jeudi 9 juin 2022

Nouvelle : « La pluie »



Il y a plusieurs sortes de pluie : fragiles, lourdes, froides ou chaudes, douces ou acérées. Rares sont celles et ceux d’entre nous, aimant la pluie. Tant qu’à faire, il y a celles qu’on préfère. Celles de la fin mai et celles de septembre. Les pluies tièdes, les pluies lourdes sous lesquelles il fait bon marcher, car elles savent vous accompagner et vous rendre le monde plus visible, plus présent. À la fin du mois de mai, avec les premières chaleurs, la pluie exaspère le parfum des fleurs et des feuilles nouvelles. Elle participe au bouillonnement de la vie, et sa chaleur réveille au sortir de l’hiver tout ce qui était endormi. Elle se manifeste par de grosses gouttes qui éclatent en menus soleils. Lourdes et chaudes, les pluies de l’automne paraissent verser sur les vignes et les bois toute la chaleur emmagasinée pendant les longs mois d’été. Une chaleur qui vient du ciel et des nuages, accumulée par les beaux jours, les courtes nuits, et qui donne à cette pluie une épaisseur touffue. Elle pèse sur la terre encore grosse de raisins, des fruits trop mûrs, des regains ; elle exaspère les odeurs de moût, de champignons, de feuilles déchues. Elle paraît chaude, ne porte pas aux frissons mais incline doucement nos pensées vers les feux de bois.

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