Le ciel, je l’aime bleu, du bleu de l’enfance, du bleu
de la paix, du bleu de l’été, du bleu qui est celui des six heures du soir, au
mois de juin et donne à l’ombre des murs une épaisseur qui réchauffe le cœur et
l’esprit. Au printemps et à l’automne, j’ai vu des ciels jaunes, d’un jaune
clair léger comme le bleu, qui rendaient l’approche de la nuit plus sereine,
faisaient espérer des lendemains meilleurs. Parfois des ciels entre le rose et
le jaune, avec de grandes vagues qui luttaient contre l’ombre de la nuit.
C’était au mois d’août le plus souvent, au terme de belles journées de soleil,
quand on devine dans l’air une fêlure, que la saison a déjà basculé vers moins
de lumière, vers l’automne à venir. J’ai vu des ciels orangés qui viraient au
rouge sang sur la ligne d’horizon ; ce sont ceux des crépuscules, des regrets,
des questions. Celles de Baudelaire, par exemple : « Où sont nos morts ? » Le
ciel des matins puise dans la montée du soleil des couleurs claires mais
chaudes : ses roses ne sont pas ceux des soirs. Ils ont quelque chose de plus
neuf, d’un espoir nouveau, fragile. Ils ne présagent en rien ce que sera le
temps à venir. Ils se contentent d’accompagner la lumière du jour, rougissant à
mesure que monte le soleil, puis s’éteignent d’un coup, quand la chaleur
s’installe, comme si leur mission était achevée. Le ciel des orages charrie des
troupeaux fous qui se bousculent dans une noirceur dont les tons varient selon
la pluie qu’elle annonce : un noir vitreux, presque gris, porte la grêle ; un
noir d’encre, la pluie têtue qui durera une partie de la nuit ; un noir
d’ardoise, l’orage bref qui s’abattra violemment sur la terre et s’éloignera
aussi vite qu’il est apparu. Regardez souvent le ciel. L’été, allongez-vous sur
la terre, face à lui, fermez les yeux, puis rouvrez-les brusquement. Alors vous
aurez l’impression de voguer parmi les galaxies et vous prendrez conscience de
la vraie dimension de la terre qui vous porte. De quoi, aussi, rêver à d’autres
lieux, d’autres plaisirs, d’autres douceurs, d’autres bonheurs.
dimanche 15 mai 2022
Nouvelle : « Le ciel »
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