mercredi 19 mars 2025

« La France doit reconnaître la Palestine avant qu’elle n’existe plus », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



Les bombardements israéliens sur Gaza au matin du 18 mars ont entraîné la mort de plus de 400 personnes. Un acte d’une violence inouïe, en plein cessez-le-feu, que Netanyahou présente comme une réponse à la non-libération d’otages par le Hamas qu’il assimile à une rupture de l’accord.

Il « oublie » au passage qu’en refusant de retirer les forces israéliennes de la route de Philadelphie le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte, c’est Israël qui a rompu l’accord. Comme l’explique Amos Harel, du journal Haaretz, « Israël a sciemment violé l’accord de cessez-le-feu avec le Hamas – avec l’approbation américaine – parce qu’il ne voulait pas respecter pleinement les termes sur lesquels il s’était engagé il y a deux mois ». Car qui peut sérieusement croire qu’une opération militaire aussi massive et meurtrière ne mette pas en danger les otages survivants ?

Remettre de l’huile sur le feu, relancer la guerre n’est donc pas motivé par le sort des otages israéliens. Mais cela a tout à voir avec l’agenda politique de Netanyahou. Haaretz pointe d’ailleurs une « série d’objectifs politiques urgents » pour le chef du gouvernement israélien : « Rétablir Itamar Ben Gvir au gouvernement, faire passer le budget et stabiliser la coalition (…) et limoger en toute tranquillité Ronen Bar, directeur du Shin Bet » pour prendre le contrôle des services de sécurité intérieure, dans le but d’imposer « un glissement progressif vers un régime de type autoritaire, dont il tentera d’assurer la survie par une guerre perpétuelle sur plusieurs fronts. » Et, bien évidemment, en finir avec toute perspective d’existence d’un État palestinien.

Dans ce contexte, les déclarations du gouvernement français, qui condamne la reprise des bombardements sur la bande de Gaza et appelle à leur « arrêt immédiat », sont nécessaires mais insuffisantes. Il faut que Paris pose un acte fort montrant sa détermination. « La France reconnaîtra l’État de Palestine quand cela sera l’élément qui permettra la paix et la sécurité de tous dans la région », disait il y a quelques mois Emmanuel Macron. Aujourd’hui, sa non-reconnaissance facilite l’entreprise d’anéantissement d’un peuple menée par Netanyahou. Le temps presse.

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