Pour les
députés du groupe de Marine Le Pen et ses
amis, qui siègent officiellement dans l’opposition, ce n’est jamais
le moment de s’opposer à François Bayrou. Depuis la nomination du maire de Pau
à Matignon, en décembre 2024, les élus du Rassemblement national n’ont pas
voté une seule fois la censure du gouvernement.
L’occasion leur a pourtant été fournie à sept reprises. À chaque scrutin, ils
ont opté pour le maintien des ministres à leur poste – et la poursuite de la
politique d’austérité qu’ils mettent en œuvre. Le 19 février, leurs voix
auraient permis à elles seules de faire basculer le vote. François Bayrou
ne pouvait rêver meilleurs opposants. Il peut leur dire merci. En attendant
mieux avec l’« union des droites » tentée jeudi par
le groupe d’Éric Ciotti en direction de la minorité macroniste sur des
textes devant servir de passerelle avec le RN.
Sans surprise,
l’extrême droite a décidé de ne pas saisir la nouvelle perche tendue
avec la motion de censure des députés PS,
déposée mercredi. Cette fois, le texte vise à s’opposer à la
décision du Premier ministre de ne pas rouvrir devant le Parlement le débat sur
la retraite à 64 ans à l’issue du conclave entre patronat et
syndicats. Pour François Bayrou, le sujet est tranché : « Tous les
participants (au conclave) se sont accordés pour ne pas remettre en
cause les conditions d’âge fixées par la réforme de 2023. » Autrement
dit, pas question de permettre aux députés de revenir sur cette mesure.
Théoriquement, du pain bénit pour le RN,
qui avait pris position contre la réforme : impossible de refuser la
censure sans se dédire sur ce point. Mais l’extrême droite veut le pouvoir.
Non pour s’opposer à la finance, mais pour servir ses intérêts d’une autre
façon. Elle promet la censure à l’automne, au moment du budget. On verra.
Paris vaut bien une veste (retournée). Au RN, l’heure est à la conversion
assumée à la « règle d’or » budgétaire du traité de Maastricht,
et à la chasse aux « mauvaises dépenses » pour plaire aux marchés.
Pour Le Pen et consorts, les retraites en font partie.
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