Quoiqu’elle
ne se réclamait jamais d’avoir été son élève, c’est de Manet qu’elle reçut une
influence formatrice. Avant lui, elle avait connu Corot. Dans ses meilleurs
moments il lui arriva de parvenir à une sensibilité de touches zigzagantes qui
font d’elle une reine des impressionnistes. Peinte souvent par Édouard Manet,
elle épousa le frère de celui-ci, Eugène Manet, et peignit des scènes
familières.
Cette femme, l’une des grands peintres de l’impressionnisme, avait de qui
tenir. N’était-elle pas une arrière-petite-fille de Fragonard ? Après
quelques hésitations quant à ses professeurs, Berthe Morisot fit la
connaissance de Corot et peignit avec lui en plein-air. Sa sœur étudiait aussi
la peinture. M. Morisot fit construire pour Berthe et Edma un atelier à Passy
dans les jardins de la maison. Berthe faisait des copies au Musée du Louvre
quand elle rencontra Fantin-Latour et connut par lui Édouard Manet pour qui
elle posa souvent. Dans son entourage les familles Manet et Morisot se
rencontraient souvent. Berthe pouvait voir Baudelaire, Degas et le musicien
Chabrier. En 1868, après l’avoir fait poser sur « le Balcon », Manet
fit d’elle encore plusieurs portraits avant qu’elle n’épouse Eugène Manet, son
frère, le 22 décembre 1874.
Mallarmé a remarqué les « clairs tableaux irisés » de Berthe
Morisot, sa faculté de céder « à des carnations, à des vergers, à des
ciels, à toute légèreté du métier ». Mieux encore que Manet, elle peut
être considérée comme une impressionniste. Des qualités de fraîcheur, de délicatesse
imprègnent sa peinture presque toujours rattachée à son entourage familial, sa
sœur, sa fille, sa levrette Laerte. C'est la sœur de Berthe Morisot, Edma
Pontillon, contemplant à travers le tulle son enfant endormi, qui est peinte de
profil dans son tableau « Le Berceau », peint à Maurecourt.
Dans son autoportrait de 1885, elle se montre en observatrice étonnée, le
cou entourée d’un foulard, avec une surprenante et subtile liberté de touches
et une façon adroite d’esquiver les détails inutiles. Elle sait faire voir
beaucoup dans ce qui n’est pas suggéré. Ne quittant jamais son entourage,
Berthe Morisot est la peintre des intérieurs fleuris, des enfants égaillés dans
l’herbe. C’est en soignant sa fille Julie, que, par contagion, elle fut
atteinte de la maladie dont elle mourut à l’âge de cinquante-quatre ans.
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