vendredi 10 décembre 2021

Gustave COURBET : « Les Demoiselles des bords de la seine »



Le peintre d’Ornans, admirable représentant du réalisme et dont l’œuvre est d’une pâte solide et savoureuse, a touché à l’impressionnisme dans quelques tableaux où il a peint des toiles de plein-air. Sa haine de Napoléon III était extrême. Sa joie d’en être libéré sous la Commune lui fit accepter de présider la commission artistique, ce qui le fit accuser à tort d’être l’auteur du renversement de la colonne Vendôme et provoqua sa condamnation. Il dut s’exiler en Suisse pour éviter les persécutions et se réfugia près de Vevey, dans le canton de Vaud où il mourut d’une cirrhose du foie.

Courbet a toujours dans le main le poids de la terre, ces kilos de blanc et de noir de pêche dont ses tableaux, sont nourris, graissés, équipés pour toujours comme des voyageurs qui tiendront jusqu’au bout dans leurs vêtements un peu sombres. Sans doute pensait-il à faire durer les choses comme le paysan franc-comtois la redingote de famille

Aux versions académiques, aux fausses recettes des ateliers et des écoles, Courbet opposait ses trouvailles de cuisinier flairon, ses sauces au thym et à la marjolaine, ses civets de chasseur, ses pâtes bien pétries et ses fruits cueillis à l’arbre. Ancêtre de la peinture anti-intellectualiste, il fut l’autodidacte qui se meut dans l’élémentaire. Ouvrier, mais quel ouvrier ! Peintre paysan comme Chardin, fut le peintre bourgeois, voilà ce qu’il est toujours resté. Peintre socialiste, il eût voulu l’être, mais la terre et la poésie de la terre l’ont mieux inspiré que les plus belles pages de la vie ouvrière.

Il aimait la matière du sol, de la route, et des eaux miroitantes. Il fut le géologue de la peinture. Les montagnes, les torrents, les forêts, les mers déchaînées sont par Courbet aussi soigneusement évoqués que les grands yeux de femmes, larges et tirés vers les tempes, en forme de sourire, ou les nus paresseusement offerts sur les draps qui sentent la lavande.

C’est lui principalement qui a ouvert toute grande à l’impressionnisme la porte sur le plein-air dans « Les Demoiselles des bords de la Seine » qui précèdent le « Déjeuner sur l’herbe » de Manet.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

ÇA PLEURE UN HOMME !

Un homme ne pleure pas, un homme réfléchit, il fait taire son cœur, il est impénétrable.   Voilà ce que disait le vieillard vénérable au c...