C’est
l’histoire d’une compagnie qui porte le nom d’une chanson de Léo Ferré, Jolie
Môme. C’est l’histoire d’un lieu qui, en dix-neuf ans, s’est métamorphosé
en un théâtre dont le nom, la Belle Étoile, est un clin d’œil au poème de
Prévert. « Boulevard de la Chapelle où passe le métro aérien/il y a des
filles très belles et beaucoup de vauriens… »
Voilà dix-neuf
ans que la compagnie Jolie Môme a transformé un bâtiment à l’abandon en un
théâtre ouvert sur la ville et ceux qui l’habitent. La Belle Étoile a passé le
périph et a pignon sur rue au 14 de la rue Saint-Just, métro « Front-
Populaire », Saint-Denis.
En dix-neuf
ans, elle en a vu passer, la Belle Étoile, des artistes et des clochards
célestes, des poètes et des troubadours, ouvrant grandes ses portes à des
compagnies connues ou inconnues ; créant ses propres spectacles dans la
lignée du théâtre d’agit-prop ; intervenant auprès des enfants dans les
écoles du quartier avec la complicité de la compagnie TMT ! –
Tamèrantong. La Belle Étoile est aussi connue pour accueillir des
rencontres, des débats, des soirées de soutien, des concerts, bref, tout un tas
d’initiatives qui semblent poser problème à l’équipe municipale actuelle.
Le nouveau
maire a décidé de mettre un terme au contrat qui liait la Ville à la Belle
Étoile. Deux raisons invoquées : installer en lieu et place l’équipe des
Déchargeurs, qui a dû elle-même quitter son théâtre au cœur de Paris en raison
d’une opération immobilière. Une mise en concurrence de deux équipes
artistiques des plus perverses. La seconde pointe une soirée de soutien au
peuple palestinien organisée à la Belle Étoile, le maire de Saint-Denis jugeant
la nature de cette initiative « hors des clous ».
Depuis quand
les artistes doivent-ils marcher dans les clous ? Depuis quand la
démocratie doit-elle s’arrêter aux portes du théâtre ? Oubliée l’histoire
de ce lieu, de sa transformation en un théâtre ouvert et hospitalier ;
oublié l’engagement des artistes à bâtir un espace de liberté.
Ici, la
municipalité préfère construire un commissariat plutôt qu’un
conservatoire ; là, elle supprime sa subvention au festival de musique,
préférant faire appel au mécénat. Le maire prétendait donner « un
nouveau souffle à Saint-Denis ». Vous avez dit politique de la
ville ? C’est à l’œuvre qu’on voit l’artisan. Allez, circulez, Jolie Môme…
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