vendredi 27 juin 2025

« Veste retournée », l’éditorial de Sébastien Crépel.



Pour les députés du groupe de Marine Le Pen et ses amis, qui siègent officiellement dans l’opposition, ce n’est jamais le moment de s’opposer à François Bayrou. Depuis la nomination du maire de Pau à Matignon, en décembre 2024, les élus du Rassemblement national n’ont pas voté une seule fois la censure du gouvernement. L’occasion leur a pourtant été fournie à sept reprises. À chaque scrutin, ils ont opté pour le maintien des ministres à leur poste – et la poursuite de la politique d’austérité qu’ils mettent en œuvre. Le 19 février, leurs voix auraient permis à elles seules de faire basculer le vote. François Bayrou ne pouvait rêver meilleurs opposants. Il peut leur dire merci. En attendant mieux avec l’« union des droites » tentée jeudi par le groupe d’Éric Ciotti en direction de la minorité macroniste sur des textes devant servir de passerelle avec le RN.

Sans surprise, l’extrême droite a décidé de ne pas saisir la nouvelle perche tendue avec la motion de censure des députés PS, déposée mercredi. Cette fois, le texte vise à s’opposer à la décision du Premier ministre de ne pas rouvrir devant le Parlement le débat sur la retraite à 64 ans à l’issue du conclave entre patronat et syndicats. Pour François Bayrou, le sujet est tranché : « Tous les participants (au conclave) se sont accordés pour ne pas remettre en cause les conditions d’âge fixées par la réforme de 2023. » Autrement dit, pas question de permettre aux députés de revenir sur cette mesure.

Théoriquement, du pain bénit pour le RN, qui avait pris position contre la réforme : impossible de refuser la censure sans se dédire sur ce point. Mais l’extrême droite veut le pouvoir. Non pour s’opposer à la finance, mais pour servir ses intérêts d’une autre façon. Elle promet la censure à l’automne, au moment du budget. On verra. Paris vaut bien une veste (retournée). Au RN, l’heure est à la conversion assumée à la « règle d’or » budgétaire du traité de Maastricht, et à la chasse aux « mauvaises dépenses » pour plaire aux marchés. Pour Le Pen et consorts, les retraites en font partie.

 

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