mercredi 20 novembre 2024

« Diversion », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité.



Il est toujours fascinant de voir comment l’information d’une grève cheminote est traitée en France en 2024. Les honteuses « prises d’otages » sont évidemment de sortie mais, cette fois, s’y ajoute une autre musique insidieuse qui se répand sur les plateaux et dans les colonnes des journaux. Derrière le préavis contre le démantèlement de Fret SNCF, la mise en concurrence des TER et l’éclatement du réseau SNCF se cacherait un coup de pression avant des négociations sur les salaires. Grosse ficelle pour faire passer les travailleurs du rail pour des égoïstes prêts à gâcher les fêtes des malheureux citoyens.

Évidemment, l’argument ne tient pas. Le 28 mai, les cheminots étaient déjà dans la rue contre le démantèlement du fret public et point, alors, de négociations à l’horizon. En réalité, les cheminots, et la CGT tout particulièrement, bataillent depuis des années contre la mise à mort du service public ferroviaire. Car c’est de cela qu’il s’agit. Un sujet bien loin des seuls intérêts corporatistes que les défenseurs de la libéralisation accusent les cheminots de défendre. Le TER est le train du quotidien des Français et le fret un enjeu d’avenir pour la planète.

Aucune leçon ne semble tirée ni du fiasco de la libéralisation du fret depuis quinze ans, qui a mené le secteur au bord du gouffre, ni de celle du transport routier qui a transformé la route en jungle. La conjugaison des deux est une catastrophe pour les travailleurs comme pour l’environnement. On ne parle même pas des privatisations du rail dont nos amis anglais peuvent témoigner.

Malgré la réalité, le gouvernement s’obstine à faire la sourde oreille. Les salariés de la SNCF ne demandent pourtant pas la lune : un moratoire sur le démantèlement de Fret SNCF et un débat à l’Assemblée nationale. C’est bien le minimum avant de prendre une décision qui engage, non pas le seul avenir des cheminots, mais les conditions de vie et de transports de millions de Français dont les médias font mine de se soucier.

 

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