jeudi 5 juin 2025

« Complicité », l’éditorial de Rosa Moussaoui dans l’Humanité.



À Gaza, chaque jour perdu pèse de tout son poids de vies anéanties. Il n’est plus temps de « durcir le ton ». La mécanique génocidaire doit être stoppée de toute urgence. Cet « assaut barbare contre une population civile », selon les mots de l’ancien ambassadeur d’Israël en France, Elie Barnavi, qui se dit étreint par « l’effroi et le dégoût », aurait pu être empêché. Il était ouvertement annoncé, dès le lendemain 7-octobre, par les extrémistes au pouvoir à Tel Aviv.

Deux jours après les attaques du Hamas, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, aujourd’hui visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, exigeait un « siège complet » pour infliger une punition collective à ceux qu’il désignait comme des « animaux humains ». Dans le même mouvement, le président israélien, Isaac Herzog, récusait « cette rhétorique selon laquelle les civils (…) ne sont pas impliqués ».

Au même moment, Giora Eiland, major général de l’armée israélienne à la retraite, ancien chef du Conseil de sécurité nationale, promettait de « faire de Gaza un lieu où il sera temporairement ou définitivement impossible de vivre », tandis qu’Ariel Kallner, député du Likoud, plaidait pour « une Nakba qui éclipsera celle de 1948 ». La ministre de l’Information, Galit Distel Atbaryan, exhortait au même moment l’armée israélienne à se montrer « vengeresse et cruelle », pour « effacer tout Gaza de la surface de la Terre ». De tels appels publics à perpétrer des crimes contre l’humanité sont innombrables. Personne ne pouvait les ignorer.

Pris d’un tardif sursaut de conscience, Emmanuel Macron affirme aujourd’hui que les Occidentaux perdront « toute crédibilité » s’ils « laissent faire Israël ». Mais que valent ces paroles, quand Paris continue de livrer du matériel militaire à Tel-Aviv ? Des révélations de nos confrères de Disclose indiquent qu’un cargo israélien devait faire escale ce jeudi 5 juin à Fos-sur-mer pour y embarquer, en secret, 14 tonnes de pièces détachées de fabrication française pour fusils-mitrailleurs. Il s’agirait de la troisième expédition de ce type à destination d’Haïfa, depuis le début de l’année 2025. Les paroles ici ne valent rien. Seuls comptent les actes. De telles livraisons relèvent d’une inexcusable complicité : elles sont autant de feux verts au génocide en cours.

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