vendredi 27 décembre 2024

« PRENDRE SES AFFAIRES EN MAIN »



Car les affaires, le destin et toutes les grandes décisions se prennent en effet en mains. Le livre aussi, à proprement parler. En ces temps d’excès et de démesure n’est-il pas rassurant de constater qu’un livre tient toujours entre les deux mains. Il n’est de livres que de mains. Fût – il de poche ou de luxe, broché ou relié, papier bible ou recyclé, tout livre ne se livre qu’entre vos mains. Il y a des livres de chevet qui accompagnent l’assoupissement, des livres de plage, de week-end, ceux que l’on achète en sachant qu’on les lira plus tard, la sagesse peut-être enfin venue. Il y a la lecture de métro, haletante et saccadée, celle du train paresseuse et buissonnière, celle de la bibliothèque studieuse et apaisante. Dans une période où le culte de la performance, de l’efficacité et de la rentabilité est valorisé à outrance jusqu’à devenir une valeur et un idéal, lire est plus que jamais un acte de résistance et de liberté. Ici rien, ou presque rien, des mains et des doigts pour enserrer le livre, pour en tourner les pages. Rien que le papier qui glisse et crisse entre pouce et index. Toucher un livre, c’est adresser une poignée de mains aux lecteurs d’hier et de demain. Lire c’est réconcilier raison et passion, déraison et émotion. Lire c’est avant tout choisir. Choisir « un » livre. Choisir « sa » lecture. Choisir le moment, le rythme. Lire, c’est choisir de vivre mieux, de voir plus large, de penser plus profond, de ressentir plus fort. Lire, c’est être moins vulnérable, moins dépendant, donc plus autonome et plus libre. Oui lire, c’est choisir délibérément de vivre à plein temps, en grand, c’est décider de vivre en liberté. C’est pourquoi le livre doit être reconnu objet de plaisir et la lecture outil de liberté !

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Je garderai de vous, compagnons de misère, au blanc de mes jardins la noirceur de vos pas, des rides de douleur sur une eau qui fut claire...