dimanche 4 mai 2025

« Référendum sur le budget de François Bayrou », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



En France, quand les initiateurs d’un référendum perdent la partie, ils ont coutume d’accuser les électeurs d’avoir répondu à côté de la question posée. Voire d’ignorer leur « non » majoritaire, comme ce fut le cas après la dernière consultation de ce type, il y a vingt ans, sur le projet de traité constitutionnel européen. Qu’en serait-il a fortiori d’une question que les Français ne songent même pas qu’on puisse un jour leur poser ?

François Bayrou avait le choix des sujets possibles à soumettre aux électeurs, de la proportionnelle aux législatives à l’abrogation de la réforme des retraites. Au lieu de cela, l’idée de génie du premier ministre est de faire avaliser par les Français eux-mêmes un plan de super-austérité dont ils seraient les premiers à pâtir.

Au programme, de méga-coupes budgétaires dans les services publics et les prestations sociales, voire une hausse de la durée du travail, si on lit entre les lignes de ce que François Bayrou appelle pudiquement le « volet production » de sa proposition dans le Journal du dimanche.

Tandis que les Français sont toujours opposés à 68 % à la réforme qui les oblige à travailler deux ans de plus (sondage Ifop pour la CGT), et que le premier ministre ne dispose d’aucune majorité pour gouverner, ce dernier croit-il sincèrement être en mesure de susciter « l’adhésion des Français aux réformes » ? Ce qui, dans un autre contexte, passerait pour du bon sens tient ici de la gageure. On ne voit pas comment un tel référendum pourrait aboutir au résultat qu’il espère.

Dès lors, la seule question qui vaille est : combien de bandes compte le coup de billard de François Bayrou ? Pour quoi faire ? Mettre la pression sur les députés LR et RN notamment, pour déjouer la menace de la censure ? Permettre à Emmanuel Macron de sortir de l’ornière dans laquelle il est enlisé depuis la dissolution (c’est à lui de convoquer les référendums) ? Ou encore préparer les esprits à un plan d’austérité adopté de manière plus classique ? À l’heure où le chef du gouvernement est englué dans l’affaire Bétharram, son but est peut-être plus prosaïque : se maintenir au pouvoir, contre vents et marées.

 

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