jeudi 7 novembre 2024

« Terrible paradoxe », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



On aurait espéré que l’élection à la Maison-Blanche fût le reflet du vote aux différents référendums locaux en faveur du droit à l’IVG ou de la hausse du salaire minimum. Les électeurs ont fait un autre choix : renforcer les droits des femmes et des travailleurs d’un côté ; élire un président des États-Unis affichant un programme néofasciste et pro-business de l’autre. Terrible paradoxe. Le capital américain ne s’y est pas trompé, la Bourse saluant la victoire de Donald Trump, champion des lobbys pro-armes, racistes, masculinistes et climato-négationnistes.

La première explication de ce résultat est que la candidate démocrate n’est pas apparue à la hauteur des attentes des électeurs matérialisées par les référendums locaux. Ainsi, c’est sur leur propre terrain, celui de l’espérance en un changement facteur de progrès et d’égalité, que Kamala Harris et ses soutiens ont été battus, faute d’un programme et d’une campagne qui osent assumer un projet de rupture avec le conservatisme, le capitalisme climaticide et l’individualisme.

Les femmes, les étudiants, les minorités formaient le noyau d’une majorité que les démocrates, déjà plombés par le terne bilan de Joe Biden, n’ont pas su mobiliser suffisamment. C’est donc l’adversaire acharné du progrès qui en a profité, tout comme il a tiré parti de façon révoltante – lui, le soutien inconditionnel des extrémistes au pouvoir en Israël – de l’incapacité des démocrates à s’engager pour la paix.

L’autre explication est que la précarité des classes laborieuses d’Amérique paupérisées par l’inflation les rend plus réceptives que jamais aux discours nationalistes. Donald Trump n’a pas seulement gagné par défaut : il est en passe de retrouver, voire dépasser son nombre de voix record d’il y a quatre ans – quand les démocrates en perdent plusieurs millions –, et ce malgré sa tentative de prise du Capitole, ses procès en cascade et ses propos liberticides. Cette réalité résonne avec ce qu’il se produit dans notre pays et sur notre continent. L’internationale brune a maintenant son siège à la Maison-Blanche, et cela a pour elle valeur de preuve qu’aucune ambition ne lui est inaccessible.

 

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