Il est toujours fascinant de voir comment l’information d’une grève
cheminote est traitée en France en 2024. Les honteuses « prises
d’otages » sont évidemment de sortie mais, cette fois, s’y ajoute
une autre musique insidieuse qui se répand sur les plateaux et dans les
colonnes des journaux. Derrière le préavis contre le démantèlement de Fret
SNCF, la mise en concurrence des TER et l’éclatement du réseau SNCF se
cacherait un coup de pression avant des négociations sur les salaires. Grosse
ficelle pour faire passer les travailleurs du rail pour des égoïstes prêts à
gâcher les fêtes des malheureux citoyens.
Évidemment, l’argument ne tient pas. Le 28 mai, les cheminots étaient
déjà dans la rue contre le démantèlement du fret public et point, alors, de
négociations à l’horizon. En réalité, les cheminots, et la CGT tout
particulièrement, bataillent depuis des années contre la mise à mort du service
public ferroviaire. Car c’est de cela qu’il s’agit. Un sujet bien loin des
seuls intérêts corporatistes que les défenseurs de la libéralisation accusent
les cheminots de défendre. Le TER est le train du quotidien des Français et le
fret un enjeu d’avenir pour la planète.
Aucune leçon ne semble tirée ni du fiasco de la libéralisation du fret
depuis quinze ans, qui a mené le secteur au bord du gouffre, ni de celle
du transport routier qui a transformé la route en jungle. La conjugaison des
deux est une catastrophe pour les travailleurs comme pour l’environnement. On
ne parle même pas des privatisations du rail dont nos amis anglais peuvent
témoigner.
Malgré la réalité, le gouvernement s’obstine à faire la sourde oreille. Les
salariés de la SNCF ne demandent pourtant pas la lune : un moratoire sur
le démantèlement de Fret SNCF et un débat à l’Assemblée nationale. C’est bien
le minimum avant de prendre une décision qui engage, non pas le seul avenir des
cheminots, mais les conditions de vie et de transports de millions de Français
dont les médias font mine de se soucier.
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