mardi 19 octobre 2021

« Jupiter » et les droits du parlement.



Hier, lors de son discours aux États généraux de la justice, Emmanuel Macron s’en est pris au droit d’amendement des parlementaires, en estimant qu’une réforme constitutionnelle s’imposait sur ce sujet. Le chef de l’État a manifesté à plusieurs reprises son peu de goût pour le débat parlementaire. Il n’a jamais caché son souhait de réduire le nombre de parlementaires, d’encadrer le droit d’amendement et de réduire le temps d’examen des projets de loi de finances et de loi de financement de la sécurité sociale. Si ses prédécesseurs ont manifesté le souhait de revaloriser le rôle du Parlement, Emmanuel Macron renoue, d’une certaine manière, avec l’esprit originel de la Vème République et à réduire le pouvoir législatif à la portion congrue. Un Parlement qui… parlemente, qui vote les lois - puisque tel est son rôle -, ce n’est pas vraiment dans l’air du temps qui a engendré un président « jupitérien », ainsi qu’un parti majoritaire structuré selon les méthodes du management d’entreprise. Rien qui ne prédispose au débat, donc. Et surtout par la « verticalité » revendiquée et assumée par ce pouvoir exécutif. La gestion de la crise sanitaire avec un comité de défense qui décide seul de tout en est sans doute l’un des plus probants exemples. Christophe CASTANER avait ainsi justifié le recours répété à ces Conseils de défense, en début d’année : « le président n’a pas vocation à être contrôlé par l’Assemblée, ces réunions de travail ont l’avantage de la rapidité alors qu’il faut six à neuf mois pour faire une loi ». Emmanuel Macron lui a donné raison le 12 juillet : en annonçant la généralisation du passe sanitaire, le président de la République a relancé sur le même ton autoritaire sa réforme des retraites ainsi que sur celle de l’assurance chômage, illustrant cette nouvelle ère d’une démocratie formelle, expéditive, dans laquelle la Parlement n’a plus que le rôle d’avaliser des décisions auxquelles il n’a pas participé, achevant la présidentialisation de la Vème République. Alors que se profilent à l’horizon les scrutins présidentiel et législatif, intimement liés, comme le soulignait notre 38ème congrès, « il faut mesurer l’impact de la crise institutionnelle de la Vème République qui tient à distance le pouvoir populaire de tout contrôle et la portée d'une VIème  République qui replace le citoyen au cœur de la décision publique. Un nouveau pacte républicain qui pense et construit ses politiques publiques à la lumière des principes fondamentaux de liberté, d’égalité et de fraternité est plus que jamais indispensable ». Portons le débat sur les propositions d’une nouvelle constitution. Faisons en sorte que les élections législatives ne se transforment pas, une fois de plus, le troisième tour des présidentielles. Il convient pour cela, que cela devienne l’affaire des citoyen.nes. C’est un « défi démocratique ».

 

 

 

 

 

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