Ils n’avaient réclamé ni la gloire ni les larmes. Ils
poussent enfin les portes du temple républicain. À quelques encablures des
caves où ils furent torturés. Où ils n’ont pas parlé. La panthéonisation de
Mélinée et Missak Manouchian réchauffera les cœurs des partisans, de celles et
ceux tombés pour une France qui, après près de quatre-vingts ans, consent enfin
à honorer comme il se doit « vingt et trois amoureux de vivre à en mourir. » Avec Mélinée et Missak Manouchian, c’est aux FTP-MOI et à la Résistance communiste que la patrie est enfin
reconnaissante ; « cette armée du crime », selon
l’occupant, réfugiés des pogroms, du génocide arménien, du fascisme et du
franquisme, « morts pour la France ». Durant l’été et
l’automne 1943, ce groupe de résistants étrangers communistes réalisa une
centaine d’opérations armées et de sabotages, dont l’exécution à Paris du
général SS Julius Ritter. Sur leurs visages émaciés, immortalisés par une
Affiche rouge placardée sur les murs par la propagande nazie, on pouvait lire
les tortures qui leur avaient été infligées. Le 21 février 1944,
vingt-deux tombaient sous les balles des nazis au Mont-Valérien. Olga Bancic
fut décapitée en Allemagne.
Ils admiraient la France et honoraient la vie. Missak
Manouchian était un poète. Comme René Char, il invitait à composer « l’avenir sans croire au poids
qui décourage ». « Je meurs à deux doigts de la victoire et du but, a écrit le communiste arménien, la veille de son exécution. Bonheur
à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la liberté et de la paix
de demain. » Manouchian aimait la France des Lumières et des
libertés, celle de 1789 et de la Commune. « C’est que des étrangers, comme on les nomme encore, écrivit Paul Éluard, croyaient à la justice
ici bas et concrète, ils avaient dans leur sang le sang de leurs
semblables. Ces étrangers savaient quelle était leur patrie. » Bien sûr,des esprits chagrins pourraient regretter que
cette panthéonisation, refusée en 2015 par François Hollande, intervienne de la
main d’un pouvoir qui préfère donner des gages à l’extrême droite plutôt que
d’écouter ce que nous dit la MOI sur celles et ceux qui vivent ici, à nos
côtés, quelles que soient les raisons de leur exil. Ces petitesses
politiciennes importent peu devant l’Histoire.
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