mardi 15 octobre 2024

« Cauchemar américain », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



Entre Kamala Harris et Donald Trump, l’écart se resserre, selon les sondages. Et même si la candidate démocrate reste en tête au niveau national, la particularité du système électoral américain, avec ses grands électeurs, signifie qu’une fois encore l’élection va se jouer dans quelques États.

Dans ces fameux Swing States – États pivots –, quelques milliers de voix peuvent suffire à faire basculer les États-Unis du bleu au rouge. Pour chaque candidat, l’enjeu est donc d’assurer son socle électoral, mais également de ne pas perdre des franges, voire d’en gagner. Si Kamala Harris rechigne à aller chercher sur sa gauche, Trump, lui, n’hésite pas à aller toujours plus à droite.

En cette fin de campagne, l’angle de radicalisation électorale choisi par Donald Trump est celui du masculinisme. Il s’affiche donc avec des influenceurs « mascu » et participe à des émissions sur Internet dont le thème principal est d’inciter les hommes américains, principalement blancs, à renouer et à affirmer une masculinité qui serait méprisée, voire persécutée.

Cette oppression fantasmée serait, selon eux, encore renforcée si Kamala Harris, femme, métisse et fille de migrants, arrivait au pouvoir. Pour le candidat républicain, l’objectif est de surfer sur l’idée répandue dans ces milieux qu’il existerait un complot « woke » contre la grandeur américaine. « Make America Great Again » – Rendre sa grandeur à l’Amérique – impliquerait donc de mettre au pouvoir, tant dans la sphère publique que privée, des « mâles » alpha, rugueux, brutaux et impitoyables…

Avec ces influenceurs, et grâce à l’aide d’Elon Musk et de son réseau X, l’idéologie trumpiste se diffuse à coup de streams et de posts. La cible est un électorat bien précis : des jeunes hommes de moins de 30 ans, blancs, masculinistes, complotistes, survivalistes, anti-État fédéral. Un profil qui, habituellement, vote peu mais qui pourrait faire la différence en faveur de Trump dans certains de ces États pivots, s’il décidait de se déplacer. Pour neutraliser cette frange électorale qui rêve d’un avenir à la « servante écarlate », la candidate démocrate va devoir, elle aussi, trouver comment radicaliser son propos pour susciter espoir, engouement et mobilisation à l’opposé de l’échiquier.

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