RACISTE. Des armes, une
revendication très politique et une haine xénophobe qui aboutissent au meurtre d’un homme de
45 ans, Hichem Miraoui, de nationalité tunisienne, abattu samedi 31 mai à Puget-sur-Argens, dans
le Var. Le profil du suspect, un certain Christophe B.,
a tout du radicalisé d’extrême droite, comme en atteste son profil Facebook : commentaires racistes,
imagerie belliqueuse, exhibition de fusils, de pistolets et des phrases
irréelles, puisque l’individu en question demande aux Français d’« aller
les chercher là où ils sont », les « islamiques »,
les « sans-papiers »… Et, bien sûr, des appels à voter
Rassemblement national.
La France va
mal. Le plus fastidieux, en telle conjoncture, c’est l’obligation de ne pas se
tromper d’angoisse ni de mot de passe. L’éthique politique des femmes et des
hommes politiques sans éthique ressemble à la dernière bouffée d’air des cœurs
qui asphyxient. Terrible fond de décor d’une Macronie à la dérive. Il vient un
moment où les tambouilles d’idées et les calculs politiciens nous renversent
l’esprit, tant ils sont à côté de la plaque. Un moment où l’on ne peut plus
confier qu’à des tapis magiques la tâche de conjurer l’injuste et superficiel « deux
et deux font quatre », et point final. Deux et deux font quatre ?
Évidemment. Et les mots ont un sens : un crime raciste.
SYMBOLE. Oui, une haine
raciste affichée, revendiquée, banalisée, à l’image de la société actuelle,
saturée par les fausses polémiques et la surenchère nationaliste
et xénophobe, partout, tous les jours, à longueur d’antenne. Les méchants et les salauds se sont emparés du débat
public. Ce n’est pas nouveau, mais le climat politico-médiatique porte, et
portera aux yeux de l’histoire, une responsabilité majeure.
Que dire de ces
empires friqués des médias, transformés en officine de l’extrême
droite, du poujadisme de base, de la
bêtise et de la beauferie régulière ? Haine, haine, haine à
tous les étages. Et collusion
des dérives en tout genre. Car, de même, que dire du sinistre de l’Intérieur,
Retailleau-le-voilà, issu soi-disant d’une « droite républicaine »,
qui parle et agit en théorisant les pires paradigmes du RN, obnubilé par la
prétendue « submersion » migratoire ? Certes, le réac de
Beauvau a prononcé des mots, lundi, après l’assassinat raciste perpétré dans le
Var, affirmant que « chaque crime raciste est un crime
anti-Français », évoquant « poison qui tue » et
rappelant, quand même, que « la République ne fait aucune différence selon
les origines, la couleur de peau, les religions ». Donc acte.
Seulement
voilà, il y a les paroles, les actes et aussi le choix du lieu d’où l’on parle.
Car Retailleau-le-voilà a
décidé de ne pas se déplacer à Puget-sur-Argens pour rendre hommage à ce
Tunisien massacré. Alors les
mots… restent des mots. Et nous le bloc-noteur, qui n’est pas seul, a le droit
de douter de la sincérité du sinistre de l’Intérieur, comme de ses arguments
pour justifier son non-déplacement. Ce fut son choix, assumé. Un choix
invraisemblable, une faute grave en vérité, qu’une visite à l’ambassade de
Tunisie ne réparera jamais. Le symbole d’une visite d’un ministre d’État
n’aurait pas été qu’un symbole, même si les valeurs républicaines se
nourrissent de symbolique : la République devait être là ! Le
ministre en question n’y était pas. Honte à lui.
ULTRADROITISÉ. Comment s’étonner,
finalement ? Si Retailleau-le-voilà s’est refusé à aller rendre hommage à Hichem Miraoui,
ne cherchons pas trop la raison consciente ou inconsciente. Aurait-il vu, par
hasard, une sorte de contradiction entre ses mots de lundi soir sur le perron
de Matignon et son discours habituel, normalisé, lui aussi banalisé ?
La République défaillante, à son plus haut niveau. Voilà la réalité. Et le
bilan de huit ans de Mac Macron.
Après avoir
siphonné la gauche libérale et la droite dite « classique »
lors de son premier mandat, ce dernier a ultradroitisé tous ses choix en vue de
ce qu’il croyait être son assurance-vie : le tête-à-tête avec l’extrême
droite, singulièrement Fifille-la-voilà. Quitte à baliser la voie aux idées
nauséeuses. Quitte à nommer qui vous savez Place Beauvau. Mac Macron a abaissé
un véritable pont-levis à tout ce qui tourne autour de l’extrême droite. Nous y
sommes. La démocratie est désormais en péril, la République elle-même,
peut-être. Comment croire que les Français suivent ce chemin ?
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