lundi 10 février 2025

« Handicap : pourquoi il faut changer de regard », l’éditorial de Marion d’Allard dans l’Humanité.



Pour certains plus que pour tous les autres, la vie quotidienne est une course d’obstacles. Pour certains plus que pour tous les autres, se déplacer, être soigné, se loger, travailler, se cultiver ou s’informer est une gageure. Pour 12 millions de Français, le handicap, parfois peu visible, souvent invasif, est presque toujours motif de discrimination.

Malgré les incantations, les beaux discours et les grandes causes décrétées, cette rupture d’égalité demeure une entrave majeure à notre vivre-ensemble. Il y a vingt ans, la France se dotait d’un outil législatif ambitieux : la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Deux décennies plus tard, à l’heure d’en dresser le bilan, le constat est amer. Et il est à ce point unanime qu’en 2023, le Conseil de l’Europe condamnait Paris, coupable de violation des droits des personnes handicapées.

Sans cesse reportées ou volontairement abaissées, les mesures concrètes votées dans la loi de 2005 en matière de logement, de transport, d’emploi, d’accessibilité des lieux publics sont dans l’ensemble peu – voire pas – appliquées. Mais l’intégration des élèves handicapés est sans doute le point le plus sombre du tableau. Révélateur de l’absence de volonté politique, le déficit de moyens – humains et financiers – laisse chaque année des milliers d’élèves à la porte de l’école. Pour les personnes concernées, leurs proches, les aidants, la moindre démarche administrative afin de faire reconnaître un handicap et faire valoir le droit relève d’un épuisant labyrinthe administratif.

Sans doute suffirait-il de changer de regard. Politiquement, collectivement, humainement. Le validisme est un poison qui cantonne le handicap à la vision de celui qui n’en est pas porteur et résume l’action à une litanie d’obligations réglementaires, certes contraignantes, mais dans les faits contournées. En proposant d’« inscrire l’accessibilité dans la Constitution », le PCF entend rompre avec une inégalité criante. Il en va du respect des droits des personnes handicapées. Il en va de leur autonomie, de leur dignité.

 

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