Personne n’aurait parié un kopeck sur les Brics lorsqu’il y a quinze ans,
le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine ont scellé cette alliance de pays
émergents sur fond de crise économique globale. Très vite rejointe par
l’Afrique du Sud et désormais l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes
unis, l’Éthiopie et l’Iran, cette coalition de nations s’est imposée sur le
devant de la scène internationale, avec un mécanisme d’échanges et de
coopérations alternatif à la domination des puissances occidentales.
De nouveaux prétendants frappent à la porte, à l’image de la Turquie de
Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est le premier contingent de l’Otan. Cet
attelage est loin de former un bloc uniforme, tant les choix idéologiques de
ses membres sont contradictoires, voire diamétralement opposés. L’acronyme même
des Brics est né dans l’esprit de Jim O’Neill, président de l’agence de
notation Goldman Sachs Asset Management.
Cette coalition dérange tant elle bouscule les hiérarchies et les tutelles
qui ont prévalu jusqu’ici. Les Brics + se plaisent à rappeler qu’ils
représentent près de la moitié de la population de la planète et pèsent
35 % du PIB mondial, soit davantage que le G7.
Si cette alliance hétéroclite n’est pas un contre-pouvoir global, elle est
une pierre dans le jardin des institutions financières internationales nées au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les coopérations qu’elle trame mettent en cause la suprématie du
dollar qui conditionne les échanges des économies en voie de
développement trop souvent plombées par la prédation, l’inflation et le
surendettement
L’émergence du Sud global fait aussi bouger les plaques tectoniques sur le
plan diplomatique. Ces pays veulent s’affranchir de l’hégémonie des puissances
occidentales et d’un Conseil de sécurité des Nations unies qui attise les
conflits à coups de mises au ban, de sanctions, de feux verts aux pires
violations du droit international.
La « gestion » de la guerre en Ukraine et la complicité avec
l’entreprise de destruction méthodique de Gaza illustrent cet insupportable
« deux poids, deux mesures » que conspue le Sud global. La présence
du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, au sommet des Brics + à
Kazan légitime l’appel à un multilatéralisme renouvelé, qui fait tant défaut
aujourd’hui.
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