Longtemps, le
spectre de la menace islamiste a concentré l’attention des services. Merah, Charlie
Hebdo, le Bataclan : l’histoire récente a imposé une hiérarchie de la
peur où l’islamisme radical écrasait toutes les autres menaces. Mais, dans
l’ombre, un autre danger a mûri, épaissi, jusqu’à prendre racine dans le
paysage républicain : celui de l’extrême droite.
Alors que les
ministres successifs, avec une complaisance médiatique stupéfiante, agitent le
spectre d’une « ultragauche » érigé au rang de principal danger
politique du moment, c’est bien de l’autre côté du spectre que les morts se
comptent. Les « écoterroristes » inventés par Gérald Darmanin ou le
danger des Black-blocks agités par Bruno Retailleau ne sont que des écrans de
fumée qui cachent mal leur complaisance.
Pendant que les
moyens ont été quasiment exclusivement mis sur la menace (réelle) de
l’islamisme et que les contrefeux sont agités pour affaiblir la gauche, le
danger du terrorisme d’extrême droite monte en puissance, bien plus structuré, bien
plus létal. Dans les services de renseignement, on le sait. On le dit
depuis des années. Mais le pouvoir fait mine de regarder ailleurs.
+Pourtant ils
alertent, repèrent des groupuscules armés, néonazis, obsédés par la guerre
civile, rêvant d’un 18 Brumaire racialiste. Des individus chauffés à blanc par
l’omniprésence médiatique du RN et la parole publique nauséabonde libérée
menacent de passer à l’acte. La haine s’organise. Car c’est tout un archipel
bien connecté, financé, internationalisé, souvent dopé aux récits russes de
guerre civilisationnelle que doivent surveiller des renseignements sans moyens.
Comme le montre le drame de l’assassinat d’Hichem Miraoui,
la droite si prompte à s’autoproclamer championne de la sécurité, met en
réalité les citoyens en danger.
Aujourd’hui,
les services n’ont plus de doute : l’extrême droite devient une menace
prioritaire. Mais à quoi sert un renseignement lucide, si le pouvoir reste
aveugle ? Et il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.
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