Le vote de la motion de rejet sur le texte immigration plonge concrètement
la Macronie dans une crise politique devenue inéluctable. Le chef de l’État a
beau faire fuiter ses petites phrases ciselées pour pointer du doigt « le
jeu du pire, le cynisme extrême et l’incohérence de deux partis qui se sont
partagé le pouvoir pendant quarante ans », il n’en reste pas
moins que la gifle infligée à son ministre de l’Intérieur le visait lui
aussi, ainsi que son « en même temps ».
Ce camouflet prouve également la profondeur de la crise politique dans
laquelle l’exécutif a précipité le pays depuis la dernière élection
présidentielle. Et démontre une nouvelle fois combien la Ve République,
loin d’être une solution, est devenue le concentré des pratiques
antidémocratiques et d’un abaissement inédit du Parlement. Les chiffres parlent
mais ne crient jamais. C’est pourquoi ils n’empêchent pas Élisabeth Borne et
ses amis de dormir. Les vingt 49.3 en dix-huit mois avaient déjà fait la
démonstration que la conception de ce pouvoir de gouverner avec une
majorité relative relevait plus du coup de force que du compromis. Comment
imaginer après ça que des formations comme le RN ou « Les Républicains » d‘Éric
Ciotti, dont l’attachement au cadre démocratique est plus que
douteux, renoncent à transformer l’Hémicycle de temple où se fabrique la loi en
paradis de la manœuvre politicienne ?
Avec son texte sur l’immigration, Gérald Darmanin voulait faire étalage de
sa capacité à manœuvrer, à constituer des majorités et, pourquoi pas, à hériter
du trône. Perdu ! Tous les appels du pied à la droite, l’opération de
normalisation du RN pour acheter sa bienveillance sur ce texte se sont
fracassés sur 2027. Le Pen et ses amis ont utilisé la motion de rejet des
écologistes pour taper sur l’exécutif et garder leur leadership sur l’argument
de « l’immigré cause de tous les maux ». La droite LR a emboîté le
pas pour rester au contact du RN. Tous dans un seul objectif, gagner au
terrible jeu du « qui est le plus ferme contre l’immigration et le plus
dur contre les immigrés ? ». Ce qui est certain, c’est que le président de
la République va maintenant passer la fin de son quinquennat sous la menace de
la minorité absolue.
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