Voici un
rapport qui doit faire date. Les conclusions de la
commission parlementaire dite Bétharram sont de salut
public. D’abord parce qu’elles ont permis de porter à la lumière des voix
longtemps étouffées : celles des victimes. « On parle de
libération de la parole, mais beaucoup de gens parlaient ! (…) Ce qui nous
unit tous, c’est le manque de courage des adultes qui ont vu et n’ont rien
fait », a ainsi confié l’une d’elles à la commission. On ne parle pas
ici de simples dysfonctionnements, mais de violences physiques, de sévices
sexuels, d’actes de torture, parfois assimilables à de l’esclavage, sur des
enfants. Un scandale d’une ampleur rare.
Déjà 250
plaintes sont en cours d’instruction. D’autres suivront. C’est là une première
victoire – mais amère. Car, pour nombre d’enfants ayant subi l’innommable, la
justice restera hors d’atteinte si rien ne change en raison de la prescription.
L’omerta des directions d’établissement, conjuguée au silence de l’État, a
causé des ravages irréparables.
Un autre mérite
du rapport est de lever le voile sur un système où l’enseignement privé
catholique, épicentre de la majorité des cas révélés, jouit d’une impunité
sidérante. Religion, intérêts privés et intérêt général n’ont jamais fait bon
ménage : aucun contrôle des dérives connues, mais tues jusque dans les
plus hautes sphères. Une forme de sabotage de l’intérieur de la République.
Il est frappant
de constater que les mêmes responsables politiques qui se drapent dans les mots
de « séparatisme », de « laïcité » ou de « défense
républicaine » sont ceux qui, pendant des décennies, ont laissé faire.
Et qui, aujourd’hui encore, couvrent des cas comme celui de l’école Stanislas,
toujours en infraction avec ses obligations. Les recommandations du rapport
doivent désormais être suivies d’effets.
Sans cela, le
système continuera à fonctionner selon les lois du silence, de la violence et
des idées d’Ancien Régime. Mais rien n’est gagné. Le déni continue jusqu’à
Matignon. La moitié des députés RN s’est abstenue sur les conclusions du
rapport. Quand il s’agit de banaliser la violence et de piétiner les principes
républicains, ils ne sont jamais bien loin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire