Voilà un test dont Emmanuel Macron se serait sans doute bien passé.
L’imminence de la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union
européenne et les pays du Mercosur, en négociation depuis près de vingt-cinq
ans, intervient au pire moment pour le président de la République, déjà
sévèrement affaibli par la double défaite de son camp aux élections européennes
et aux législatives.
Cette fois, c’est sur la scène internationale que le locataire de l’Élysée,
en tournée en Amérique latine, joue sa crédibilité. Après avoir failli sur le
conflit au Proche-Orient, où la France n’a joué aucun rôle en faveur de la
paix, le président peine à rallier à sa cause la minorité de blocage qui
permettrait de surseoir au texte.
« La France ne signera pas le
traité en l’état », a-t-il
réaffirmé dimanche, au moment où les agriculteurs annonçaient des « feux
de la colère » partout en France. Autre caillou dans sa chaussure :
l’accord n’est aujourd’hui plus soutenu par aucun parti, ni même par le
gouvernement, dont les membres appartiennent à des familles politiques qui
avaient pourtant ardemment milité en sa faveur.
La volte-face macroniste remonte à 2019. Jusqu’à cette date, la droite ne
voyait rien à redire à ce projet dévastateur pour notre agriculture, pour
l’environnement et la santé publique, l’emploi et la justice sociale, et qui ne
vise qu’à servir les intérêts de quelques grandes firmes. Si le discours a
changé, ni Emmanuel Macron ni aucun de ses ministres au Commerce extérieur
n’ont fait quoi que ce soit pour rediscuter le mandat de négociations menées
dans la plus grande opacité.
Encore une fois, il aura fallu la détermination d’associations et élus de
gauche pour informer les citoyens des conséquences délétères de ce traité. En
mars dernier, les sénateurs communistes ont obtenu la non-ratification d’un
autre traité de libre-échange, le Ceta. S’il était présenté aujourd’hui à l’Assemblée,
l’accord Mercosur serait très largement rejeté.
L’enjeu démocratique est fondamental. Dans le cas où Bruxelles déciderait
de passer outre le veto de Paris, cela scellerait non seulement un recul inédit
du poids de la France en Europe, mais creuserait un peu plus le fossé
entre les peuples et les institutions européennes.
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