Camouflet : Nous aurons donc tout connu sous
le règne de Mac Macron. Soyons lucides, désormais : la considérable crise
ne concerne plus seulement la Macronie, installée par le prince-président il y
a plus de six ans, mais bien l’intégralité du cœur politique de notre
République – définitivement à bout de souffle. Neuf mois après l’adoption au forceps
de la réforme des retraites, l’exécutif vient de redécouvrir à quel point il
est fragile, sinon inopérant.
Le camouflet que lui ont infligé les oppositions, lundi 11 décembre, à
l’Assemblée nationale, en se coalisant contre le projet de loi sur l’immigration,
qu’elles ont refusé de discuter, n’est pas qu’un coup dur pour le gouvernement.
C’est un coup de tonnerre inouï, qui signe l’échec personnel du sinistre de
l’Intérieur et, au-delà, enterre définitivement le « en même temps »
érigé en art stratégique supposé.
Souvenons-nous que ce « en même temps » était né un
18 février, en 2017, à Toulon, à l’issue d’un meeting de campagne où le
futur prince-président n’avait cessé, durant un discours fleuve et
contradictoire, de recourir à cette locution adverbiale, devenue gimmick. Ce
soir-là, Mac Macron, qui se voyait déjà reprocher par ses adversaires de
pratiquer un « grand écart » intenable entre la
gauche et la droite, et de « courir plusieurs lièvres
électoraux », avait défendu son credo du dépassement en ces
termes : « Il y en a qui diront ”c’est flou“
; d’autres, ”il y a un loup“, mais ils
s’habitueront, car nous allons continuer… »
L’Histoire avec son grand H retiendra que ce « en même temps »,
déjà passablement épuisé, est mort un 11 décembre, en 2023, dans un
Hémicycle surchauffé.
Présidentialisme : L’affaire n’est évidemment pas
achevée, puisqu’un texte final sur l’immigration peut encore, hélas, sortir du
chapeau, avec le risque qu’il soit à nouveau durci par la droite. Si victoire
parlementaire il y eut ce 11 décembre, peut-être s’avérera-t-elle, dans
quelques jours, assez relative. Mais, quoi qu’il arrive, à l’évidence, ce
moment singulier nous dit autre chose de plus profond.
Le macronisme s’efface beaucoup plus vite qu’on ne l’imaginait… trois ans
avant la prochaine échéance présidentielle. D’où la question, déjà posée ici
même par le bloc-noteur : ce Mac Macron II finissant peut-il se
réinventer, lui qui prônait après sa réélection une « nouvelle
méthode » ? Personne n’a rien vu venir. Ni le renouvellement de
son logiciel, ni un cap lisible, encore moins de la clarté. Cette fois, la
vieille pulsion est réveillée : le roi est nu, à bas le roi ! Quoi
qu’il dise, quoi qu’il fasse, Mac Macron II a perdu la main, à force de
tout détruire, jusqu’à la légitimité de sa position comme de son incarnation.
De mépris en coups de menton, le prince-président, en « Nabo »
du XXIe siècle bien plus destructeur que Nicoléon en son temps
(c’est dire), a poussé les feux du libéralisme technocratique au point d’essouffler
définitivement ce qu’il subsistait encore de notre régime. Même en allant
chercher très loin la parole des éditocrates qui, jadis, se complaisaient dans
les plis du présidentialisme absolu, tout républicain un peu sérieux
s’interroge : la Ve République a-t-elle vécu ?
Verticalité : Parvenus à ce point de crispation
démocratique, sociale et institutionnelle, regardons un peu la vérité en face.
Le régime du monarque-élu se trouve totalement déconnecté de la réalité !
Avec une conséquence inévitable, et dangereuse : à tous les échelons de la
République, nous constatons dorénavant une défiance croissante envers tous les
cadres représentatifs.
Depuis son arrivée sous les lambris du palais, Mac Macron I et II a
poussé la verticalité jupitérienne jusqu’à la caricature. Résultat, le
sentiment de fracture entre le chef de l’État et les citoyens connaît une
aggravation si inquiétante et mortifère que tout retour en arrière paraît
impossible, sinon inutile. Après tout, qu’une déculottée survienne depuis le
Parlement a quelque chose de savoureux. Mac Macron et sa première sinistre
n’ont-ils pas humilié la représentation nationale avec vingt 49.3 en
dix-huit mois ?
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