Il s’appelle Félix. Il est agriculteur maraîcher. Il y a quelques semaines,
il protestait avec des milliers d’agriculteurs contre le sort qui leur est
fait. Il nous raconte son quotidien à l’occasion de l’examen du projet de loi
agricole à l’Assemblée nationale. Comme nombre de ses semblables, il espère des
mesures qui lui permettront de vivre correctement de son travail. À l’autre
bout de l’échelle, il y a ces millions de consommateurs qui ne parviennent plus
à joindre les deux bouts et qui constatent que se nourrir correctement devient
de plus en plus difficile tant les prix ont augmenté.
Cette question des prix, ceux versés aux producteurs et ceux demandés aux
consommateurs, n’est toujours pas cœur des propositions gouvernementales dans
ce texte « pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement
des générations en agriculture ». Or, comment garantir les deux termes
avancés dans cet intitulé sans aborder la problématique des prix ?
Comment parler « prix » sans évoquer la politique de
libre-échange qui les fait chuter ? Il est presque cocasse que
les mots Mercosur et Ceta ne figurent pas le texte alors que le gouvernement
ose demander à la représentation nationale de débattre sur la
« souveraineté en matière agricole ». De quelle souveraineté
parle-t-on lorsqu’on empêche les élus de débattre d’un accord qui conduit à
intensifier certaines productions destinées à l’exportation en échange
d’importation à bas prix, et hors des normes, de bovins, d’ovins, de volailles,
de fruits et légumes qui affaiblissent la souveraineté alimentaire ?
Comment penser le « renouvellement des générations en
agriculture » quand la seule réponse aux difficultés que rencontrent les
agriculteurs pour vivre de leur travail est de les pousser à agrandir leur
exploitation en faisant exploser dans certaines régions les prix des terres
agricoles ?
Répondre à l’ambition affichée par l’intitulé du texte présenté par
l’exécutif pourrait se résumer en une formule : les paysans doivent
pouvoir vivre de leur travail, les travailleurs doivent pouvoir manger
sainement. Derrière cette évidence, se cache pourtant un enjeu de société.
Tout le système doit être repensé dans le sens d’un nouveau projet de
développement agricole et alimentaire pour les êtres humains et la nature. Ce
qui implique de dire stop aux desiderata ultra-libéraux des grandes firmes
agro-industrielles.
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