vendredi 17 mars 2023

17 mars 2003, il y a 20 ans : " adoption d la loi constitutionnelle au congrès de Versailles "

 


Il y a 20 ans, le 17 mars 2003, les deux assemblées législatives (Assemblée et Sénat) se réunissaient en Congrès à Versailles pour entériner les révisions constitutionnelles sur la décentralisation. Les transferts de compétence de l’État vers les départements, comme le recrutement des personnels techniciens, ouvriers et de service des collèges, ou le RMI, aujourd’hui RSA, découlent de cette réforme constitutionnelle. Ce 17 mars 2003, comme un seul homme, les parlementaires de droite et du Parti socialiste avaient approuvé cette loi. Seuls, les sénatrices, sénateurs et député.e.s communistes s’y étaient opposés. Président du conseil général, j’avais décidé, avec mes camarades communistes, de convoquer une séance spéciale de l’assemblée départementale, alors que les élus locaux et les citoyens avaient été tenus à l’écart d’un véritable débat sur cette loi, alors appelée « la mère de toutes les réformes » par Jean-Pierre Raffarin, le premier ministre d’alors. Elle se tint le 10 décembre 2002, avec des élus communistes, un peu seuls, avouons-le ! Qu’avais-je dit ce jour-là ?

« Le gouvernement présente la loi constitutionnelle avec comme perspective annoncée, de faire franchir une nouvelle étape de la décentralisation. S’il s’agissait de cela, je n’éprouverais aucune inquiétude. Je suis, sans ambiguïté, pour une véritable décentralisation, plus poussée, plus démocratique, plus audacieuse, porteuse de nouveaux droits pour les collectivités et les habitants, une VIe République placée sous le signe de la citoyenneté, de l’égalité. Mais c’est parce que le projet départemental est aux antipodes de ces objectifs que je n’y suis pas favorable. En effet, sous prétexte de décentralisation, qui au demeurant ne nécessitait pas une modification de la Constitution, n’est-ce pas en réalité tout un projet de société qui se prépare en épousant au mieux les exigences inhumaines de l’ultralibéralisme ? En lieu et place de la République des proximités, chère au Premier ministre, c’est la République des inégalités qu’on nous concocte… Lorsque le projet du Premier ministre vise le transfert de pans entiers de grandes missions sociales, il ne tend pas à réduire les inégalités, il tend à les aggraver… L’histoire, les droits politiques et les conquêtes sociales ont conduit l’État à jouer un rôle essentiel de garant de l’unicité de la République, de garant de l’égalité des citoyens devant la loi, et donc l’accès aux mêmes droits en tout point du territoire, notamment par une présence de proximité des services de l’État, un maillage fin des administrations et l’existence de services et entreprises publics pour assurer au meilleur coût l’accès du plus grand nombre aux services essentiels… Là où il conviendrait de mieux organiser la solidarité, le gouvernement répond en transférant aux collectivités des compétences qui relèvent de la solidarité nationale. Et s’agissant des transferts de ressources qui doivent accompagner les transferts de compétences, là encore, nous avons tout lieu d’être inquiets au regard des expériences des années passées. » (À l’âge où la vie se raconte. Pages 191 et 192)

 

 

 

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