mardi 14 janvier 2025

« France-Algérie : la nécessaire désescalade », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Qui pour calmer les ardeurs du duo Retailleau-Darmanin ? Dans la crise diplomatique entre Paris et Alger, le ton est monté d’un cran, après les déclarations incendiaires du ministre de l’Intérieur. Selon lui, l’Algérie chercherait « à humilier la France » parce qu’elle a refusé d’accueillir l’influenceur Naâman Boualem, expulsé jeudi après avoir appelé à « tuer » un opposant au président algérien, Abdelmadjid Tebboune, alors qu’il devait être jugé à Montpellier le 24 février. Retour à l’expéditeur, a, en somme, rétorqué Alger. Un geste que le locataire de la Place Beauvau a osé qualifier « d’agression ».

Côté français, le tandem sécuritaire rivalise d’intimidations, de provocations et de menaces de rétorsion. L’arsenal envisagé frise le délire : augmentation des droits de douane, baisse de l’aide au développement et du nombre de visas consulaires. L’accord de 1968 qui lie nos deux pays depuis la fin de la guerre d’Algérie, et que la droite et l’extrême droite rêvent d’enterrer définitivement, serait lui aussi sur la sellette. Cette surenchère est déplacée ; les relations entre la France et l’Algérie – encore mises à mal par l’affaire Boualem Sansal – méritent bien mieux que des coups de menton et des déclarations pétries d’arrogance.

Les autorités algériennes ne sont pas avares de coups tordus et d’instrumentalisations en tout genre. Mais il est temps d’opérer un aggiornamento dans les sphères du pouvoir français qui continuent à traiter les ex-colonies d’Afrique en subalternes. La recomposition régionale et surtout la perte d’influence de la France dans cette partie du monde sont d’abord de sa responsabilité.

La reconnaissance par la France de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, illégalement occupé par Rabat, au mépris des résolutions onusiennes et du droit international, a été vécue comme un coup de poignard dans le dos par l’Algérie. Paris devrait se raviser plutôt que de souffler sur les braises de contentieux déjà douloureux, sauf à perdre tout crédit diplomatique.

 

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