samedi 21 juin 2025

« L'irresponsable bombardement des sites nucléaires », l’éditorial de Sébastien Crépel.



L’engrenage redoutable en train de se mettre en branle au Moyen-Orient rappelle le funeste enchaînement des événements ayant conduit à la seconde guerre du Golfe en mars 2003. À cette différence près que l’Iran de l’ayatollah Ali Khamenei n’est pas l’Irak dénucléarisée de Saddam Hussein. Les capacités de la République islamique tout comme l’imminence de sa menace atomique sont certes surestimées par Tel-Aviv et Washington pour servir de prétexte à leur guerre. Il n’en reste pas moins que l’Iran dispose d’un large complexe, officiellement utilisé à des fins civiles. Le bombardement des sites nucléaires pour mettre fin à leur détournement militaire fait courir le risque d’un cataclysme menaçant la région et le monde.

On se souvient que les tirs russes visant la centrale de Zaporijia, en Ukraine, ont mobilisé légitimement la communauté internationale, inquiète des conséquences potentielles des destructions. Le danger des bombardements de sites sensibles en Iran étant rigoureusement le même, la position du président de la République française en est d’autant plus surprenante. À rebours de ses anciennes préventions, Emmanuel Macron s’est dit préoccupé du fait que les tirs israéliens « visent de plus en plus des objectifs sans lien avec le programme nucléaire et balistique iranien ». Faut-il en déduire que la France serait davantage rassurée si l’armée de Benyamin Netanyahou pilonnait sans relâche les centrales iraniennes ?

Croire que les tirs de pays « alliés » seraient par définition plus « responsables » que ceux de pays « adverses » pour la seule raison qu’ils viennent du « bon côté » des forces en présence relève de la fable la plus invraisemblable. Cibler des installations atomiques est parfaitement irresponsable, point final. L’Élysée dit souhaiter « la fin (des) opérations militaires » entre l’Iran et Israël et le retour de « la négociation » : sages paroles, qui exigent cependant davantage que de la « préoccupation » face au bain de sang qui s’annonce, mais aussi devant la menace d’un « accident » de tir catastrophique dont personne ne peut aujourd’hui prédire l’ampleur et les retombées.

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