En France,
quand les initiateurs d’un référendum perdent la partie, ils ont
coutume d’accuser les électeurs d’avoir répondu à côté de la question
posée. Voire d’ignorer leur « non » majoritaire, comme ce fut le
cas après la dernière consultation de ce type, il y a vingt ans, sur le projet
de traité constitutionnel européen. Qu’en serait-il a fortiori d’une question
que les Français ne songent même pas qu’on puisse un jour
leur poser ?
François Bayrou
avait le choix des sujets possibles à soumettre aux électeurs, de la proportionnelle aux
législatives à l’abrogation de la réforme
des retraites. Au lieu de
cela, l’idée de génie du premier ministre est de faire avaliser par les
Français eux-mêmes un plan de super-austérité dont ils seraient les
premiers à pâtir.
Au programme,
de méga-coupes budgétaires dans les services publics et les
prestations sociales, voire une hausse de la durée du travail, si on
lit entre les lignes de ce que François Bayrou appelle pudiquement le
« volet production » de sa proposition dans le Journal du
dimanche.
Tandis que les
Français sont toujours opposés à 68 % à la réforme
qui les oblige à travailler deux ans de plus (sondage Ifop pour la CGT), et que le premier ministre ne dispose
d’aucune majorité pour gouverner, ce dernier croit-il sincèrement être en
mesure de susciter « l’adhésion des Français aux réformes » ?
Ce qui, dans un autre contexte, passerait pour du bon sens tient ici de la
gageure. On ne voit pas comment un tel référendum pourrait aboutir au résultat
qu’il espère.
Dès lors, la
seule question qui vaille est : combien de bandes compte le coup de
billard de François Bayrou ? Pour quoi faire ? Mettre la pression sur
les députés LR et RN notamment, pour déjouer la menace de la
censure ? Permettre à Emmanuel Macron de sortir de l’ornière dans laquelle
il est enlisé depuis la dissolution (c’est à lui de convoquer les
référendums) ? Ou encore préparer les esprits à un plan d’austérité
adopté de manière plus classique ? À l’heure où le chef du
gouvernement est englué dans l’affaire Bétharram, son but est peut-être
plus prosaïque : se maintenir au pouvoir, contre vents et marées.
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