samedi 7 juin 2025

« La haine xénophobe, jusqu’au meurtre… », le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin.



RACISTE. Des armes, une revendication très politique et une haine xénophobe qui aboutissent au meurtre d’un homme de 45 ans, Hichem Miraoui, de nationalité tunisienne, abattu samedi 31 mai à Puget-sur-Argens, dans le Var. Le profil du suspect, un certain Christophe B., a tout du radicalisé d’extrême droite, comme en atteste son profil Facebook : commentaires racistes, imagerie belliqueuse, exhibition de fusils, de pistolets et des phrases irréelles, puisque l’individu en question demande aux Français d’« aller les chercher là où ils sont », les « islamiques », les « sans-papiers »… Et, bien sûr, des appels à voter Rassemblement national.

La France va mal. Le plus fastidieux, en telle conjoncture, c’est l’obligation de ne pas se tromper d’angoisse ni de mot de passe. L’éthique politique des femmes et des hommes politiques sans éthique ressemble à la dernière bouffée d’air des cœurs qui asphyxient. Terrible fond de décor d’une Macronie à la dérive. Il vient un moment où les tambouilles d’idées et les calculs politiciens nous renversent l’esprit, tant ils sont à côté de la plaque. Un moment où l’on ne peut plus confier qu’à des tapis magiques la tâche de conjurer l’injuste et superficiel « deux et deux font quatre », et point final. Deux et deux font quatre ? Évidemment. Et les mots ont un sens : un crime raciste.

SYMBOLE. Oui, une haine raciste affichée, revendiquée, banalisée, à l’image de la société actuelle, saturée par les fausses polémiques et la surenchère nationaliste et xénophobe, partout, tous les jours, à longueur d’antenne. Les méchants et les salauds se sont emparés du débat public. Ce n’est pas nouveau, mais le climat politico-médiatique porte, et portera aux yeux de l’histoire, une responsabilité majeure.

Que dire de ces empires friqués des médias, transformés en officine de l’extrême droite, du poujadisme de base, de la bêtise et de la beauferie régulière ? Haine, haine, haine à tous les étages. Et collusion des dérives en tout genre. Car, de même, que dire du sinistre de l’Intérieur, Retailleau-le-voilà, issu soi-disant d’une « droite républicaine », qui parle et agit en théorisant les pires paradigmes du RN, obnubilé par la prétendue « submersion » migratoire ? Certes, le réac de Beauvau a prononcé des mots, lundi, après l’assassinat raciste perpétré dans le Var, affirmant que « chaque crime raciste est un crime anti-Français », évoquant « poison qui tue » et rappelant, quand même, que « la République ne fait aucune différence selon les origines, la couleur de peau, les religions ». Donc acte.

Seulement voilà, il y a les paroles, les actes et aussi le choix du lieu d’où l’on parle. Car Retailleau-le-voilà a décidé de ne pas se déplacer à Puget-sur-Argens pour rendre hommage à ce Tunisien massacré. Alors les mots… restent des mots. Et nous le bloc-noteur, qui n’est pas seul, a le droit de douter de la sincérité du sinistre de l’Intérieur, comme de ses arguments pour justifier son non-déplacement. Ce fut son choix, assumé. Un choix invraisemblable, une faute grave en vérité, qu’une visite à l’ambassade de Tunisie ne réparera jamais. Le symbole d’une visite d’un ministre d’État n’aurait pas été qu’un symbole, même si les valeurs républicaines se nourrissent de symbolique : la République devait être là ! Le ministre en question n’y était pas. Honte à lui.

ULTRADROITISÉ. Comment s’étonner, finalement ? Si Retailleau-le-voilà s’est refusé à aller rendre hommage à Hichem Miraoui, ne cherchons pas trop la raison consciente ou inconsciente. Aurait-il vu, par hasard, une sorte de contradiction entre ses mots de lundi soir sur le perron de Matignon et son discours habituel, normalisé, lui aussi banalisé ? La République défaillante, à son plus haut niveau. Voilà la réalité. Et le bilan de huit ans de Mac Macron.

Après avoir siphonné la gauche libérale et la droite dite « classique » lors de son premier mandat, ce dernier a ultradroitisé tous ses choix en vue de ce qu’il croyait être son assurance-vie : le tête-à-tête avec l’extrême droite, singulièrement Fifille-la-voilà. Quitte à baliser la voie aux idées nauséeuses. Quitte à nommer qui vous savez Place Beauvau. Mac Macron a abaissé un véritable pont-levis à tout ce qui tourne autour de l’extrême droite. Nous y sommes. La démocratie est désormais en péril, la République elle-même, peut-être. Comment croire que les Français suivent ce chemin ?

 

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