Combien
faudra-t-il de morts ? À partir de combien de personnes qui auraient pu
être sauvées et qui ne l’ont pas été, estimera-t-on qu’il y a quelque chose de
pourri dans notre système de santé ? En réalité, c’est le droit aux soins
que les pouvoirs publics laissent crever au nom de la sacro-sainte « maîtrise
des dépenses de santé ».
Comme pour
nombre de secteurs, la santé et particulièrement l’hôpital public et les
urgences subissent le processus infernal d’un désengagement financier. Cela
conduit à une situation très dégradée qui est utilisée ensuite comme argument
pour fermer des services ou des sites. Les hôpitaux doivent être gérés comme
des entreprises afin de gagner en efficacité et coûter moins cher, voilà le
credo. En conséquence, depuis plus de vingt ans, les hôpitaux n’ont plus eu
accès aux emprunts de la Caisse des dépôts.
C’est la fin
des intérêts très bas et des délais de remboursement très longs. Pour financer
des travaux ou les achats de matériels de pointe, il faut désormais emprunter
auprès des banques commerciales. Et elles vont se gaver, creusant au passage la
fameuse dette de l’hôpital… et justifiant par la même occasion des mesures
d’économies qui aggravent encore la situation, entraînent des fermetures de
lits, de services, de sites, accélèrent la formation des déserts médicaux et
surchargent de fait les hôpitaux et les urgences encore en activité. Cet
engrenage catastrophique se traduit concrètement par la mise en danger de
patients. L’engagement des personnels hospitaliers ne suffit plus à
rattraper les défaillances structurelles.
Refusant de
s’attaquer à ces problèmes de fond, le pouvoir cherche « des
trucs » : obliger les patients à appeler le centre 15 avant d’aller
aux urgences, abuser des auxiliaires médicaux et des secouristes. Bref,
limiter le plus possible la possibilité d’accéder aux services d’urgences et
d’être vu par un médecin. Aujourd’hui, le bilan de cette gestion comptable
et libérale du système de santé est de 1 500 à 2 000 « morts
évitables » par an, comme les appellent les médecins. Alors combien de
morts faudra-t-il ? 3 000, 5 000, 10 000 ? Avec les canicules à
répétition, le chiffre pourrait atteindre des
sommets.
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