L’engrenage
redoutable en train de se mettre en branle au Moyen-Orient rappelle le
funeste enchaînement des événements ayant conduit à la seconde guerre du Golfe
en mars 2003. À cette différence près que l’Iran de l’ayatollah Ali
Khamenei n’est pas l’Irak dénucléarisée de Saddam Hussein. Les capacités de la
République islamique tout comme l’imminence de sa menace atomique sont
certes surestimées par Tel-Aviv et Washington pour servir de prétexte à leur
guerre. Il n’en reste pas moins que l’Iran dispose d’un large complexe,
officiellement utilisé à des fins civiles. Le bombardement des sites nucléaires
pour mettre fin à leur détournement militaire fait courir le risque d’un
cataclysme menaçant la région et le monde.
On se souvient
que les tirs russes visant la centrale de Zaporijia, en Ukraine, ont mobilisé
légitimement la communauté internationale, inquiète des conséquences
potentielles des destructions. Le danger des bombardements de sites
sensibles en Iran étant rigoureusement le même, la position
du président de la République française en est d’autant plus
surprenante. À rebours de ses anciennes préventions, Emmanuel Macron s’est
dit préoccupé du fait que les tirs israéliens « visent de plus en
plus des objectifs sans lien avec le programme nucléaire et balistique
iranien ». Faut-il en déduire que la France serait davantage rassurée
si l’armée de Benyamin Netanyahou pilonnait sans relâche les centrales
iraniennes ?
Croire que les
tirs de pays « alliés » seraient par définition plus
« responsables » que ceux de pays « adverses » pour la
seule raison qu’ils viennent du « bon côté » des forces en présence
relève de la fable la plus invraisemblable. Cibler des installations atomiques
est parfaitement irresponsable, point final. L’Élysée dit souhaiter « la
fin (des) opérations militaires » entre l’Iran et Israël et le retour
de « la négociation » : sages paroles, qui exigent
cependant davantage que de la « préoccupation » face
au bain de sang qui s’annonce, mais aussi devant la menace d’un
« accident » de tir catastrophique dont personne ne peut aujourd’hui
prédire l’ampleur et les retombées.
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