Voilà donc, à nouveau, une vieille lune de la droite
devenue, par l’entremise de la Macronie, une réalité bien concrète. Depuis le 1er janvier,
les allocataires du RSA doivent s’acquitter de 15 heures de travail
hebdomadaire pour percevoir leur dû. Sinon ? Sanctions. Introduite
dans la loi dite de « plein emploi » à la faveur d’un amendement
déposé par des députés « Les Républicains », la généralisation de
cette mesure, testée dès mars 2023 dans une vingtaine de territoires et étendue
un an plus tard, va désormais impacter la vie quotidienne de près de
1,8 million de personnes.
Pour ses promoteurs, cette réforme du RSA va dans le
sens de « ce qui fonctionne », comme l’affirmait récemment
la toute nouvelle ministre du Travail. Le discours est rodé. Non, « il
ne s’agit pas de travail gratuit », assénait encore Astrid
Panosyan-Bouvet, exhortant à sortir de « l’idéologie » sur « ce
genre de sujet ». Fermez le ban.
Reste que le conditionnement du versement d’un revenu
minimum censé permettre à ceux qui n’ont rien de simplement survivre questionne
autant qu’indigne. Sur la forme d’abord. À juste titre, les syndicats
s’alarment de l’inscription d’office des bénéficiaires du RSA sur les listes de
France Travail sans que ni budget supplémentaire ni renfort de personnel ne
soient prévus pour les accompagner au mieux.
Doigt mouillé et marche forcée. Mais, sur le fond, la
philosophie d’une telle mesure est plus inquiétante encore. En ce qu’elle naît,
d’abord, de la fausse certitude que chacun des bénéficiaires du RSA a la
capacité de travailler. En ce qu’elle entérine, aussi, bel et bien une forme de
travail gratuit : quinze heures d’un labeur non rémunéré pour ce
qu’il est, mais effectué en raison de ce que représente celui qui perçoit
l’aide sociale.
Avec sa réforme du RSA, le gouvernement fait d’une
pierre trois coups : offrir de la main-d’œuvre gratuite aux
entreprises ; diminuer – du fait des sanctions qui suspendront les
versements – la note globale pour les finances publiques ; faire baisser
artificiellement les chiffres du chômage pour s’en autocongratuler. Loin, bien
loin d’un accès juste à un emploi de qualité et bien rémunéré.
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