Pour évacuer son impopularité, le gouvernement annonce
une taxation exceptionnelle de 0,3 % sur les soixante-cinq mille foyers
fiscaux les plus riches et les grandes entreprises aux profits importants. Il
s’agirait de favoriser une part de « justice fiscale » dans la
recherche de recettes nouvelles en raison d’un déficit public qui devrait
dépasser les 6 % du PIB cette année.
Une nouvelle fois, ce gouvernement, comme le
précédent, agite la peur d’un « trou abyssal », omettant qu’une bonne
dette puisse exister, si des investissements étaient faits pour les services
publics, la transition énergétique, etc. Cette stratégie leur permet,
d’une part, de masquer que les politiques libérales sont responsables de la
dégradation des comptes publics et, d’autre part, de justifier la grande purge
qui s’annonce.
Derrière cet effort plus que limité demandé aux plus
riches pour trouver de nouvelles recettes, un nouveau tour de vis austéritaire
est prévu : 40 milliards d’économies sur le budget 2025 et
60 milliards en comptant celui de la Sécurité sociale ! Déjà, les
premières annonces injustes émergent : gel de l’indexation des pensions de
retraite ou encore hausse prévue des franchises médicales.
La Cour des comptes, dont l’ancien président est
devenu Garde des Sceaux, y est allée de ses préconisations toutes aussi
austères : il faudrait supprimer 100 000 emplois publics. Encore
faut-il préciser dans quel secteur : dans l’éducation nationale, l’hôpital
public, la police et la justice, les collectivités locales ?
C’est à l’aune de ces projets qu’il faut mener le
débat sur la fiscalité. La France est un pays d’injustice fiscale.
Contrairement à une vieille lune libérale, tout le monde paie l’impôt en
France : Français, étrangers et même les sans-papiers, avec la TVA qui a
généré l’an dernier 272 milliards d’euros de recettes.
La start-up nation a supprimé l’impôt sur la fortune,
a fait des cadeaux faramineux au capital avec le Cice (plus de
40 milliards d’euros) et la baisse des impôts de production
(20 milliards d’euros). Les effets en termes de créations d’emplois ont
été bien maigres. En vingt ans, le patrimoine des 500 plus grosses fortunes a
bondi de 943 %. En clair, une politique de classe qui a affaibli la solidarité
nationale et fait progresser les inégalités et la précarité.
À tous ces cadeaux s’ajoutent les exonérations de
cotisations patronales. En 2022, ce sont près de 73 milliards d’euros qui
pèsent notamment sur le budget de la Sécurité sociale. Les marchés demandent
plus de contrôle à un chômeur en fin de droits qu’à un multi-actionnaire du
CAC 40.
L’annonce par ce gouvernement illégitime d’une
contribution à hauteur de 0,3 % pour les foyers les plus riches, à
laquelle s’ajoute une taxe sur les armateurs, provoque déjà des cris d’orfraie.
Il faudrait remercier les plus riches de ne pas s’en aller. Argument étonnant
quand ceux-là mêmes sont prêts à s’acoquiner avec l’extrême droite pour
demander davantage d’expulsions du territoire national des étrangers, mais qui
sont prêts à chercher un exil doré en cas de hausse des taxes.
Alors que la France est dans l’œil du cyclone pour
exécuter une grande saignée, il faut au contraire répondre aux besoins sociaux
immenses et aux défis d’avenir comme l’innovation ou la planification
écologique. C’est un débat de société que doivent investir les forces de
progrès pour en finir avec le baratin libéral.
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