François Bayrou
l’a confirmé : pour faire adopter par l’Assemblée nationale les budgets de
l’État et de la Sécurité sociale, il va faire usage de l’article 49
alinéa 3 de la Constitution. Le recours à cette disposition
antidémocratique, qui permet à l’exécutif de court-circuiter la représentation
nationale, est un aveu de faiblesse de ce gouvernement sans majorité.
Les fumeuses
promesses de « dialogue » et de « compromis »
laissent intactes des orientations verrouillées : le projet de loi de
finances adopté par une commission mixte paritaire aux mains de la droite
entérine un choc d’austérité aux conséquences sociales incalculables.
L’exécutif,
dominé par des forces politiques sorties perdantes des élections législatives
anticipées de l’été dernier, fait valoir que l’objectif de ramener le déficit
public à 5,4 % du PIB est en passe d’être atteint. Rien n’est moins
sûr : en privant les services publics de ressources vitales, en asphyxiant
des secteurs entiers comme celui de la culture, en mettant au régime sec les
collectivités territoriales, c’est aussi l’économie française, déjà exsangue,
que le tandem Macron-Bayrou met en péril.
Les
« concessions » dont se prévaut le Parti socialiste, sans toutefois
approuver ce budget, n’en sont pas. Sur le volet des recettes, après les
menaces de délocalisation d’un quarteron de grands patrons, la mise à
contribution des profits et des grandes fortunes est ridiculement marginale.
Côté dépenses,
la droite renonce à supprimer 4 000 postes d’enseignant. Cela n’a rien
d’une avancée : il faudrait en créer plus de 25 000 pour rejoindre la
moyenne européenne du nombre d’élèves par classe. L’aide médicale d’État, qui
permet aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux
soins, est certes maintenue, mais ses crédits sont amputés.
Serviteur des
mêmes intérêts, François Bayrou croit pouvoir échapper au sort de l’éphémère
Michel Barnier en faisant sienne la rhétorique de l’extrême droite. Cette
posture est à la fois déshonorante, dangereuse et vaine. Si elle devait se
débonder, c’est, bien plus que l’immigration, c’est une irrépressible colère
sociale qui pourrait submerger le pays.
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