Entre Kamala Harris et Donald Trump, l’écart se resserre, selon les
sondages. Et même si la candidate démocrate reste en tête au niveau national,
la particularité du système électoral américain, avec ses grands électeurs,
signifie qu’une fois encore l’élection va se jouer dans quelques États.
Dans ces fameux Swing States – États pivots –, quelques milliers de voix
peuvent suffire à faire basculer les États-Unis du bleu au rouge. Pour chaque
candidat, l’enjeu est donc d’assurer son socle électoral, mais également de ne
pas perdre des franges, voire d’en gagner. Si Kamala Harris rechigne à aller
chercher sur sa gauche, Trump, lui, n’hésite pas à aller
toujours plus à droite.
En cette fin de campagne, l’angle de radicalisation électorale choisi par
Donald Trump est celui du masculinisme. Il s’affiche donc avec des
influenceurs « mascu » et participe à des émissions sur Internet dont
le thème principal est d’inciter les hommes américains, principalement blancs,
à renouer et à affirmer une masculinité qui serait méprisée, voire persécutée.
Cette oppression fantasmée serait, selon eux, encore renforcée si Kamala
Harris, femme, métisse et fille de migrants, arrivait au pouvoir. Pour le
candidat républicain, l’objectif est de surfer sur l’idée répandue dans ces
milieux qu’il existerait un complot « woke » contre la grandeur
américaine. « Make America Great Again » – Rendre sa grandeur à l’Amérique
– impliquerait donc de mettre au pouvoir, tant dans la sphère publique que
privée, des « mâles » alpha, rugueux, brutaux et impitoyables…
Avec ces influenceurs, et grâce à l’aide d’Elon Musk et de son
réseau X, l’idéologie trumpiste se diffuse
à coup de streams et de posts. La cible est un électorat bien précis : des
jeunes hommes de moins de 30 ans, blancs, masculinistes, complotistes,
survivalistes, anti-État fédéral. Un profil qui, habituellement, vote peu mais
qui pourrait faire la différence en faveur de Trump dans certains de ces États
pivots, s’il décidait de se déplacer. Pour neutraliser cette frange électorale
qui rêve d’un avenir à la « servante écarlate », la candidate
démocrate va devoir, elle aussi, trouver comment radicaliser son propos pour
susciter espoir, engouement et mobilisation à l’opposé de l’échiquier.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire