François Bayrou
a promis du sang et des
larmes au peuple français. De l’année
blanche sur les prestations sociales au gel des salaires des agents de la
fonction publique, en passant par le non-remplacement d’un fonctionnaire sur
trois partant à la retraite ou encore une nouvelle ponction sur des
collectivités territoriales déjà exsangues, le premier ministre a livré une
copie d’une rare violence. À cela s’ajoutent des reculs sociaux comme la suppression de deux jours
fériés, une nouvelle hausse des franchises
médicales ou des restrictions sur la prise en charge des affections de longue
durée. Ces mesures frappent durement celles et ceux qui peinent déjà à
vivre du fruit de leur travail ou de leur modeste pension de retraite.
Tapant fort sur
le peuple, qui paie déjà les cadeaux fiscaux accordés aux plus riches, Bayrou
se montre bien plus faible face aux puissants, bénéficiaires depuis huit ans
d’une politique de l’offre. Aucun coup de rabot sur les 211 milliards
d’euros d’aides publiques perçues par les grandes entreprises, mais une proposition de débat pour envisager de
nouvelles baisses d’impôt ; rien non plus sur une taxation des
ultra-riches, après l’enterrement de la taxe Zucman au Sénat, mais une vague
promesse de discussion pour un mécanisme de « justice sociale et
fiscale ». Toutes les mesures contre le peuple sont déjà chiffrées,
calibrées et non discutables ; toutes celles qui touchent le capital sont
encore en projet et à inventer.
À la tête d’un
gouvernement illégitime, le premier ministre sait que ce projet de budget est
voué à l’échec.
Alors que la
politique de l’offre a privé l’État de 308 milliards d’euros de recettes
et que 75 % des revenus de l’État proviennent des ménages, dont la TVA
constitue le premier poste, Bayrou a l’audace de dépeindre un pays prétendument
accro à la dépense publique. Quel cynisme ! À la tête d’un gouvernement
illégitime, sans base populaire ni majorité à l’Assemblée nationale, le premier
ministre sait que ce projet de budget est voué à l’échec et risque la censure.
Et cela est nécessaire !
En réalité, ce « moment
de vérité » n’a qu’un objectif : mener une bataille idéologique
pour préparer le terrain à une coalition des droites radicalisées pour
l’après-Macron. Édouard Philippe et surtout Bruno Retailleau, qui soutiennent
le Premier ministre comme la corde soutient le pendu, laissent entendre qu’il
faudrait aller encore plus loin. Si Bayrou chute, comme ils l’espèrent, ils
proposeront eux d’accélérer pendant la campagne présidentielle :
supprimer les 35 heures, introduire une dose de capitalisation dans le
système de retraite, repousser l’âge de départ à 65, voire à 67 ans, ou
encore privatiser le financement du chômage et des arrêts maladie, au détriment
des cotisations sociales.
Le discours
introductif de Bayrou, alarmiste sur le poids de la dette, comparant la France
à la Grèce de 2010 et insistant sur la nécessité d’augmenter le budget
militaire face à l’instabilité géopolitique, vise à ouvrir la fenêtre
d’Overton. Il prépare les esprits au pire, en vue de la prochaine
présidentielle, que la droite voudrait voir se jouer sur des enjeux
identitaires, sur l’immigration et un débat budgétaire favorisant le capital au
détriment des forces du travail et de l’environnement.
Ce discours
trouve un écho, puisqu’une courte majorité de Françaises et de Français admet
qu’il faudrait « faire des efforts », tout en reconnaissant
l’injustice de ce plan. Face à cela, les syndicats se
mobilisent pour une contre-offensive lors d’une rentrée rouge de la colère sociale. La gauche, dans son
ensemble, doit répondre par l’unité, en proposant un contre-budget socialement
juste, écologiquement responsable et fiscalement équitable.
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