Le ton faussement concerné de Bruno Le Maire n’y aura rien changé.
L’empire Casino s’effondre sous les yeux du locataire de Bercy. La petite
épicerie stéphanoise de la fin du XIXe siècle, devenue fleuron
de la grande distribution tricolore, va finir débitée, vendue à la
découpe. Un festin pour les financiers. Et les vautours se jettent sur les
miettes. Une nouvelle fois, cette affaire illustre ce que la
financiarisation de l’économie produit de pire.
La débâcle de Casino n’est pas le fruit du hasard, ou de la circonstance.
Elle est le résultat de la stratégie de son patron. Dans le secteur
hyperconcurrentiel de la grande distribution, Jean-Charles Naouri a joué,
pendant trois décennies, l’avenir du groupe et de ses salariés en Bourse.
Directeur de cabinet du ministère de l’Économie au mitan des années 1980,
celui qui a théorisé la libéralisation à tous crins et dans tous les secteurs a
dopé l’enseigne française à coups de rachats de la concurrence. Un jeu
dangereux, dont le groupe, plombé d’une dette record, ne se relèvera pas.
Certes, cette funeste histoire n’est pas un cas isolé. Mais elle prend là
une proportion considérable. Casino fait vivre 200 000 salariés à travers
le monde, dont 50 000 en France, contraints de patienter dans
l’antichambre d’une « casse sociale sans précédent ». À
la louche, la CGT redoute la destruction de 6 000 emplois directs. Deux
mille pour le seul siège de Saint-Étienne.
Depuis des mois, les syndicats alertent. Ils ont pointé « la
situation déficitaire récurrente de Casino », dénoncé « le
niveau d’endettement abyssal » du groupe, actionné tous les
leviers à leur disposition pour faire entendre leur inquiétude quant à la « pérennité
des emplois et la stratégie de la direction ». Ils n’auront pas été
entendus. Comme pour Vivarte, comme pour Zannier, les pouvoirs publics ont
préféré se draper d’impuissance. Bruno Le Maire s’est borné à
affirmer : « L’État sera vigilant sur l’emploi. » Paroles
éculées. Bercy ressasse. Les salariés subissent.
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