jeudi 20 mars 2025

« Retraites : le loup dans la bergerie », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



Le « conclave » sur les retraites menaçait de s’enliser. Il est désormais en train d’imploser, après le refus de François Bayrou de toucher au totem des 64 ans. Son raidissement vient conforter tous ceux qui pensent le moment venu de prendre l’opinion à revers, en arguant du passage de l’Europe en « économie de guerre » pour justifier le changement des priorités budgétaires.

Le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, a récemment plaidé pour que les Français travaillent plus longtemps pour financer l’effort de défense. Idem pour le président du Medef, Patrick Martin, qui prend en exemple la retraite à 70 ans au Danemark.

À la faveur de ce nouvel ordre du jour, le débat public est subrepticement recentré sur l’introduction des fonds de pension pour compenser le rétrécissement du système par répartition, proclamé en faillite. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, s’est déclaré favorable à l’entrée du loup dans la bergerie. Les journalistes reçoivent des notes de « think tank » poussant à la capitalisation.

Mais de quelle faillite parle-t-on ? Alors qu’on traque le moindre déficit à venir dans les pensions, l’argent public coule à flots sans contrôle pour les grandes entreprises, mais aussi sans comptage officiel, comme le révèle en ce moment la commission sénatoriale créée à la demande de son rapporteur (et directeur de l’Humanité) Fabien Gay. Ces aides avoisineraient, au bas mot, les 200 à 250 milliards d’euros annuels.

À comparer aux 6 à 13 milliards que coûterait en 2035, selon la Cour des comptes, l’abaissement d’un an de l’âge légal de la retraite, et aux 4 à 7 milliards nécessaires pour diminuer d’autant la durée de cotisation ouvrant droit au taux plein.

Quant aux besoins de financement du système à paramètres inchangés, ils sont de 15 milliards en 2035 et de 30 milliards en 2045. Les comptes des retraites sont débattus à ciel ouvert : fort bien. La même transparence doit valoir pour les aides aux entreprises. Or, certaines données demeurent confidentielles, leur divulgation interdite par l’article 226-13 du Code pénal. Il faut demander et obtenir la levée de ce secret.

 

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