La petite
musique est devenue concerto et, depuis lundi, le haro contre l’État de droit
va crescendo. La condamnation de Marine
Le Pen dans l’affaire
des assistants parlementaires fictifs du FN/RN, doublée de la
disqualification, pour l’heure, de la cheffe de file de l’extrême droite à la
présidentielle de 2027, a déclenché l’ire de ceux qui se présentent en
défenseurs acharnés d’une justice intraitable, sauf, donc, lorsqu’elle
s’applique à eux.
Mais ce qui pourrait
être considéré comme un simple excès de frustration ne l’est pas. En jetant en
pâture une justice supposément « politique », en exposant à la
vindicte le nom et le visage de la magistrate Bénédicte de Perthuis – dont le
domicile a été placé sous protection policière –, le RN, ses caciques, une
partie de ses militants et de ses relais médiatiques jouent le jeu dangereux
d’opposer la justice à la démocratie.
La stratégie
mise en œuvre n’est ni inédite, ni anecdotique. Elle trouve d’ailleurs un écho
certain à droite, de Laurent Wauquiez à François Bayrou. En toute atteinte au
principe de séparation des pouvoirs, le premier ministre en exercice s’est
ainsi dit « troublé » par le verdict. Marine Le Pen hurle
au complot politique
Nicolas Sarkozy, lui
aussi condamné – celui qui,
en son temps, entendait supprimer les juges d’instruction au profit d’un
parquet soumis à l’autorité ministérielle –, s’y était employé avant elle.
Faire le procès de la justice est un marqueur de tous les autoritarismes, de
tous les populismes. Trump, Orban, Poutine, Netanyahou, tous ont pour dénominateur
commun de vouloir mettre la justice au pas. Et comme si l’anathème ne suffisait
pas, le RN convoque désormais le passage à l’action. En appelant à la
mobilisation, samedi, Jordan Bardella met ses troupes en ordre de bataille.
À l’heure où le
confusionnisme a plus que jamais le vent en poupe, aucune concession au mauvais
air du temps ne doit diviser les progressistes. Marine Le Pen et ses 23
coaccusés ont été condamnés pour
des faits graves, étayés, avérés : le détournement de près de 5 millions d’euros d’argent public.
Les peines prononcées découlent d’une décision fondée en droit. Le reste n’est
qu’argutie de politique politicienne. Aux conséquences démocratiques
potentiellement dévastatrices.
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