« Qu’est-ce qu’être français ? » : voilà à quoi le premier ministre veut répondre en
lançant une convention citoyenne déconcentrée. Dans le contexte actuel, on sent
bien que la parole populaire pourrait être instrumentalisée, pour ne retenir
que les « bonnes » propositions, celles allant dans le sens de l’exécutif
et de l’extrême droite.
La semaine
dernière, le rassemblement « Pour la République,
la France contre l’islamisme », en présence de plusieurs ministres,
se faisait le relais des discours de division, jetant la suspicion contre nos
compatriotes issus de l’immigration. Le mal est plus profond : du
ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale sous Sarkozy à la loi
immigration de Darmanin, ou plus récemment, de la remise en cause du droit du
sol à la volonté d’interdire le voile dans le sport ou bien encore les attaques
incessantes contre l’Algérie, il y a une démarche de distinction entre Français
selon leurs origines, entre citoyens vivant en France.
Les thèses
séparatistes d’extrême droite sont validées et au centre des débats
politico-médiatiques, portées par des groupes médiatiques puissants et relayées
par des algorithmes contrôlés par les patrons de la tech. Les forces du capital ont choisi leur camp et l’extrême droite plane
comme un vautour, pour ramasser le pouvoir. L’inversion des valeurs et la réécriture d’un récit national à force de désinformation et
de théories fumeuses
sont au cœur de ce processus infernal.
Les
communistes, les progressistes, ne peuvent laisser ce combat être récupéré par
des porteurs de haine, par les donneurs de médailles de « bon
Français ».
Le summum étant
que Bardella et Maréchal Le Pen aient été
invités par le gouvernement israélien à la « conférence
internationale de lutte contre l’antisémitisme », scellant l’alliance des
extrêmes droites du monde entier sous parrainage trumpiste. Cette haine suprême
des musulmans réconcilie les irréconciliables dans un projet de choc des
civilisations.
Personne ne
peut croire décemment que le RN, descendant des collaborationnistes, de ceux
qui participent à des bals néonazis à Vienne, soit soudain devenu les « meilleurs
défenseurs des juifs ». C’est même un contresens idéologique et
historique abject qui relève de l’imposture absolue. La lutte contre
l’antisémitisme est honteusement dévoyée et est instrumentalisée à des fins
nauséabondes, renvoyant les six millions de juifs exterminés par la barbarie
nazie à un « détail de l’histoire ».
Le racisme et
l’antisémitisme sont deux maux qui nourrissent l’intolérance et la peur de
l’autre, terreau de la haine et de la xénophobie. Il faut en finir avec les
préjugés, le fantasme d’un grand remplacement qui ferait peser une menace
civilisationnelle sur une pseudo-homogénéité ethnique de la nation française.
La France n’a jamais été une nation ethnique, mais bien politique.
Les alertes de
la Commission nationale consultative des droits humains (CNCDH) et du Défenseur
des droits sur la résurgence des actes antisémites et des actes racistes
doivent nous interpeller. Loin des mensonges répétés à longueur de temps, ces
paroles et ces actes de haine sont largement le fait de personnes et de groupes
se réclamant de l’extrême droite. Le lancement d’une campagne intersyndicale contre
le racisme est à cet égard salutaire. Les communistes, les progressistes, ne
peuvent laisser ce combat être récupéré par des porteurs de haine, par les
donneurs de médailles de « bon Français », par un parti tout juste condamné pour
détournement de fonds publics.
La progression
de l’extrême droite n’est pas un phénomène naturel mais l’évolution d’un capitalisme
sauvage, affaiblissant tout ce qui fait société. Pour la combattre, c’est à un
horizon de progrès qu’il faut travailler, basé sur une démarche populaire
agissante, avec au cœur, l’égalité des droits pour toutes et tous.
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