Le
peintre d’Ornans, admirable représentant du réalisme et dont l’œuvre est d’une
pâte solide et savoureuse, a touché à l’impressionnisme dans quelques tableaux
où il a peint des toiles de plein-air. Sa haine de Napoléon III était extrême.
Sa joie d’en être libéré sous la Commune lui fit accepter de présider la
commission artistique, ce qui le fit accuser à tort d’être l’auteur du
renversement de la colonne Vendôme et provoqua sa condamnation. Il dut s’exiler
en Suisse pour éviter les persécutions et se réfugia près de Vevey, dans le
canton de Vaud où il mourut d’une cirrhose du foie.
Courbet
a toujours dans le main le poids de la terre, ces kilos de blanc et de noir de
pêche dont ses tableaux, sont nourris, graissés, équipés pour toujours comme
des voyageurs qui tiendront jusqu’au bout dans leurs vêtements un peu sombres.
Sans doute pensait-il à faire durer les choses comme le paysan franc-comtois la
redingote de famille
Aux
versions académiques, aux fausses recettes des ateliers et des écoles, Courbet
opposait ses trouvailles de cuisinier flairon, ses sauces au thym et à la
marjolaine, ses civets de chasseur, ses pâtes bien pétries et ses fruits
cueillis à l’arbre. Ancêtre de la peinture anti-intellectualiste, il fut
l’autodidacte qui se meut dans l’élémentaire. Ouvrier, mais quel ouvrier !
Peintre paysan comme Chardin, fut le peintre bourgeois, voilà ce qu’il est
toujours resté. Peintre socialiste, il eût voulu l’être, mais la terre et la
poésie de la terre l’ont mieux inspiré que les plus belles pages de la vie
ouvrière.
Il
aimait la matière du sol, de la route, et des eaux miroitantes. Il fut le
géologue de la peinture. Les montagnes, les torrents, les forêts, les mers
déchaînées sont par Courbet aussi soigneusement évoqués que les grands yeux de
femmes, larges et tirés vers les tempes, en forme de sourire, ou les nus
paresseusement offerts sur les draps qui sentent la lavande.
C’est
lui principalement qui a ouvert toute grande à l’impressionnisme la porte sur
le plein-air dans « Les Demoiselles des bords de la Seine » qui
précèdent le « Déjeuner sur l’herbe » de Manet.
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