Sauf si un message posthume venait à être découvert, les motifs réels du jeune homme qui
a tiré sur Donald Trump resteront empreints de mystère. Il convient sans doute d’aller
chercher des éléments de compréhension dans la vie politique états-unienne,
elle-même reflet d’une société imprégnée de violence. À chaque élection
présidentielle, les craintes d’assassinat de l’un
ou de l’autre des candidats s’expriment ouvertement. L’histoire du pays montre que les
menaces ne sont pas à prendre à la légère.
Donald Trump lui-même a bâti son discours politique sur la violence et la
moquerie à l’encontre de ses adversaires, ce qui est une marque de l’extrême
droite partout dans le monde. Ses attaques renouvelées contre « l’État
profond » – c’est-à-dire ceux qui l’empêcheraient de gouverner – sont à la
base de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021, sur fond de contestation
de l’élection et de théorie du complot. Meeting après meeting, l’ancien
président chauffe ses partisans à blanc. Ce qui n’est rien d’autre qu’une
déclaration de guerre contre le gouvernement fédéral.
Aux États-Unis, malgré l’émergence de mouvements sociaux et sociétaux
nouveaux, la démocratie est malade. Le débat d’idées est réduit à sa plus
simple expression, résultat d’un bipartisme qui n’intéresse plus grand monde.
L’alternance ne produit pas de réelle alternative. Les campagnes électorales ne
se conçoivent qu’à coups de dizaines de millions de dollars.
La question de la réglementation des armes à feu est évoquée à chaque massacre
dans une école ou une grande surface, mais jamais tranchée tant les lobbies,
dans ce domaine comme en d’autres, sont forts et importants pour faire basculer
une élection. Les migrants servent de repoussoir et le racisme, notamment
contre les Africains-Américains, ne s’est jamais résorbé, y compris dans la
police, qui peine à se réformer, malgré l’élection d’un président noir à la
tête du pays en 2008.
Autant de munitions pour charger les armes de la haine et faire de l’autre
une cible rêvée. Des maux qui tendent à s’exporter, à l’instar de ce que l’on a
vu au Brésil, en Inde ou en Hongrie. La France n’est pas à l’abri d’une telle
catastrophe, comme l’ont montré les récentes menaces de mort contre des élus,
des journalistes et des avocats.
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