Donald Trump a
franchi une ligne rouge. Le président s’en défend, mais il a bel et bien engagé
les États-Unis dans une
confrontation directe avec l’Iran, quitte à se fâcher avec son électorat « isolationniste »,
réfractaire à toute implication dans un nouveau conflit au nom de
« l’Amérique d’abord ». Le milliardaire, qui est passé à l’acte sans
l’autorisation du Congrès, continue de menacer Téhéran d’une nouvelle « tragédie »
si la République islamique ne se plie pas à ses injonctions et à celles
d’Israël.
Le régime
théocratique et sanguinaire est contestable et condamnable mais aujourd’hui
l’Iran est une nation agressée. Les pilonnages de trois centrales nucléaires –
outre leur caractère éminemment dangereux – sont illégaux et illégitimes. Il
n’y a pas de preuves tangibles de l’existence d’un arsenal atomique, comme
l’affirment les experts de l’AIEA et… la CIA.
Le magnat de
l’immobilier, adepte des volte-face fracassantes, ne semble pas mesurer l’onde
de choc de son action au Moyen-Orient et au-delà. Personne ne peut prédire
quelle sera la réponse de Téhéran, même affaibli. L’éventuelle fermeture du
détroit d’Ormuz entraverait le commerce mondial de l’or noir et pourrait constituer
un nouveau prétexte pour bombarder le pays. L’avertissement du secrétaire
général des Nations unies, Antonio Guterres, doit être entendu lorsqu’il
qualifie les bombardements de Washington de « menace directe à la paix
internationale ».
La croisade de
la première puissance mondiale et de son allié israélien doit être battue en
brèche. « La paix par la force » ânonnée par Trump et
Netanyahou, et défendue en son temps par Ronald Reagan, revient à faire la
guerre et à fouler aux pieds un droit international déjà fragilisé par
l’impunité des crimes de Tel-Aviv à Gaza et en Cisjordanie occupée. Cette
logique est criminelle et irresponsable.
Les échecs en
Irak en 2003 ou encore en Libye en 2011 en attestent : imposer la paix par
les armes est un non-sens aux conséquences tragiques. « On n’exporte
pas la démocratie dans un fourgon blindé », disait, à juste titre,
Jacques Chirac. Malgré le coup de poignard de Donald Trump, la
diplomatie peut encore se frayer un chemin. À la condition de se dégager de la
tutelle de la Maison-Blanche et de l’atlantisme béat de certaines
chancelleries, complices de l’actuelle déflagration.
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