûrement dans le portefeuille de qui a les moyens indécents de se faire bananer.