vendredi 4 avril 2025

« Face à la guerre commerciale de Trump : tracer une autre voie post-capitaliste », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité



Donald Trump tient sa revanche. Sa « déclaration d’indépendance économique » en est la preuve. Les annonces du président des États-Unis ont coupé le souffle tant la sémantique employée et le taux des hausses douanières sont violents, infondés. Personne n’imaginait que la puissance reine du libre-échange tourne le dos à ce qu’elle a elle-même promu durant des décennies.

Sans surprise, c’est la Chine – la véritable obsession du locataire de la Maison-Blanche – qui est hautement pénalisée avec une nouvelle surtaxe de 34 %. Partenaires d’hier et alliés de toujours sont, eux aussi, mis devant le fait accompli. Trump est résolu à reprendre le chantier laissé à l’abandon après son premier mandat. Le magnat de l’immobilier veut imposer un nationalisme protectionniste aux relents xénophobes et identitaires dont la finalité est de tordre le bras aux pays : cracher au bassinet ou s’implanter aux États-Unis pour relancer la machine industrielle.

Le « jour de la libération » ébranle toute l’architecture économique de l’après Seconde Guerre mondiale. Les États et l’Union européenne sont au pied du mur. Faut-il se plier aux injonctions du milliardaire ou s’inscrire dans une escalade de mesures de rétorsion qui seront chèrement facturées aux travailleurs et aux consommateurs ? Renforcer le vieux système libéral à la papa, source de crises sociales, économiques et environnementales à répétition, équivaut à un dangereux statu quo. Le point de bascule où nous nous trouvons commande, au contraire, de tracer une autre voie post-capitaliste.

Les économistes s’affolent déjà du choc récessif que pourraient entraîner les surtaxes douanières. Il n’épargnerait pas les ménages états-uniens, contrairement aux élucubrations avancées par l’hôte du bureau Ovale pour justifier ses mesures. Si d’aventure l’Amérique avait été un jour « pillée », « volée », « escroquée », comme il le prétend, c’est le fait des choix politiques de ses dirigeants et non de ses voisins.

Le protectionnisme défendu par Trump conforte aujourd’hui une partie de son électorat, mais il pourrait se détourner de son gourou dès les premiers contrecoups. Quant à ses opposants révoltés par le technofascisme à l’œuvre, ils braveront une nouvelle fois la rue ce 5 avril. Leur mot d’ordre : « Pas touche » à la démocratie en Amérique.

 

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Je garderai de vous, compagnons de misère, au blanc de mes jardins la noirceur de vos pas, des rides de douleur sur une eau qui fut claire...