On aurait espéré que l’élection à la Maison-Blanche fût le reflet du vote
aux différents référendums locaux en faveur du droit à l’IVG ou de la hausse du
salaire minimum. Les électeurs ont fait un autre choix : renforcer les
droits des femmes et des travailleurs d’un côté ; élire un président des
États-Unis affichant un programme néofasciste et pro-business de l’autre.
Terrible paradoxe. Le capital américain ne s’y est pas trompé, la Bourse
saluant la victoire de Donald Trump, champion des lobbys pro-armes, racistes,
masculinistes et climato-négationnistes.
La première explication de ce résultat est que la candidate démocrate n’est
pas apparue à la hauteur des attentes des électeurs matérialisées par les
référendums locaux. Ainsi, c’est sur leur propre terrain, celui de l’espérance
en un changement facteur de progrès et d’égalité, que Kamala Harris et ses
soutiens ont été battus, faute d’un programme et d’une campagne qui osent
assumer un projet de rupture avec le conservatisme, le capitalisme climaticide
et l’individualisme.
Les femmes, les étudiants, les minorités formaient le noyau d’une majorité
que les démocrates, déjà plombés par le terne bilan de Joe Biden, n’ont pas su
mobiliser suffisamment. C’est donc l’adversaire acharné du progrès qui en a
profité, tout comme il a tiré parti de façon révoltante – lui, le soutien
inconditionnel des extrémistes au pouvoir en Israël – de l’incapacité des
démocrates à s’engager pour la paix.
L’autre explication est que la précarité des classes laborieuses d’Amérique
paupérisées par l’inflation les rend plus réceptives que jamais aux discours
nationalistes. Donald Trump n’a pas seulement gagné par défaut : il est en
passe de retrouver, voire dépasser son nombre de voix record d’il y a quatre
ans – quand les démocrates en perdent plusieurs millions –, et ce malgré
sa tentative de prise du Capitole, ses procès en cascade et ses propos
liberticides. Cette réalité résonne avec ce qu’il se produit dans notre pays et
sur notre continent. L’internationale brune a maintenant son siège à la
Maison-Blanche, et cela a pour elle valeur de preuve qu’aucune ambition ne lui
est inaccessible.
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