L’Arabie saoudite, terre de contraste. Côté vitrine et
flonflons, il y a les milliards dépensés pour attirer Neymar et autres stars du
foot, censés redorer l’image de la pétromonarchie. Côté coulisses, la violence
sans limite d’une tyrannie. Les faits révélés hier dans un rapport d’Human
Rights Watch (HRW) sont glaçants. Selon l’association, plusieurs centaines de
migrants éthiopiens auraient été tués par les gardes-frontières saoudiens,
entre mars 2022 et juin 2023, alors qu’ils tentaient de pénétrer sur le
territoire, via la frontière avec le Yémen. Les mots de Nadia Hardman,
spécialiste des migrations à HRW, sont terribles. Elle parle de meurtres « généralisés et systématiques », qui concerneraient au minimum 655 personnes, « peut-être des milliers », elle évoque des champs d’extermination où des corps
auraient été vus éparpillés à flanc de colline… Des accusations basées sur une
multitude de témoignages. Mais aussi des images satellites, des vidéos, des
photos. Accablant.
L’horreur ainsi décrite jette, s’il le fallait encore,
une lumière crue sur la brutalité de ce régime politique. Sous la férule du
prince héritier, Mohammed Ben Salmane, le pouvoir harcèle, voire exécute, tout
opposant politique, intellectuel, féministe ou encore militant des droits de
l’homme. Évidemment, cette répression s’exerce aussi à l’égard des immigrés.
Des parias, exploités en masse, exposés parfois aux tortures, aux viols. Et,
donc, aux exécutions sommaires lorsqu’ils tentent de venir par une voie
clandestine.
Ce rapport de HRW le montre une nouvelle fois : l’affichage de modernité de la dynastie saoudienne, complaisamment relayé par nombre de naïfs, cyniques ou cupides, n’est qu’un leurre. Les faits dénoncés relèvent
potentiellement du crime contre l’humanité. Et appellent l’ouverture d’une enquête sous l’égide de l’ONU. Ils interrogent aussi la
responsabilité des puissances occidentales. Dont la France, qui a fait de
l’Arabie saoudite un allié régional et son premier client en achat d’armes.
Cette compromission, dont on retrouve les traces sanglantes dans le conflit au
Yémen, nourrit l’impunité d’un régime dont on sait qu’il ne recule devant
aucune tuerie.
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