mercredi 23 novembre 2022

« Frères de voyage »



Ceux qui jouent de nos cœurs et nous crient des je t’aime. Ceux que nous aimions trop et qui se sont sauvés. Ceux qui croient que la vie c’est toujours un poème. Ceux qui n’écrivent pas car trop mal emplumés. Ceux qui en font beaucoup mais n’en ont rien à faire. Ceux que l’on voit partout mais qui ne nous voient pas. Ceux qui sont loin devant quand on les croit derrière. Ceux qui voudraient rester et qui s’en vont déjà. Ceux qu’on rêve parfois de jeter au ruisseau, ceux qui nagent si bien qu’ils rejoindraient la rive, ceux qui depuis longtemps n’ont plus le goût de l’eau, ceux que l’on voit pourtant partir à la dérive. Ceux qui pensent à nous quand leur compte est en manque. Ceux qui crient le meilleur et qui pensent le pire. Ceux qui auraient envie de piller une banque, ceux qui n’oseront pas de peur de réussir. Ceux-là, mais oui ceux-là qu’on croise chaque jour, à chaque coin de rue sans y faire attention. Ceux qui le plus souvent ne font qu’un petit tour, nous voulons aujourd’hui leur offrir notre chanson. Quelques notes laissées sur un piano bancal, improbable destin pour unique bagage, dans l’odeur de fumée, quand s’achève le bal, nous les saluons bien bas, ces frères de voyage.

 

lundi 21 novembre 2022

Des initiatives pour un congrès communiste ouvert à la société !



J’ai lu avec intérêt l’appel adressé aux communistes pour qu’ils s’engagent dans un débat ouvert, apaisé et sans tabou, dans la préparation de leur 39e congrès. Dans une situation marquée par d’immenses  bouleversements et les crises qui en résultent, il est en effet impératif que sa préparation devienne l’affaire du plus grand nombre de communistes. J’ai noté les initiatives envisagées pour favoriser l’expression de leur parole. Par leurs contributions personnelles et collectives dans leurs assemblées de section. Pour autant, un  congrès communiste ne saurait se préparer en vase clos. Nombreux sont les femmes, les hommes, les jeunes, qui engagé-e-s ans les luttes s’interrogent et cherchent une issue aux maux qui rongent la société capitaliste. Ils ne sont pas indifférents aux réponses qu’y apportent les communistes. L’organisation de débats à l’échelle nationale, par exemple, sur le communisme, le rassemblement populaire majoritaire à construire serait la bienvenue. En se tournant vers la société, de telles initiatives ne pourraient que stimuler, donner envie aux communistes de contribuer activement aux multiples échanges qu’appelle la préparation de notre 39e congrès.

lundi 14 novembre 2022

DIFFÉRENT !



Pour toi, qui est différent, j'avais peur, je dois le reconnaître, mais ça, c'était avant, avant de te connaître, j'avais peur comme on craint ce qu'on ne connait pas, j'avais des préjugés, toi tu n'en avais pas. je ne savais pas ce qu'il fallait te dire, si tu me comprenais, les gestes à proscrire, si tu étais, pour moi, un adulte, un enfant, mais j'ai compris très vite : tu es toi simplement. Tu es venu vers moi, visage souriant, tu m'as pris par la main, d'un geste rassurant, moi je voulais t'aider c'est toi qui m'a guidé et notre " différence " s'est, très vite, effacée. Si tes yeux sont bridés, je le sais aujourd'hui, c'est d'offrir, tout le temps, ce visage ravi, si ton cœur est si gros, c'est pour mieux contenir, tout cet amour, immense que tu veux nous offrir. Veux-tu que je te dise où est la différence ? Toi, tu sais tout donner, sans pudeur, sans méfiance, moi, de mon côté, j'apprends à regarder, derrière le handicap, ta belle humanité. La tolérance, vois-tu, c'est quand l'intelligence, pas celle de l'esprit, mais bien celle du cœur, réussit à gommer toutes les différences, à reconnaître, chez l'autre, sa véritable valeur.

samedi 12 novembre 2022

Claude Monet : « Impression, soleil levant »



Claude Monet a peint cette toile le 13 novembre 1872, il y a 150 ans en une séance le matin de bonne heure, lors d'un séjour au Havre. ville de son enfance. Choisissant un de ses thèmes favoris, un port symbole de la révolution industrielle du xixe siècle et s'inspirant des marines, soleils levant et soleils couchant. Une enquête publiée par le musée MARMOTTAN-MONET en 2014, fondée sur des hypothèses vraisemblables et l'analyse de données topographiques, de bulletins météorologiques et le calcul des trajectoires célestes confirme qu'il s'agit bien d'un soleil levant et non couchant comme le pensaient certains historiens de l'art. Le tableau représenterait l'aspect du port le 13 novembre 1872 à 7 h 35 du matin, date la plus probable entre six hypothèses soutenables dans l'hiver 1872-1873. Claude Monet présente cette vue de l'ancien avant-port du Havre à la première exposition de la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs qui a lieu du 15 avril au 15 mai 1874. C'est à cette occasion que le journaliste chargé de la rédaction du catalogue, Edmond Renoir, frère du peintre Pierre Auguste Renoir, a demandé à Claude Monet de mettre un autre nom que « Vue du Havre » et Claude Monet a dit « Mettez Impression », Edmond Renoir complétant par « soleil levant ». En 1940, elle s'intitule Coucher de soleil. Jusqu'en 1959, elle apparaît encore dans les inventaires du musée – comme dans de nombreux ouvrages - sous le titre « Impression » ou « Impression, soleil couchant », ne prenant le titre « d’Impression, soleil levant » qu'en 1965. Cette œuvre a été volée en 1985 avec quatre autres Monet et deux Renoir au musée MARMOTTAN et retrouvée en décembre 1990 à Porto-Vecchio chez un malfrat corse. En 2014, a lieu au musée MARMOTTAN - MONET la première exposition jamais dédiée à l'œuvre. « Impression soleil levant : l'Histoire vraie du chef-d'œuvre de Claude Monet » s'y tient du 18 septembre 2014 au 18 janvier 2015. Au premier plan dans une mer aux teintes bleu vert se dégage en silhouette une figure propulsant une barque à la godille ; plus loin, une seconde, indistincte, contribue à un effet de profondeur. La seule couleur chaude est le rouge-orangé du disque solaire et ses reflets dans le clapot de l’eau. À l'arrière-plan, dans la brume d'un camaïeu gris-bleuté, se noie le port du Havre avec dans les lignes de fuites un jeu de verticales qui figurent des mâts de grands voiliers à quai, des grues sur des docks et des cheminées d'usines qui indiquent un vent léger de nord-ouest. La marée est haute puisqu'on aperçoit les mats de grands bateaux, et que ceux-ci ne peuvent accéder au port que pendant cette période. La composition se caractérise par l'horizontalité du paysage représenté et le partage de l'image en tiers selon le schéma de la perspective japonaise, le tiers supérieur étant composé de touches horizontales consacrées au ciel et les deux tiers inférieurs au port baigné dans un brouillard bleuté et à la mer. Cependant, tout est esquissé pour saisir cet instant fugitif avant que la lumière aveuglante du jour ne fige le paysage. Les silhouettes des bateaux se détachent à peine du reste du tableau, baigné dans le flou de l'atmosphère du grand port. Seul le disque orange et plat du soleil levant se détache de ses tons froids. Cela place cette œuvre à la frontière de l'abstraction, si le soleil et la barque, ainsi que le titre, ne venaient pas guider le spectateur à décrypter la scène. Le Soleil semble être le point le plus lumineux sur la toile mais la mesure de sa luminance avec un photomètre montre que Monet lui a donné la même luminosité que le ciel qui l'entoure. Margaret Livingstone, professeur de neurobiologie à l'université Harvard, fait remarquer que la désaturation des couleurs de la toile fait disparaître le soleil levant et son reflet. Elle rappelle aussi que la fovéa de la rétine de l'œil humain distingue les couleurs alors que la vision périphérique capte les mouvements et les ombres, ce qui explique que lorsque le regard se détourne du soleil, l'intensité lumineuse de ce dernier s'estompe et que la vision périphérique lui donne un aspect indécis comme lors d'un lever de soleil. Les couleurs sont juxtaposées ce qui donne au tableau un aspect de non fini.

mercredi 9 novembre 2022

Hommage à Henri Barbusse !



En ce 104ème anniversaire de l’armistice de la première guerre mondiale, il est un homme auquel il convient de rendre hommage : Henri BARBUSSE. Le « poilu », l’auteur du « Feu », le pacifiste fondateur de l’Association Républicaine des Anciens Combattants et du mouvement Amsterdam-Pleyel, le communiste saluant la formation du Front populaire le 14 juillet 1935. On l’a admiré, on l’a haï. On l’a de moins en moins connu, mais il reste une figure mythique, dans la fidélité comme dans l’occultation et le dédain. Henri BARBUSSE est entré en révolution par l’écriture. En retour son œuvre s’en est trouvée radicalement marquée. BARBUSSE  a mis six mois  à écrire « Le Feu ». En septembre 1916, il lui est proposé de publier « Le Feu » en volume et de le présenter au Goncourt. BARBUSSE accepte la proposition, et le livre, édité d’abord à mille exemplaires en décembre, obtient le prix le 15 décembre. C’est aussitôt un énorme succès de librairie. Les rééditions se succèdent ! Pourtant, il se trouva bien vite des détracteurs, en particulier pour contester la véracité du livre. On l’accuse de décrire des choses qu’il n’a pas vues. L’auteur du « Feu » a pourtant vécu intégralement, toute l’année 1915, la vie des tranchées avec sa boue, ses poux, son qui-vive perpétuel, ses corvées de jour et surtout de nuit, sa peur, son ennui, son hiver, ses souffrances sans limites. Il a connu la mort toujours présente, les cadavres, les blessés, les postes de secours, et plus tard, les hôpitaux. Il a donc l’expérience complète de la guerre. Quant au « Feu », il est bien le journal du soldat Henri BARBUSSE ; ses premières ébauches sont aisément repérables : lettres à sa femme, journal de route, carnet, voilà l’intégrité des notes prises pendant son séjour à l’armée. Elles apportent la preuve que tout ce qui est décrit dans « Le Feu » a été vu ou entendu par l’auteur en diverses circonstances de sa présence au front. Innombrables sont les faits, événements, épisodes du roman qui s’y retrouvent et qui ont donc leurs source dans l’expérience de BARBUSSE. Il s’est inspiré de situations précises et vécues. Il y a la réalité immédiate, commune à tous les combattants : la boue, les patrouilles en avant des tranchées, les cadavres et leurs attitudes, l’assaut donné par les tirailleurs algériens et sénégalais etc. Les personnages du « Feu » sont d’authentiques « poilus ». « Le Feu » est bien le journal d’une escouade. Il est d’une telle sincérité qu’il s’apparente à plus d’un titre à un véritable reportage. Le romancier semble s’éclipser et se borner à un rôle de témoin. Peu de romans, mêmes réalistes contiennent moins de faits inventés. BARBUSSE écrit : « Je me suis donné à ce genre de besogne dont la dignité est d’exclure toute effusion de l’imagination et de représenter non pas des histoires, mais des épisodes réels que j’ai pêchés tout vifs dans la grande guerre et qui correspondent à ce que j’ai vu ou ce que j’ai entendu… » Sa modestie est-elle justifiée ? N’apparaît-il pas dans son livre comme un auteur présent, poète lyrique, écrivain maître de son art ? En réalité « Le Feu » est une œuvre de création littéraire. Le premier mérite de l’écrivain est d’avoir su « voir » la guerre : la plupart des combattants, enfermés dans le calvaire immédiat, ont manqué de recul et n’ont joué qu’un rôle d’acteurs dans cette tragédie. La poésie du « Feu » transcende les événements et le moment. Voilà le « livre de poésie et de vérité », « le poème de l’humanité », qu’attendait l’auteur de « l’Enfer » grâce à la sensibilité de  l’auteur qui sympathise avec ses modèles, les soldats deviennent poètes, ils s’élèvent au-dessus d’eux-mêmes, dans leur diversité, leurs habitudes, leur passé, leur sensualité, leur humour. Avec « Le Feu », nous avons là le cadre exact du drame humain, avec ses lignes, ses odeurs, ses contrastes, ses bruits ; la dernière indication sur le froid donne à la sensation humaine une amplification spatiale concrète et infinie. On peut considérer  "Le Feu" comme une épopée : il en a les aspects grandioses, visionnaires, prophétiques. Mais il rompt avec la tradition guerrière pour en construire un nouveau type, celle de la révolte sociale et du pacifisme. Terrible réquisitoire contre la guerre, il contient une vision de l’avenir, et il conjugue sans les dissocier le réalisme et l’épique. La réussite de BARBUSSE est d’avoir construit une réalité romanesque où l’exceptionnel d’une situation extrême, favorable au souffle épique, au lieu de nous exiler dans l’aventure et le légendaire, arrive à maintenir ses personnages dans une zone de réalité quotidienne. « Le Feu » est l’épopée réaliste du peuple en guerre. Son retentissement est considérable.  Il aura été le premier roman sincère sur la guerre. Les combattants pris dans l’effroyable engrenage dans le corps à corps quotidien contre la souffrance et la mort, dans la « guerre habitude » ne savaient pas la dire. BARBUSSE recevra des centaines de lettres de soldats. Elles le remerciaient d’avoir « osé » dire la « vérité » sur les poilus. Ainsi dans l’itinéraire de BARBUSSE, « Le Feu » occupe une place centrale : point de départ d’une position personnelle définitive, il opère pour son créateur la fusion de la littérature et de la vie. Il a acquis une audience considérable, non seulement en s’imposant d’emblée et durant toutes les années qui ont suivi comme le plus grand livre de la guerre 1914-1918, mais en prenant au fil des ans une remarquable pérennité. Il n’est pas un simple document, pour les générations de l’avenir, il dure comme roman quand la réalité qui l’a fait naître a disparu. Au lendemain de la publication du « Feu » et de son retentissement éclatant, le prestige de BARBUSSE est immense. Ce succès ne fait qu’accroître sa conscience d’un devoir social à remplir. C’est ce qu’il fera. Hommage à BARBUSSE en ce 11 novembre 2021. Et je ne peux que vous convier à lire et à relire « Le Feu », cette œuvre immense.

 

« Au rendez-vous », l’éditorial de Laurent Mouloud dan l’Humanité.

  « Va à la niche ! Va à la niche ! On est chez nous ! »  Diffusées dans  Envoyé spécial , les images de cette sympathisante RN de Montarg...