Le
« conclave » sur les retraites menaçait de s’enliser. Il est
désormais en train d’imploser, après le refus de François Bayrou de toucher au
totem des 64 ans. Son raidissement vient conforter tous ceux qui pensent
le moment venu de prendre l’opinion à revers, en arguant du passage de l’Europe
en « économie de guerre » pour justifier le changement des
priorités budgétaires.
Le président du
Conseil d’orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, a récemment plaidé
pour que les Français travaillent plus longtemps pour financer l’effort de
défense. Idem pour le président du Medef, Patrick Martin, qui prend en exemple
la retraite à 70 ans au Danemark.
À la faveur de
ce nouvel ordre du jour, le débat public est subrepticement recentré sur
l’introduction des fonds de pension pour compenser le rétrécissement du système
par répartition, proclamé en faillite. Le ministre de la Justice, Gérald
Darmanin, s’est déclaré favorable à l’entrée du loup dans la bergerie. Les
journalistes reçoivent des notes de « think tank » poussant à la
capitalisation.
Mais de quelle
faillite parle-t-on ? Alors qu’on traque le moindre déficit à venir dans
les pensions, l’argent public coule à flots sans contrôle pour les grandes
entreprises, mais aussi sans comptage officiel, comme le révèle en ce moment la
commission sénatoriale créée à la demande de son rapporteur (et directeur de l’Humanité)
Fabien Gay. Ces aides avoisineraient, au bas mot, les 200 à 250 milliards
d’euros annuels.
À comparer aux
6 à 13 milliards que coûterait en 2035, selon la Cour des comptes,
l’abaissement d’un an de l’âge légal de la retraite, et aux 4 à
7 milliards nécessaires pour diminuer d’autant la durée de cotisation
ouvrant droit au taux plein.
Quant aux
besoins de financement du système à paramètres inchangés, ils sont de
15 milliards en 2035 et de 30 milliards en 2045. Les comptes des
retraites sont débattus à ciel ouvert : fort bien. La même
transparence doit valoir pour les aides aux entreprises. Or, certaines
données demeurent confidentielles, leur divulgation interdite par
l’article 226-13 du Code pénal. Il faut demander et obtenir la levée de ce
secret.
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